Les filets de pêche abandonnés, des déchets valorisés à Marseille

Après plusieurs années dans le monde associatif pour s'occuper des filets de pêche abandonnées en mer, Sabine Meneut lance son entreprise pour récupérer et valoriser ces déchets souvent oubliés. Un chantier immense qui débute dans les ports de l'Estaque, à Marseille et à Port-de-Bouc où la start-up est hébergée.
(Crédits : Flickr/Jeanne Menjoulet)

Lors de leurs sorties au fond de l'eau, les plongeurs profitent de la faune et la flore marine mais tombent aussi sur des trouvailles moins réjouissantes. Car au milieu des coraux et des poissons, la pollution est bien visible. Une expérience qu'a connue Sabine Meneut. C'est arrivant à Marseille en 2015 et en débutant la plongée qu'elle découvre la problématique des filets de pêche en mer qui ne sont pas gérés. "Ils ne sont pas recyclé"s, expose-t-elle. "C'est un sujet méconnu".

Un déclic pour Sabine Meneut, qui s'intéressait déjà depuis longtemps à la protection de la nature. "J'ai vécu en Guyane française où l'environnement et la pollution sont très présents. Je me suis rendu compte de l'importance des déchets marins lors d'une traversé de l'Atlantique avec ma mère, ensuite j'ai décidé de faire un BTS en gestion et protection de la nature", raconte Sabine Meneut.

Son engagement sera donc sur les filets de pêche. Cela se traduit avec la création d'une association : Palana Environnement. Le but est de récupérer les déchets marins et de trouver des solutions de valorisation et de recyclage. Des actions qu'elle souhaite désormais poursuivre avec une entreprise. "Cela permet d'aller plus loin dans les démarches et d'accéder à des personnes qui ne prennent pas au sérieux les associations. Et puis cela s'inscrit aussi dans mes valeurs d'économie solidaire avec l'envie de créer des emplois", explique Sabine Meneut. Le moment est aussi le bon. "Il y a trois ans, cela n'aurait pas été possible car ces sujets n'étaient pas pris en compte".

Réaliser un inventaire

A la différence de Palana Envrionnement, qui continue d'exister, l'entreprise que va fonder Sabine Meneut, avec Julien Richard et Kevin Pinçon, se positionne sur une logique de sensibilisation en amont. "Nous voulons accompagner les pêcheurs et les gestionnaires de port dans la gestion de ces déchets", explique-t-elle. La première étape est donc de discuter avec les acteurs du terrain pour limiter les pertes, à l'image de filets de pêche qui terminent au fond de l'eau à cause d'une météo capricieuse alors qu'ils auraient pu être enlevés la veille.

L'autre enjeu est de connaître les stocks et de quoi les filets sont composés. La plupart sont à base de polyamide, mais il en existe plusieurs catégories et aucun "inventaire" n'existe. "Ce sont des déchets qui n'intéressent pas les industriels car il n'y a pas réellement de suivi, en revanche certaines catégories de polyamide sont recherchées et le prix au neuf est de 1 000 euros la tonne".

Une levée de fonds en fin d'année

La vente de cette "matière" fait partie du business model imaginé par Sabine Meneut. Du moins à moyen terme. Pour l'instant, elle profite d'un accompagnement de l'institut régional des chefs d'entreprises (IRCE) et doit déposer les statuts d'ici peu. Première étape encourageante, la ville de Port-de-Bouc met à disposition un hangar de 400 mètres carré pour stocker et ranger par catégorie les filets de pêche qui vont être ramassés. Les premiers l'ont été au port de l'Estaque, à Marseille. "C'est pour vérifier que toutes les étapes suivent".

Les premières rentrées d'argent se feront avec Iadys, une société aubagnaise qui conçoit des robots distributeurs de déchets, pour qui des sacs en filets de pêche seront fabriqués. Une levée de fonds est espérée pour la fin de l'année. A long terme, l'idée est de s'occuper d'autres déchets marins comme les palangres.

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