Ingétec : “La filière du bâtiment se doit d’être solidaire”

A la fois bureau d’études techniques tous corps d’état et maître d’œuvre d’exécution, la société anonyme basée à Monaco ne marche plus que sur un pied, confinement oblige. Une situation claudicante qui ne devrait pas entamer la pérennité de la filiale du groupe familial P.CE Tech/Cinfora qui prône la nécessaire solidarité de l’ensemble de la filière du bâtiment pour permettre une reprise rapide.
(Crédits : DR)

A Monaco comme ailleurs, on fait le dos rond. Les chantiers sont à l'arrêt et l'espoir de voir la machine BTP se remettre en route rapidement s'amenuise de jour en jour. "La semaine passée, nous pensions encore pouvoir relancer deux chantiers, mais les difficultés s'amoncellent", explique Aurélien Cannet, dirigeant d'Ingétec, bureau d'études techniques (BET) tous corps d'état. Aux mesures sanitaires et gestes barrières complexes à mettre en place - et à respecter - sur un chantier où la plupart des compagnons travaillent en binôme, s'ajoutent désormais les difficultés d'approvisionnement. "Pour ces deux raisons, les entreprises avec lesquelles nous travaillons ont peu à peu cessé leur activité depuis l'annonce du confinement". La vingtaine d'opérations dans lesquelles le BET monégasque était engagé en tant que maître d'œuvre d'exécution se trouvent aujourd'hui en stand-by. Sans perspectives à court terme. Bref, le secteur se grippe.

Toutefois, pour Ingétec, l'activité n'est pas totalement réduite à néant. "Toute la partie conception, organisée en télétravail, est pleinement opérationnelle", indique le dirigeant. Seuls trois des quinze collaborateurs que compte la SAM sont au chômage partiel. De quoi "garder confiance" en la pérennité de l'entreprise même si, face à cette période inédite, "on réfléchit, forcément".

Paris, Nice, Monaco

Acquise en 2013, Ingétec constitue la composante monégasque d'un "groupe" de trois PME pilotées par la famille Cannet. La première, P.CE Tech, a vu le jour en Ile-de-France en 1994. Spécialiste en études et chiffrage des lots techniques pour les grands comptes, elle développe rapidement la maîtrise d'œuvre sur ses terres originelles avant d'investir la province, notamment la région Sud. D'où la reprise en 2001 de Cinfora, basé à Nice, qui intervient sur l'ensemble des périmètres azuréen et provençal. Bureau d'études positionné à l'origine dans les courants faibles et les réseaux de communication, lui aussi évolue dans le domaine de l'ingénierie du bâtiment et se généralise dans tous les lots techniques.

Ingétec vient donc renforcer le maillage du groupe en mettant un pied sur le Rocher où le BET a également ouvert une filiale spécialisée en acoustique. "Chacune de nos agences est construite sur le même modèle avec une cellule conception comprenant différents départements (thermique, environnemental, acoustique, lots techniques et économie de la construction) et une cellule maîtrise d'œuvre d'exécution. Seule la partie structure est sous-traitée", détaille Aurélien Cannet. Lequel dispose toutefois des ressources et compétences pour "répondre à des opérations de manière globale", lui permettant "de se différencier par rapport aux autres BET de même taille". L'ensemble réunit une trentaine de personnes pour un chiffre d'affaires supérieur à 6 M€.

Chantier pharaonique

A son actif, beaucoup de logements collectifs, notamment en Ile-de-France et en région Sud, pas mal de tertiaire aussi et quelques projets emblématiques, voire pharaoniques, Monaco oblige. Ainsi en est-il du Testimonio II, un IGH (Immeuble de grande hauteur NDLR) remporté par le Groupe Marzocco, en co-promotion avec Vinci Immobilier, où près de 200 logements domaniaux côtoieront un ensemble de villas de luxe, une crèche de 50 berceaux, 1 100 places de parking et l'Ecole internationale de Monaco. Ingétec y intervient notamment en tant que bureau d'études techniques, hydrogéologie et environnemental. "Ce projet se déploie sur une zone comprenant deux sources d'eau potable alimentant 30 à 40% de la Principauté. Une de nos missions a été de faire en sorte de dévoyer ces sources pour que le chantier soit au sec tout en restituant le même débit d'eau au territoire", détaille-t-il.

Autre projet notable, conduit par Cinfora cette fois, la restructuration de l'ancienne Poste Colbert de Marseille en plateau de bureaux. Un bâtiment historique de 12 500 m², joyau de l'Art Nouveau, à la façade classée évidemment. En charge de la maîtrise d'œuvre de différents lots techniques dont le CVC, l'entreprise a "dû se plier au bâti et faire revivre l'existant, en l'occurrence les cheminées d'époque, en les utilisant comme amenées d'air de la production de chaud et de froid, placée en sous-sol". En 2019, Cinfora a réalisé un chiffre d'affaires de 1,9 M€. Ingétec, lui, de 2,8 M€.

"Y mettre du sien"

"Nous sommes confiants mais le secteur du bâtiment va forcément se trouver impacter par cette crise du Covid-19, relève le dirigeant. Notre principal client, le promoteur immobilier, celui qui est en haut de la chaîne alimentaire si on peut le dire ainsi, n'est plus en capacité de déposer les permis de construire, d'autant plus avec le report des élections municipales. Les développeurs sont pour la plupart au chômage partiel car c'est quand même compliqué d'aller chasser les terrains de chez soi. Ces quelques mois de retard, 2 à 3 mois dans le meilleur des cas, vont forcément impacter les bureaux d'études, à la rentrée au plus tard. Même en conception, les opérations vont mettre plus de temps à se faire. Tout cela va peser sur cette année 2020. Si l'on veut une reprise rapide l'année prochaine, faut que tous les maillons de cette chaîne y mettent du sien, car nous sommes tous dépendants des uns des autres. En somme, nous devons être solidaires".

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