Supralog et la culture d’entreprise partagée

Après avoir ouvert ses portes aux start-ups, la société, basée à Antibes et spécialisée dans les solutions et services numériques, accueille en résidence l’artiste plasticien Mathieu Schmitt jusqu’à la fin juin. Son objectif ? Emprunter des chemins de traverse pour bâtir une culture d’entreprise partagée qui laisse “jaillir” les intuitions et initiatives de chacun.

Artiste plasticien de 37 ans, passé par la Villa Arson après une formation en génie des télécommunications et réseaux, Mathieu Schmitt questionne à travers ses productions l'incertitude en cherchant à créer des bugs, des erreurs qui viennent perturber les façons habituelles de penser et de voir. "Ces défaillances peuvent ouvrir des perspectives inattendues, nous inciter à changer d'optique, à porter sur le monde et les choses un regard neuf", explique celui qui, depuis décembre, une fois par semaine, partage sa vision et ses expérimentations avec la cinquantaine de collaborateurs de Supralog. L'éditeur de plateformes logicielles antibois est en effet l'une des 15 entreprises labellisées par le ministère de la Culture pour accueillir sur la période 2018-2019 un artiste en résidence. Un dispositif lancé en 2014 et découvert à la faveur du Réseau Entreprendre par Philippe Salvan, son dirigeant.

La sérendipité en fil rouge

"J'ai d'abord été surpris puis séduit par ce programme après une longue discussion avec la conseillère plastique de la DRAC* sur la sérendipité", raconte-t-il. "Croiser les disciplines et les personnes pour trouver des choses non-planifiées m'intéresse. Les ingénieurs sont généralement des gens carrés, droits, programmatiques. Alors, comment sortir du cadre, se laisser surprendre ? Il y a avec l'art une voie exploratoi". Surtout lorsque l'artiste cultive des affinités avec l'informatique, la programmation, le coding. Les jonctions apparaissent alors évidentes et les échanges suscités avec les salariés viennent alimenter les projets.

Ainsi en est-il de la composition par l'artiste d'un paysage sonore à partir de la captation du trafic Wifi au sein de l'entreprise. "Le paquet de données recueillies a été transformé en sons, des sortes de craquements que j'ai étirés pour arriver à quelque chose d'audible, un paysage sonore que chaque auditeur s'approprie différemment", détaille Mathieu Schmitt. Une façon de démontrer que la perception de ceux qui reçoivent peut être différente de celle de ceux qui créent. "Cette notion parle aux concepteurs de plateformes que nous sommes, intervient Philippe Salvan. L'important, c'est comment elles sont reçues, ce qui nous pousse à nous intéresser à l'UX (expérience utilisateur, NDLR). Comprendre ce cheminement peut nous aider à améliorer la manière dont on les construit". Au total, une douzaine d'œuvres réalisées lors de cette résidence, qui s'achèvera fin juin, sera exposée en septembre à l'Espace de l'Art Concret de Mouans-Sartoux, partenaire du dispositif avec Supralog.

Un « Labs » pour les start-ups

L'art n'est pas le seul canal défriché par l'entreprise pour créer l'émulation au sein de ses équipes. En 2017, Supralog créait son Labs, un espace d'accueil et d'accompagnement dédié aux start-ups dont les plateformes logicielles constituent le cœur de métier. Parmi elles, la désormais sophipolitaine Studeal, spécialisée dans la gestion de communautés étudiantes et professionnelles. "En 18 mois, nous l'avons aidé à construire une équipe technique de 8 personnes (contre 3 à son arrivée) et à développer des briques logicielles qui nous ont permis de générer du co-business". A savoir, un contrat de chatbot pour l'un des actionnaires de la jeune pousse, La Macif. Résultat : entre l'apport technique, la synergie entre les équipes et les débouchés business, "l'expérience a coché toutes les cases". Aujourd'hui, Supralog-Labs continue d'accompagner Silex, spécialisée dans la mise en relation entre prestataires et acheteurs via une solution d'analyse sémantique, et des discussions sont en cours pour en héberger d'autres. Toutefois, prévient le dirigeant, "nous sommes dans l'orfèvrerie, pas dans l'accueil de masse. Nos ingénieurs doivent trouver dans les projets du sens et de la valeur ajoutée".

Nouvelles explorations business

L'objectif de toutes ces initiatives est d'engager la société créée en 1997 dans la voie de l'entreprise partagée, autant par sa culture que par son organisation où les intuitions de chacun sont encouragées à "jaillir". Une démarche qui prend peu à peu corps jusque dans son positionnement stratégique. "Comme Mathieu Schmitt, nous avons envie d'aller sur le terrain exploratoire et de passer d'un statut de fournisseur de plateformes logicielles à celui de partenaire et co-créateur avec nos clients", explique Philippe Salvan. Lequel vient justement de signer un accord triennal portant sur la réalisation d'une plateforme de gestion de données IT, incluant un axe R&D autour du machine learning et de l'analyse prédictive, avec le groupe Tecnea, expert de la chaîne du froid. Une activité de conception sur-mesure sur laquelle s'est recentré Supralog et qui porte la croissance de l'éditeur (+20%) dont le chiffre d'affaires s'est établi en 2018 à 4,3 M€.

*Direction régionale des affaires culturelles

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