Molly Bracken, la marque qui a défié Chanel, conforte son développement

Basée à Six-Fours, dans le Var, la marque créée par Julian et Catherine Sidonio, propose depuis sa création une mode abordable mais aux imprimés sophistiqués. Très présente à l'international, dont aux Etats-Unis, l'entreprise n'a pas hésité à se défendre contre Chanel, remportant fin avril le bras de fer avec la multinationale sur fond de nom de marque Gabrielle. Un signal fort pour les PME du secteur.
(Crédits : DR)

Tout est parti d'une photo couleur sépia datant des années 20. Celle de l'aïeule de Julian Sidonio, devenue la source d'inspiration de son épouse Catherine Sidonio. Ainsi naît Molly Bracken en 2008. Une marque rétro chic et bohème, colorée.

Rapidement la marque installée à Six-Fours dans le Var prend ses marques. Crée d'autres collections. Mini Molly, dédiée aux petites filles, voit le jour en 2011. En 2016, première capsule et pas des moindres puisqu'elle porte le nom et est designée par Lili, la cadette de la famille Sidonio. L'année suivante, en 2017 une seconde collection capsule vient compléter l'offre. Baptisée Premium elle propose des pièces composées de matières plus nobles. C'est aussi en 2017 que naît Gabrielle, qui vient placer Molly Bracken sur le marché grande taille.

Réinventer en tenant compte des usages

C'est donc ainsi que se structure Molly Bracken, présente sur plusieurs marchés mais toujours en proposant un "produit qui reste abordable, aux imprimés sophistiqués", résume Julian Sidonio.

Le style Molly Bracken, c'est bien Catherine Sidonio qui le développe, le nourrit de ses inspirations. Un style qui était déjà le sien, adolescente, et que la marque lui permet d'exprimer dans ses divers aspects. "L'esprit de la marque c'est l'esprit vintage que j'adore. Nous nous réapproprions le vintage. C'est une nostalgie qu'il faut réinventer. Il faut tenir compte des usages modernes. Le moteur pour moi, c'est une cliente qui peut apprécier le style, se l'approprier".

Si le confinement a empêché la présence à divers salons, notamment pour le choix des tissus, Catherien Sidonio avoue s'être organisée en conséquence. "Nous avions déjà travaillé sur la collection. J'avais notamment déjà effectué des recherches sur le vintage, sur les couleurs". Certaines bases matières de l'an dernier ont également été réutilisées.

Consolider l'existant

Déjà bien structurée, la gamme complète de Molly Bracken pourrait-elle voir la naissance d'une nouvelle capsule ? Pas dans l'immédiat selon Catherine Sidonio qui avoue que l'année va être consacrée à consolider l'existant. "Je ne veux pas sortir des marques de mon chapeau. En été 2022, nous pourrons peut-être aller sur des choses différentes".

L'un des sujets de la crise économique est celui de la relocalisation de la production en France. Un sujet qui intéresse aussi du côté de la marque française qui souhaiterait rapprocher une partie de la production effectuée en Asie, en Turquie, au Maroc ou au Portugal.

Surtout que la notion de qualité taraude Catherine Sidonio. En témoigne notamment ce partenariat noué avec Armor-Lux en 2016 qui s'est concrétisé par une collection capsule constituée de produits - pulls, robes, blousons... inspirés de l'univers marin -tricotés dans l'Hexagone. "C'est très enrichissant de travailler ainsi".

Une marque respectueuse

Choix très engagé - qui ne se répand qu'assez doucement dans le monde de la mode - Molly Bracken a décidé de bannir tous poils d'animaux, il y a 5 ans et a recours, lorsque c'est nécessaire, à la fausse fourrure. C'est également le cas pour les plumes et le cuir, le cuir utilisé étant un cuir vegan. Idem pour la soie et le cashmere. Ce qui permet à Molly Bracken de recevoir un certificat de bonne conduite de la part de l'association de protection des animaux PETA. "Il est question de sauver la planète mais aussi de protection animale. Nous voulons totalement nous assurer que nous sommes vegan. Des contrôles stricts sont menés à la réception des matières. Si nous avons le moindre doute, nous faisons des tests et stoppons la production", explique Catherine Sidonio qui avoue avoir été inspirée par la précurseur en la matière, Stella McCartney.

L'export, encore ?

Distribuée en boutiques, via des corners et le site marchand - ainsi que les sites web de clients - Molly Bracken revendique 7 000 clients à travers le monde. Déjà présente en Europe, en Angleterre, au Canada, la marque l'est depuis 2015 aux Etats-Unis, elle l'est également en Amérique du Sud, en Equateur, au Costa-Rica, au Chili ou encore Porto-Rico. Une tentative a été menée en Russie mais le processus est "long et laborieux", regrette Julian Sidonio. "Il existe d'autres pays plus rapides à développer". Un déploiement à l'export qui doit cependant être bien pensé. "Nous devons être sûrs du ROI".

David contre le Goliath de la mode

Forte sur son marché, Molly Bracken n'a pas hésité à se défendre, David contre le Goliath de la mode, la marque au camélia, Chanel. L'objet de l'ire est le nom donné à la capsule Gabrielle. Qui se rapprochait d'un peu trop près du Chanel's Gabrielle, nom donné aux sacs à mains et autres produits. Un contentieux et deux ans et demi plus tard, le Tribunal d'Appel de l'Office britannique de la propriété intellectuelle a rejeté l'appel formé par Chanel, donnant raison à la marque française. Une victoire qui est tout sauf anodine pour Molly Bracken et les PME du secteur textile. Et qui fait du bien au moral de celle qui fête ses 12 années d'existence. "Il y a encore tellement à faire..."

Molly Bracken - qui ne communique pas sur son chiffre d'affaires - emploie 250 salariés.

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Commentaire 1
à écrit le 10/06/2020 à 11:45
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Style négligée mais quand même maquillée, vu le CA du secteur c'est obligé, une énième contradiction exposant que mesdames, la société marchande ne souhaite pas la libération de la femme ce qui tombe bien pour nombreuses d'ailleurs aussi.

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