A la croisée de deux grandes tendances de fond, la mobilité douce et le réemploi, Teebike coche toutes les cases pour rouler vers le succès. Plutôt à vitesse grand V, au regard des ventes réalisés ces trois dernières semaines qui ont épuisé un stock prévu pour tenir trois mois. "Nous avons réamorcé le système de précommandes et espérons recommencer à livrer dès la mi-juin", avance Laurent Durrieu, son dirigeant. Il faut dire que les mesures mises en place pour accompagner le déconfinement - des kilomètres de pistes cyclables installées plus ou moins temporairement dans les grandes villes françaises au plan gouvernemental de 20 M€ visant à encourager la pratique du vélo comme alternative aux transports en commun - dessinent une voie royale pour la jeune pousse niçoise et sa roue connectée éponyme.

Celle-ci transforme n'importe quel vélo traditionnel, ancien ou neuf, classique ou haut de gamme, en vélo à assistance électrique (VAE) piloté directement depuis son smartphone. Ce dernier faisant office de tableau de bord, installé via un support dédié sur le guidon. Teebike encourage ainsi une pratique quotidienne du deux-roues, notamment dans le cadre des trajets domicile-travail dont la distance moyenne en France est inférieure à 5 kilomètres. "Il y a en France 40 millions de vélos traditionnels peu utilisés en dehors de l'activité sportive ou de loisirs, explique le dirigeant. Notre ambition est d'encourager la pratique du vélotaf en donnant une seconde vie à ces engins que l'on modernise en changeant tout simplement la roue avant".

Les enseignes Fnac et Darty séduites

Ce concept écologique et économique a été lancé à l'automne dernier sur Internet, puis à partir de janvier dans un réseau d'une trentaine de magasins-ateliers indépendants, placés en centre-ville et spécialisés dans la restauration de vélos mécaniques. L'idée étant de permettre aux internautes de tester la roue connectée et de disposer de points de service après-vente. Surtout, dès cet été, Teebike va intégrer les espaces "Nouvelles Mobilités" des enseignes Fnac et Darty qui se positionnent sur ce segment de marché stratégique en misant sur des marques fortes et, pour certaines, exclusives.

"On y trouvera des trottinettes électriques, des hoverboards mais aussi Angell, le VAE du créateur de Meetic Marc Simoncini, ou encore la Citroën AMI, la nouvelle micro-citadine 100% électrique à deux places du constructeur automobile français", détaille le dirigeant. Lequel entend ainsi bénéficier "d'une visibilité et d'un trafic très importants". Et enclencher une dynamique aujourd'hui française, demain européenne.

Car si priorité est aujourd'hui donnée au marché hexagonal, la jeune pousse entend couvrir assez rapidement l'Europe. "Nous avons déjà lancé la Belgique, avec des premiers résultats encourageants, puis suivront l'Allemagne, les pays nordiques (Hollande, Danemark, Suède) et britanniques". Autre axe de développement envisagé, le reconditionnement des vélos usagés, estimés à 1 million en France, envoyés à la casse sans autre forme de procès alors que beaucoup sont en parfait état de fonctionnement. Teebike envisage donc de les récupérer pour les remettre en état et les proposer dans une offre type "1€ de plus" afin constituer un réseau de vélos électriques reconditionnés d'occasion. "L'idée est de s'inspirer de ce qui a été fait dans la téléphonie en développant une filière de reconditionnement et de remise à neuf", reprend Laurent Durrieu.

Rapatrier la production en 2021

En attendant, celle qui a déjà séduit Via ID, l'accélérateur et fonds d'investissement de Mobivia (Norauto, Midas, ATU), cherche à lever entre 500 000 et 700 000 euros d'ici à la fin de l'été pour doper et accompagner sa croissance. Les deux-tiers devraient être consacrés à un plan de communication global pour faire connaître le concept auprès des particuliers, cible première de la start-up. L'autre partie de la somme devrait servir à structurer l'entreprise et étoffer l'effectif aujourd'hui composé de 7 personnes de profils de commerciaux et de chargés de relation-clientèle, notamment BtoB. "Nous sommes déjà sollicités par des entreprises qui dans le cadre de leur politique RSE souhaitent proposer à leurs salariés d'électrifier leur vélo pour venir au travail. C'est un axe de développement commercial important qui nécessitera des recrutements dédiés, j'espère effectif à la fin de l'année 2020 pour développer ce marché dès 2021", annonce-t-il.

Enfin, il s'agira d'organiser le transfert de la production, à ce jour en Chine, vers la France. "Le point clé d'un assemblage made in France réside dans le volume". En l'occurrence, un palier défini autour des 3 000 ventes par an qui permettrait de rapatrier la fabrication tout en maintenant le prix de vente à 750€, "élément de compétitivité et d'accessibilité essentiel par rapport au VAE", insiste le dirigeant. Lequel se donne donc comme horizon l'été 2021, "si on tient notre plan de marche". Soit, 2 000 ventes cette année, pour un chiffre d'affaires prévisionnel de 1,2 M€, 5 000 ventes l'an prochain, pour un chiffre d'affaires de 5 M€. D'où l'intérêt de s'appuyer sur des partenaires brassant du flux comme la Fnac et Darty...