Transition énergétique : quels projets pour Esso ?

Après une année 2018 assez difficile, le groupe veut se saisir de la transition énergétique pour répondre aux nouvelles demandes. D’où sa volonté d’investir pour améliorer son efficacité tout en réduisant son empreinte environnementale. Une stratégie visible sur son site de Fos-sur-mer.
(Crédits : DR)

Dans le transport comme dans l'alimentation de la chimie, le pétrole reste la principale source d'énergie. "Et même si tous les véhicules légers devenaient électriques à l'horizon 2040, la demande de pétrole se situerait au niveau de 2010", observe Antoine de Guermy, directeur général d'Esso. Un scenario qu'il juge par ailleurs difficilement envisageable. "Il faudrait produire cinquante fois plus de batteries".

La demande semble donc loin de se tarir. Même si le marché a enregistré une baisse de 1,7% en 2018. Une baisse qui touche fortement le gazole, le nombre de voitures utilisant ce carburant diminuant également. Un défi auquel doit répondre la filiale d'Exxon Mobile, d'autant qu'elle a rencontré des difficultés cette dernière année. En cause : le grand arrêt de sa raffinerie de Gravenchon en Normandie, des marges de raffinage en baisse, les grèves à la SNCF et la fluctuation des prix liée aux tensions à l'échelle mondiale.

Algues, cellulose : vers des carburants plus propres

Pour s'adapter aux nouvelles règlementations et à la demande, pour préparer l'avenir, le groupe doit donc investir, et conduire des projets qui le feront entrer dans le processus de transition énergétique. Le tout avec un souci d'accessibilité sociale, ce qui passera notamment par la production de carburants plus propres, à des prix raisonnables.

Ainsi, un programme de recherche a été lancé avec Synthetic Genomics depuis 2009 autour de la production de biocarburant à base d'algues, dans une ferme pilote en Californie. "Le site est opérationnel. Il y a de gros espoirs de mettre ces biocarburants sur le marché". L'objectif étant de déployer la solution à l'échelle industrielle.

Autre projet phare : une alliance avec Clariant et Renewable Energy Group -  "le plus gros producteur de biocarburant en Amérique de Nord" - visant à produire du biodiesel à partir de déchets agricoles. "Il s'agit de valoriser la biomasse que l'on transforme en cellulose avec un procédé chimique développé par le groupe Clariant". Là aussi, la solution existe. Reste l'application industrielle.

Fos-sur-mer : désulfurer le transport maritime et économiser l'énergie

Proposer des solutions pour réduire son empreinte carbone, une stratégie également mise en place sur le site de Fos-sur-mer qui est prêt à produire dès 2020 un pétrole respectant la norme Fuels Marine IMO 2020, visant à réduire sensiblement les émissions de soufre pour les transports maritimes, en dessous de 0,5%. Une contrainte que Stefaan Van Severen, directeur de la raffinerie, a voulu transformer en opportunité. "Beaucoup de bateaux passent ici. Ce sera un produit attractif". Et d'expliquer que tout est prêt depuis plusieurs années. "On a déjà de faibles émissions en soufre sur notre site, entre 0,7 et 0,8% dans le fuel lourd. Nous avons investi dans des outils pour désulfurer. Depuis des années, nous nous sommes bien préparés pour en produire à 0,5% à un prix attractif".

Des produits qui s'adresseront au marché français, puisque, c'est la stratégie de la raffinerie : "l'ensemble de notre production va en France".

Autre enjeu important pour la raffinerie des Bouches du Rhône : réduire sa consommation d'énergie, tant pour des raisons environnementales qu'économiques. "Il s'agit d'utiliser efficacement l'énergie, avec un nombre d'échangeurs le plus important". Cela passe aussi par de petits actes au quotidien, comme un ajustement optimisé du chauffage dans les bacs. Ainsi, depuis 2000, la consommation d'énergie a été réduite de 15%, soit 70 MW d'économie, ce qui équivaut à l'alimentation électrique d'une ville de 100 000 habitants. Autant d'efforts qui positionnent le site en première place en France et parmi les 10% les plus efficaces à l'échelle mondiale.

"Il faut une politique industrielle digne de ce nom"

Des progrès qui nécessitent évidemment des investissements conséquents. A Fos-sur-mer, ce sont ainsi 20 à 30 M€ qui sont mis sur la table chaque année. Auxquels s'ajoutent 80 M€ de dépenses locales.

"Pour atteindre les objectifs liés à la transition énergétique, nous aurons besoin de beaucoup d'investissement à plus long terme", constate Antoine de Guermy. "Pour cela, il faut de la stabilité, une neutralité technologique et une règlementation claire". Et d'en appeler à "une politique industrielle digne de ce nom". Le moyen selon lui de "mettre en œuvre la transition énergétique", mais aussi l'opportunité "de sauver l'industrie".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.