« Le renouveau industriel français est une cause nationale » Christian Estrosi, maire de Nice

ENTRETIEN. Pour l’ex-ministre de l’Industrie, seuls la volonté politique et un plan d’investissement ambitieux peuvent assurer l’essor du « made in France ».
Président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Christian Estrosi porte une attention particulière à la zone industrielle de Carros.
Président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Christian Estrosi porte une attention particulière à la zone industrielle de Carros. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - En 2015, le dispositif Alliance industrie du futur était créé. Depuis sont nées différentes initiatives, dont la French Fab qui reprend l'idée d'un coq français conquérant. Quel regard l'ancien ministre de l'Industrie que vous êtes porte-t-il sur tout cela ?

CHRISTIAN ESTROSI - J'ai été ministre de l'Industrie sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Je me suis aperçu très tôt que, si l'industrie française jouissait d'une image internationale forte, elle semblait ne pas trouver de nouveau souffle. J'ai rencontré aussi beaucoup de nouveaux acteurs et créateurs d'entreprises, pleins d'imagination, travaillant sur des filières alors émergentes comme le numérique, l'innovation et les éco-industries. Ils n'attendaient qu'une seule chose : que leur pays les porte à la conquête de nouveaux marchés prometteurs. J'ai alors lancé, structuré et défendu le patriotisme industriel. Le made in France est un beau slogan mais il devait être plus que cela : nous en avons fait le fil rouge de la mutation de l'industrie de notre pays, plus que jamais nécessaire pour réaffirmer la place de la France dans la compétition économique européenne et internationale. Le renouveau industriel français est une cause nationale. L'ancien ministre de l'Industrie que je suis est heureux d'avoir été précurseur en la matière. Et le maire de Nice est fier de faire bénéficier les Niçois de cette dynamique et de ces créations d'emplois.

Il y a un an, le dispositif Territoires d'industrie était lancé par l'État avec l'objectif de mettre en lien les acteurs locaux et de faire émerger des projets à la maille intercommunale. Carros, qui est dans le périmètre de la métropole Nice Côte d'Azur que vous présidez, a d'ailleurs été le premier Territoire d'industrie à signer le protocole d'accord. Que vous inspire ce dispositif ? Quels résultats peut-on en attendre ?

Je porte une attention particulière au devenir de la zone industrielle de Carros-Le Broc. Ce programme Territoires d'industrie, sur lequel nous sommes en train de travailler avec la Région, va nous permettre de financer un certain nombre de mesures concrètes, notamment la création d'un pôle entrepreneurial qui serait un pôle artisanal et de services aux entreprises, la transition vers l'industrie 4.0 et l'aide à l'export pour les TPE-PME industrielles, permettant à cette zone industrielle d'accélérer son adaptation aux nouveaux enjeux et de gagner en attractivité.

Dans les Alpes-Maritimes, l'industrie représente un chiffre d'affaires supérieur à celui qui est généré par le tourisme. Comment imaginez-vous l'industrie azuréenne à l'horizon 2025 ?

L'économie touristique est majeure. Mais un élu responsable et visionnaire se doit de tout faire pour diversifier l'économie de son territoire. Notre pari porte ses fruits : depuis 2011, le nombre d'entreprises sur le territoire a augmenté de 26 %, avec une croissance forte sur les entreprises axées sur l'innovation. Notre territoire est aussi classé 13e smart city mondiale par le cabinet spécialisé Juniper Research. Nous allons résolument poursuivre en ce sens. D'ici à 2025, nous aurons créé 30. 000 emplois et 30.000 logements dans l'Éco-Vallée. Les secteurs tournés vers l'innovation, la santé connectée et les éco-industries auront pris une place encore plus importante dans l'industrie locale. Notre agence d'attractivité et notre marque Nice Côte d'Azur : Open New Horizons auront permis de consolider notre rayonnement et d'implanter de nouvelles entreprises.

De nombreux industriels en déplorent l'absence : faut-il un ministre de l'Industrie ?

Sortir notre industrie de l'ornière passera par un soutien politique pleinement engagé et visionnaire. Si les capitaines d'industrie français estiment ne pas être assez défendus et écoutés, il faut que le gouvernement l'entende. La priorité, selon moi, c'est que la volonté politique soit au rendez-vous et qu'un plan d'investissement et de soutien ambitieux soit porté pour accélérer la reconquête industrielle française. Nous devons tout faire, notamment en nous appuyant sur la formation aux nouveaux métiers et aux nouvelles compétences, en termes d'innovation, pour aider nos fleurons industriels français à se hisser au plus haut niveau dans la compétition européenne et internationale.

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Commentaires 2
à écrit le 15/11/2019 à 17:01
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les plans d'investissements ambitieux de l'etat stratege, on sait ce que ca veut dire! segolene royal qui explique qu'un n'investissement n'a pas a etre rentable, et que donc elle peut investir dans heuliez ' futur leader mondial de la voiture elect...

à écrit le 14/11/2019 à 17:50
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C'est d'abord et avant tout une cause environnementale si on évite cette fois ci ces zones industrielles et que l'on relocalise la production de façon générale, non seulement les objets pollueront beaucoup moins du fait de leurs faibles déplacements ...

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