La Bastide du Laval veut installer l'huile d'olive française à l'étranger

L'huile d'olive a beau être un élément essentiel dans la cuisine provençale, sa production nationale ne pèse pas lourd à l'échelle mondiale. Dans le Lubéron, Roland Coupat défend depuis plus de 20 ans un produit de qualité et s'attaque maintenant aux marchés étrangers. Le Japon en tête.
(Crédits : La Bastide du Laval)

En feuilletant la presse, Roland Coupat s'étonne de la recette d'un grand chef qui utilise de l'huile d'olive... grecque. Lui-même producteur en tant que gérant de la Bastide du Laval il lance sur les réseaux sociaux un appel pour demander une préférence française. Car l'Hexagone est un petit Poucet sur ce marché avec seulement 0,4% de la production mondiale. "Mais nous en faisons d'une très bonne qualité", nuance Roland Coupat qui a posé ses valises avec sa femme Carine et leurs deux enfants dans ce domaine du Vaucluse en 1998.

Un virage à 180 degrés pour ce couple qui vient alors de passer plus de 10 ans aux Etats-Unis à la tête de sociétés dans le tourisme sportif. "Nous ne voulions pas que nos fils grandissent à Los Angeles, nous venons du milieu rural et nous souhaitions leur offrir cela", explique Roland Coupat. Après la vente de leurs sociétés américaines, le couple accompagne les nouveaux propriétaires quelques mois. Le temps de réfléchir où ils vont rebondir. Au revoir le tourisme, cap sur l'huile d'olive ? "En tant que Lyonnais nous avons toujours été sensibles à la qualité de la nourriture et nous voulions venir dans un endroit ensoleillé", sourit Roland Coupat.

La construction d'un moulin

Ce sera donc à la Bastide de Laval qui est alors un domaine viticole. "Nous continuons de faire du vin, mais à la marge", souligne Roland Coupat. L'aventure commence donc en 1998 en plantant 4 000 arbres sur 15 hectares. Puis il a fallu qu'ils grandissent... Pour combler cette attente, le couple d'entrepreneurs fonde... Auto Escape une entreprise de courtage de voiture qu'il cède quelques années plus tard. Quand les oliviers sont aptes.

L'objectif est alors de proposer une huile d'olive de luxe. "Nous voulions réaliser quelque chose de gratifiant pour nous et être reconnus par les grands chefs notamment", raconte Roland Coupat qui veut alors concurrencer ce qui se fait en Toscane. Son huile d'olive préférée. Pour y parvenir, la Bastide de Laval construit son propre moulin. "Cela change le goût et nous permet de produire plusieurs huiles car chaque lot et chaque variété doivent être traités différemment", détaille-t-il.

Utilisée par le cuisinier de l'Elysée

L'approvisionnement en olives se fait auprès de différents domaines dans la région. "Nos 4000 arbres ne produisent pas assez pour que nous soyons à saturation, donc nous réalisons de la prestation de service", explique l'entrepreneur. Une production bio, certifiée depuis 2013 même si Roland Coupat explique qu'il s'agit d'une démarche liée au projet en lui-même mais que la certification n'avait pas vraiment d'intérêt auparavant.

Les reconnaissances tombent, notamment lors de concours en Italie face à des huiles... toscanes mais aussi auprès de professionnels. Guillaume Gomez, le chef cuisinier de l'Elysée, fait partie des utilisateurs ainsi que plusieurs chefs étoilés. "Forcément cela fait plaisir", commence Roland Coupat.

Première année au Japon

Aujourd'hui, la Bastide sort neuf huiles différentes soit 60 000 litres par an, dont presque la moitié grâce à ses propres olives. L'activité concerne aux deux tiers la vente aux particuliers, notamment les touristes. Le domaine accueille chaque année 20 000 visiteurs. Le dernier tiers est lui repose sur les ventes aux restaurants, épiceries ou intermédiaires qui travaillent avec ces professionnels.

Pour continuer de se développer la Bastide du Laval et ses sept salariés visent désormais les ventes à l'étranger. Une mission qui revient à Léo Coupat, qui prend la succession de son père comme gérant, qui a effectué son parcours d'étudiants dans plusieurs pays. "Nous venons de nous lancer au Japon qui est un gros pays importateur", explique-t-il. Les autres marchés visés sont ceux des Etats-Unis et de la Chine.

Augmenter le nombre de visiteur

En France, Léo Coupat mise sur la diversification avec des produits annexes comme de la pâte à tartiner avec de l'huile d'olive. L'événementiel va aussi être développé. "Il s'agit de séminaire ou de team building autour du thème de l'huile d'olive", précise-t-il. Le but étant d'être mois dépendant d'une seule activité. "La crise que nous venons de traverser nous l'a rappelé". Malgré le confinement, le chiffre d'affaires devrait rester stable, établi à un million d'euros. Il faut dire que la Bastide du Laval a pu profiter d'un élan de solidarité durant la covid-19 puisque les ventes sur internet ont bondi de 700%.

La vente sur place reste la priorité du domaine puisqu'il s'agit de l'activité qui permet de réaliser des marges plus importantes. L'ambition est donc de faire grimper le nombre de visiteurs. "Nous connaissons des structures de notre taille qui reçoivent 600 000 personnes", glisse Roland Coupat. Une manière aussi de continuer dans le tourisme.

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