Métro de Marseille : quel positionnement pour Thales ?

Candidat à la rénovation des deux lignes de métro de la Cité phocéenne, le groupe spécialisé dans le spatial, la défense et l'aéronautique et qui dispose également d'une division transport, compte faire valoir ses compétences en matière de resignalisation. C'est avec l'espagnol CAF qu'il compte emporter un marché dont le montant est pour l'heure non divulgué.
(Crédits : DR)

Nées respectivement en 1977 et en 1984, les lignes M1 et M2 du métro de Marseille s'apprêtent à connaître enfin une rénovation qui semble assez logique, voire essentielle, pour la deuxième ville de France.

Lancé en 2018 par la métropole Aix-Marseille Provence, l'appel d'offres qui va dans ce sens, a décidé Thales Group à se positionner comme candidat. Un projet qui sied bien à celui que l'on connaît peut-être davantage pour son implication dans le spatial et la défense mais qui dispose également d'une division transport, acquise comme le spatial d'ailleurs, en 2007 auprès d'Alcatel. Une division qui comporte trois piliers, la signalisation ferroviaire, le système de communication pour les réseaux ferrés et la billettique. C'est assez logiquement la signalisation qui représente l'activité la plus importante, à hauteur de 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires, la division dans sa globalité générant un CA de 2 Mds€.

Une spécialité de Thales

Sur cette expertise, Thales a créée notamment les deux lignes du métro de Dubaï, le plus long du monde, et la première ligne du métro de Doha, qui sont des lignes automatiques. C'est-à-dire sans chauffeur, programmées pour aller d'un point A à un point B, quand le métro autonome concerne celui qui sait prendre des décisions par lui-même. A Marseille, il est bien question d'un métro automatique.

Si Thales s'est intéressé au projet de renouvellement du métro de Marseille, c'est parce que "nous regardons attentivement le marché français et notamment celui du transport urbain", précise Marc Duflot, directeur commercial et marketing de l'activité transport terrestre chez Thales. "C'est le marché le plus dynamique en Europe avec la Grande-Bretagne". Thales a d'ailleurs remporté les contrats de 3 des 4 nouvelles lignes comprenant 60 stations liées au Grand Paris Express. La 4ème ligne fera l'objet d'un appel d'offres plus tard dans l'année. A Londres, c'est le projet 4LM, qui concerne la modernisation de 4 lignes de métro, qui occupe toutes les nuits, les équipes du groupe. "La resignalisation est la spécialité de Thales", pointe d'ailleurs Marc Duflot. En France, il y a aussi deux projets majeurs sur lesquels le groupe s'est positionné, la ligne 3 du métro de Toulouse (qui pourrait être opérée par Vinci) et donc la resignalisation du métro marseillais.

Fabrication en France

Sur ce projet, c'est avec CAF, opérateur espagnol spécialiste de matériel roulant que Thales s'allie pour faire face à Alstom. CAF, c'est un chiffre d'affaires de 2 Mds€ et 11 000 employés, avec plusieurs centres de production, dont un basé en France. "Si nous remportons l'appel d'offres, nos rames seront fabriquées à Bagnères-de-Bigorre", précise Marc Duflot. CAF et Thales ont déjà fait équipe sur 3 projets, dont le métro d'Istambul, de Santiago du Chili ainsi qu'une grande ligne au Mexique. "Nous sommes à risque zéro. La plateforme est agnostique. Thales et CAF ont déjà travaillé ensemble sur plusieurs projets. Nos équipements ont déjà été intégrés dans les trains produits par CAF, ce qui en fait une offre sans risque".

Le calendrier, qui a vu une première offre être remise en septembre dernier, comprend depuis fin avril des cycles de session de travail, associant Aix-Marseille Provence et la RTM, la régie qui dispose du contrat d'exploitation. La remise de l'offre finale est programmée pour le 28 juin prochain, le résultat étant sans doute connu en septembre. Il faudra alors passer à l'action. Là encore le programme prévu indique un contrat qui démarre véritablement en 2020. La ligne M2 sera la première opérationnelle mais bénéficiera encore d'un conducteur alors que la ligne M1 sera opérationnelle en 2024. "Entre 2025 et 2026, les deux lignes seront rendues pleinement automatiques", annonce Marc Duflot. Qui rappelle les avantages de cette resignalisation : des rames de plus grande capacité et climatisées, avec une plus grande régularité, une utilisation de matériau générant moins de bruit, une meilleure accessibilité notamment grâce à des sols plats sans discontinuité entre le quai et la rame, ainsi qu'une amélioration de l'information voyageur.

Côté rames, trois designs différents ont été proposés.

Thales durablement installé à Marseille ?

Impliqué aussi dans le projet, Gemalto, dont le siège est à Gemenos à quelques kilomètres de Marseille. "Ce projet génère la création de 50 emplois à Marseille", souligne Marc Duflot. Car une plateforme est prévue pour simuler le système, les opérations, reproduire les incidents. Or cette période de test pourrait bien donner lieu à une présence à long terme de Thales dans la Cité phocéenne. "Nous aimerions pérenniser la plateforme utilisée pour le métro de Marseille et en faire un centre de compétences qui nous permettrait d'adresser d'autres projets, à Marseille, dans la région ou à l'international. Depuis un an, nous discutons avec des sociétés locales afin d'en faire un projet marseillais. Syntra et Atos sont dans le projet". Car plus globalement "nous aimerions développer un centre de compétences en signalisation en France".

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Commentaire 1
à écrit le 12/06/2019 à 19:58
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Et quoi les francais va remplir les poches d'espagnoles.

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