Comment le Coq noir vire au vert... pour répondre aux nouvelles tendances alimentaires

Fondée en 1979, l'entreprise familiale installée à l’Isle-sur-la-Sorgue confectionne des conserves de recettes malgaches et réunionnaises pour la plupart. Ces dernières années, elle a décidé de convertir presque tous ses produits en bio, profitant de la forte croissance de ce marché.
(Crédits : DR)

Des recettes familiales venues de Madagascar et la Réunion, sans colorant ni conservateur. C'est déjà ainsi que se positionne l'entreprise lorsqu'elle est créée en 1979. Un marché de niche sur lequel elle propose au départ deux produits : l'achard de légumes et la pâte de curry. "A l'époque on n'en trouvait pas en métropole. C'était peu connu", se rappelle Joël Kautzmann, PDG de l'entreprise depuis 2009, quand il la reprend avec son épouse Alix, fille des fondateurs.

A l'époque, la société ne compte que cinq salariés et affiche un chiffre d'affaire d'un peu moins d'un million d'euros. Les nouveaux dirigeants s'attellent à moderniser l'entreprise, en la structurant et en l'informatisant. "Il n'y avait qu'un PC et un minitel". A ce moment-là, la PME propose deux marques : le Coq noir, présent dans la grande distribution, et le Voyage de Mamabé, une marque bio que l'on retrouve dans les magasins et épiceries spécialisées. Les entrepreneurs choisissent de renforcer leur présence auprès de la restauration hors foyer et de l'industrie agroalimentaire, notamment en proposant à des entreprises spécialistes du surgelé d'intégrer leurs produits à leurs préparations.

En parallèle, ils veulent gagner en productivité, d'où l'agrandissement et l'amélioration de l'outil de production en 2015. "L'usine a été modernisée avec davantage d'automatisation". Elle s'étend aujourd'hui sur 2800 m².

Une conversion presque totale au bio et du local autant que possible

Plus forte sur ses pattes, l'entreprise choisit en 2018 de convertir en bio tous les produits de la marque Le Coq noir. "Depuis le début, on était sans colorant ni conservateur. On utilisait déjà des ingrédients bio sans forcément le signaler". Si la démarche de labellisation n'avait pas encore été faite, c'est parce que jusque là, la grande distribution "n'était pas prête à payer un supplément de prix". Puis le vent a fini par tourner. Désormais, sous la pression des consommateurs, "elles le demandent fortement". Aujourd'hui, environ 95 % des produits confectionnés par l'entreprise sont bio. "Les 5 % restant concernent des industriels ou des produits à façon".

En plus du bio, l'entreprise veut s'inscrire dans la tendance à la relocalisation de l'alimentation, même si ses recettes exigent d'importer certains ingrédients. "On travaille de plus en plus en local. On essaie de monter des filières. Par exemple, on se fournit en piment français auprès d'agriculteurs de la région. Nos purées de tomates sont faites à partir de tomates cultivées et transformées en France".

Une politique d'innovation constante

Bio, local, des tendances de fond qui, selon Joël Kautzmann, ont contribué à porter la croissance de l'entreprise. L'an dernier, celle-ci affichait un chiffre d'affaire de 3,1 millions d'euros et a pu recruter six nouveaux salariés, portant à 23 ses effectifs. Un développement que le PDG explique aussi par une politique d'innovation constante. "Deux personnes travaillent à plein temps sur la recherche et le développement". Une force créatrice qui n'a de cesse d'étoffer la gamme, portant à 300 le nombre de références gérées au quotidien. Et il ne s'agit pas seulement de recettes venues de l'Océan indien. "On sait aussi faire des tapenades ou des caviars d'aubergine".

S'ajoute à cela l'internalisation de la force de vente avec le recrutement de cinq commerciaux. Dans les mois et années à venir, ceux-ci auront pour mission de renforcer la présence de la marque sur les étals de la grande distribution et des magasins bio, Biocoop étant pour l'heure le principal client de l'entreprise. "Nous voulons aussi développer les produits à façon pour de grandes marques d'épicerie fine". Et au niveau géographique, les efforts restent concentrés sur la France, et en particulier sur la capitale.

S'adressant essentiellement à des "personnes qui ont l'habitude de voyager et qui sont ouverts à ce type de cuisine", l'entreprise a encore une grande latitude pour croître sur un marché qui demeure une niche. Néanmoins, Joël Kautzmann constate que "voyant ce marché se développer, de plus en plus de gros acteurs commencent à venir". Face à cela, la PME a un argument : sa "capacité à confectionner des produits de façon naturelle". Et ce grâce à un savoir-faire vieux de quarante ans. "Nous travaillons sur de petites séries. Il y a beaucoup de travail manuel, une attention particulière portée aux produits". Des secrets de fabrication qu'elle garde jalousement et qui la rendent fière comme un coq.

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