Pourquoi HTS Bio mise sur l’immuno-propreté

Installée à Gémenos, la PME développe et commercialise des produits biotechnologiques pour le nettoyage, le traitement des eaux ou encore l’agriculture. Sur ce marché en plein essor, elle veut s’imposer grâce à l’innovation et à sa toute dernière trouvaille : l’immuno-propreté.
(Crédits : DR)

C'était un pari un peu fou, mêlé à un désir de repentir. "Mon premier métier, c'est la chimie", raconte Jacques Faudin. "J'ai vendu des tonnes de cochonneries : des solvants chlorés, des produits comme du glyphosate... jusqu'à me demander : qu'est-ce que tu vas léguer ? C'était un peu boyscout. Mais parfois, on se pose les bonnes questions dans la vie". Des questions qui l'amènent à découvrir une autre manière de traiter les sols grâce aux biotechnologies appliquées à l'environnement, un secteur dans lequel tout reste à construire lorsqu'il fonde HTS Bio, en 1988.

Ces technologies reposent sur un constat : les bactéries sont omniprésentes dans nos vies, dans notre organisme comme dans notre environnement. Elles sont même indispensables. "Certaines maladies neurobiologiques sont engendrées par des carences en bactérie", tient-il à souligner. Et parmi cette masse de micro-organismes, seule une quarantaine sont pathogènes. Les autres ont un rôle essentiel dans la dégradation de la matière : "Tôt ou tard, tout est biodégradé. Et cette opération est réalisée dans 9 0% des cas par des bactéries. Notre cœur de métier, c'est de savoir quelles souches bactériologiques travaillent sur quel type de matière organique".

Au départ, c'est sur les terres polluées et le traitement des eaux que Jacques Faudin utilise ses bactéries. Mais il s'agit de marchés ponctuels assortis d'un chiffre d'affaire de dents de scie. Il faut alors se tourner vers des marchés récurrents, à l'image du nettoyage. De quoi assurer une certaine stabilité. En même temps, l'équipe se renforce. "Au début, je faisais mes brainstormings tout seul. Puis un ancien fournisseur m'a rejoint. On a grimpé comme ça". Jusqu'à la collaboration avec le CNRS de Marseille. Un tournant. Car en plus de bénéficier de l'expertise du centre, HTS Bio profite de son réseau à l'international. Une aubaine pour Jacques Faudin qui a toujours eu à cœur d'exporter.

Un marché en plein essor

L'entreprise prend ses marques avant de décoller ces dernières années, au gré des gros contrats qui amplifient son écho, comme lorsqu'elle elle référencée par le groupe GSF, installée à Sophia-Antipolis, "la Rolls Royce du nettoyage en France". Si bien qu'elle affiche depuis trois ans des taux de croissance de 15 à 20 % pour un chiffre d'affaire de 6 millions d'euros en 2018 et une quarantaine de collaborateurs. Avec des activités aux quatre coins du monde. "Nous réalisons 25 % de notre chiffre d'affaire à l'export, dans de nombreux pays européens, en Polynésie, en Australie... Nous sommes présents au Bengladesh et en Inde pour la crevetticulture. Au Chili pour le poisson".

Un développement qui s'explique aussi par une prise de conscience globale. Bien loin l'époque des "solvants chlorés sans fiche de données de sécurité". Désormais, "les gens cherchent des technologies de rupture pour protéger leurs collaborateurs et l'usager final". Le marché encore embryonnaire il y a trois ans prend de plus en plus de place. "Beaucoup de suiveurs arrivent. Le marché de nettoyage est saturé en Europe". Alors le salut vient des produits plus soucieux de l'environnement qui représentent 4 % du marché, avec une croissance de 20 % par an.

Les promesses de l'immuno-propreté

Une vague dont compte bien profiter HTS Bio qui doit garder son avance. La PME doit innover, s'ouvrir de nouveaux horizons. Elle compte pour cela sur sa dernière trouvaille : l'immuno-propreté.

"Depuis des années, les gens ont - à tort - une phobie des bactéries. On désinfecte tout. L'ennui, c'est que cela tue toutes les bactéries, même les bonnes, et laisse les surfaces libres", et donc à la merci des souches pathogènes. HTS Bio propose donc d'installer sur ces surfaces des germes sans risque qui vont occuper le terrain et proliférer, chassant les bactéries indésirables. Et les premiers tests, menés avec l'Inserm sont convaincants. "Nous avons ensemencé des surfaces de quelques cm² avec 5 millions de germes pathogènes de type staphylocoque aureus ou coliformes. Pendant cinq jours, ils ont été dégagés par les bactéries déjà présentes, sans ajout de produit supplémentaire". Une approche nouvelle dépourvue d'effets indésirables et qui promet de simplifier la vie : "avec ce produit, il ne sera pas nécessaire de désinfecter tous les jours".

Une innovation qui devrait rejoindre le marché d'ici septembre, et qui annoncer le lancement d'une série de produits issus du même principe. "En ce moment, nous travaillons sur les biofilms", ce film gras formé par les bactéries où prolifèrent salmonelle et légionnelle. Avec la même méthode : remplacer un biofilm de germes pathogènes par un biofilm de germes non pathogènes.

Toucher des secteurs variés

Des solutions qui pourraient permettre à l'entreprise de toucher des secteurs qu'elle peine encore à capter, à savoir le milieu hospitalier et l'agroalimentaire. L'industrie est aussi dans le viseur avec, dès cette année, la commercialisation de matières premières obtenues à partir des bactéries. "Sinon quelqu'un va le faire. Autant marquer le territoire maintenant".

Une stratégie de conquête vers une ambition : celle de montrer la voie, même en n'étant encore qu'un "micro-organisme dans toute cette mouvance". Pour un jour, tôt ou tard, "devenir incontournable... voire même "le numéro 1".

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