Abdoulaye Fassassi, le goût du challenge sur le terrain comme en entreprise

Ancien joueur de l’Olympique de Marseille, Abdoulaye Fassassi voit sa trajectoire contrariée par une double rupture des ligaments croisés. Après plusieurs années de salariat et de tentatives de rejouer, il crée son entreprise de véhicules de tourisme, Massilia Car.
(Crédits : DR)

C'est en Côte d'Ivoire qu'Abdoulaye Fassassi tape dans ses tout premiers ballons. "On n'avait pas de console. On était tout le temps dehors à jouer au foot", se souvient celui qui rêvait alors d'une carrière à la Didier Drogba. D'autant que chez lui, c'est une affaire de famille : "mon frère était très bon joueur". A 15 ans, il fait ses bagages et rejoint la France où il obtiendra son baccalauréat avant de se lancer dans une licence en mathématiques, sa seconde passion. Très vite, il est recruté par l'Olympique de Marseille en CFA (National 2 aujourd'hui) pour qui il joue au poste de milieu défensif, avançant pas à pas sur la trajectoire qu'il s'est fixé.

Mais la trajectoire se rompt brutalement quatre ans plus tard. En même temps que ses ligaments croisés. Les deux genoux sont touchés. Il a 20 ans. "Je l'ai très mal vécu. J'étais si proche de mes objectifs".

Il passe alors six mois à l'hôpital, les genoux devant être opérés l'un après l'autre, faisant l'objet de complications. Mais confronté à des situations plus graves que la sienne, le jeune homme relativise : "Quand tu vois une personne amputée qui doit réapprendre à marcher avec une prothèse, ça t'oblige à dédramatiser". Un optimisme à toute épreuve. "Même s'il y a une chance sur mille, j'y vais. Les meilleurs matchs sont ceux contre des plus forts que nous. C'est ceux-là qu'on a le plus envie de jouer".

Se relever

Quelques mois après sa sortie, il recommence à jouer, bon an mal an. "Je jouais un mois, puis je devais m'arrêter 3 semaines et ainsi de suite. Ce n'était plus gérable. Il fallait que j'accepte de faire une croix sur ma carrière dans le foot".

Il entre alors comme prospecteur dans une société de traitement des eaux, gravissant progressivement les échelons, se formant notamment à la comptabilité. Pas question pour autant d'abandonner le ballon rond. "J'ai joué dans le championnat inter-entreprise. Mais après l'OM, je m'y ennuyais un peu. Beaucoup même". Il signe ensuite à la Penne sur Huveaune, puis à Toulon, déterminé. "Je tiens ça du foot : on n'abandonne jamais".

Après dix ans au sein de la société dans laquelle il travaille, il en part pour créer sa propre entreprise. "Il fallait que je le fasse. Je me suis toujours dit cela". Un moyen pour lui de s'offrir de nouveaux challenges, "c'est ce qui me manquait du football".

L'entrepreneuriat : une revanche sur la vie

Entreprendre oui. Mais quoi ? "J'ai eu beaucoup d'idées. Le déclic est venu en voyant passer des bus et des petits trains touristiques desquels les passagers prenaient des photos". Il décide alors d'offrir un service de location de petites voitures qui leur permettraient de suivre un circuit, avec la liberté de s'arrêter où bon leur semble. Accompagné par l'ONG Positive Planet (créée par Jacques Attal NDLR), il part à la recherche de financeurs, affinant sa tactique entrepreneuriale. "Nous avons opté pour quatre parcours prédéfinis plus un parcours à la carte", des circuits présentés sur une application développée par l'entreprise et accessible via une tablette fixée sur le véhicule.

Sauf qu'au début, Abdoulaye Fassassi n'a pas de local. Son objectif : s'installer à la Joliette, près de l'arrêt de bus fréquenté par les croisiéristes, sa cible numéro un. Il démarche une brasserie qui lui permet d'y installer ses voitures. "Je n'avais pas de réputation, pas de référencement sur le web, il fallait jouer sur le passage". En 2016, il est approché par un confrère spécialiste des gyropodes qui lui propose de le rejoindre. "Cela se passait très bien au point de parler de fusionner les deux entreprises". Il investit, s'équipant de nouveaux modes de transports, comme des trottinettes à trois roues. C'était avant que les affaires se compliquent et que les deux entrepreneurs se séparent, si bien qu'en 2017, Abdoulaye Fassassi se retrouve sans local.

Des projets plein la tête... et toujours le football

Il poursuit néanmoins ses activités, proposant ses véhicules sur réservation, assurant lui-même le rôle de guide. "J'ai dû reprendre des cours d'anglais", sourit-il.  En février 2018, l'entrepreneur jusqu'alors nomade se sédentarise, obtenant les clés de son premier local. Faute de pouvoir financer les travaux par des professionnels, il fait appel à ses proches pour rénover le lieu.

Les travaux devraient bientôt prendre fin mais déjà, Abdoulaye Fassassi a de nouveaux projets. "L'activité des véhicules de tourisme est très saisonnière mais le loyer doit être payé toute l'année". L'idée est alors de proposer dans le local de la réalité virtuelle, "des escape game, des jeux d'aventure, de sensation". Un moyen d'occuper le terrain en toute saison et de "ne pas rester les bras croisés".

En plein développement de son activité, le chef d'entreprise envisage également de s'exporter dans les villes alentours au moyen de franchises. Des recrutements sont également en ligne de mire. Un moyen de se libérer un peu de temps pour revenir à ses premières amours.

"Le foot est toujours dans un coin de ma tête. Ce matin encore j'y pensais, ça me démange. Si j'ai le temps, j'aimerais prendre une licence dans un club amateur. Et j'aimerais bien entraîner une équipe jeune. La transmission est quelque chose qui me plaît".

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