MP Industries, le mobilier urbain et l'enjeu de la diversification

Située à Gardanne, cette PME a développé une technique lui permettant produire du mobilier 100 % recyclé et recyclable. Du mobilier urbain dans la plupart des cas. Longtemps centrée sur la recherche et le développement, elle veut désormais mettre les bouchées doubles sur l’aspect commercialisation.
(Crédits : DR)

Au nord de Gardanne, sur un terrain de plus de 3 000 m², la société familiale MP Industries est reconnaissable à son importante collection de déchets plastiques, stockés dans de gros sacs de tissu blanc. Dans certains de ces sacs, des centaines de kilogrammes de confettis multicolores : "ce sont des bouchons que nous avons achetés à l'association HandiBou à Toulon", montre Christophe Testa, PDG de l'entreprise. "Là, ce sont des fûts de Coca Cola aux Pennes Mirabeau. On sent encore un peu l'odeur".

On pourrait se croire au milieu d'un centre de tri, ce qui n'est pas tout à fait vrai. "La société a été créée en 1998. Nous étions à l'origine un plasturgiste qui s'est reconverti dans le recyclage au cours des années 2000". Un parcours qui a permis à l'entreprise de développer une technique bien particulière de recyclage du plastique, la "compression séquentielle en continu (CSC). On utilise 96 % de plastique [les 4% restant sont du colorant, NDLR] que l'on compresse de telle sorte que cela crée une matière très dense", explique-t-il devant une des machines dont émane une odeur de plastique fondu. Autre particularité de la méthode : les machines fonctionnent de manière saccadée, toutes les deux à trois minutes, pour favoriser la compression du matériau.

A la fin du circuit : des planches de plusieurs mètres de long qui seront ensuite découpées et poncées pour fabriquer du mobilier urbain essentiellement (60 % du chiffre d'affaire). "Nous nous sommes spécialisés dans ce domaine car nous avons été sollicités il y a une quinzaine d'année pour fabriquer des bancs. Notre matériau est dense et anti-graffitis, la peinture ne tenant pas. Et il ne nécessite pas d'entretien contrairement au bois".

Le mobilier urbain : une activité qui peine encore à décoller

Alors que l'entreprise s'est longtemps concentrée sur le développement de sa technique et la recherche de nouveaux flux de déchets, Christophe Testa assure qu'aujourd'hui : "trouver des déchets n'est plus un problème. L'enjeu est de vendre nos produits". Une activité qui a encore du mal à décoller. "Nous sommes en capacité de produire le double". Le chiffre d'affaire, autour de 1 million d'euros, peine à augmenter, il a même connu une légère baisse cette année. Pourtant, "depuis deux ans, les produits sont prêts", assure-t-il, "sur l'aspect design également".

En cause : la difficulté à toucher la principale cible de l'entreprise : les collectivités territoriales. "Nous travaillons avec Gardanne, Nîmes, Avignon, Toulon ... et un peu également dans la région de Lyon et de Valence". Mais trouver de nouveaux clients n'est pas chose aisée, d'autant que les appels d'offre ne contiennent en général pas de clause environnementale, ce pour quoi milite le PDG de l'entreprise qui fait par ailleurs souvent face à des concurrents plus gros que lui. "Ils sont belges et allemands et produisent des produits équivalents. Notre plus-value est que nos déchets sont 100 % français, c'est vraiment de l'économie circulaire".

Une série d'outils mis en place

Pour réussir à leur faire face et à susciter l'intérêt des collectivités, la société a créé il y a sept ans environ la marque Mix Urbain. "L'idée était de communiquer sur une marque plus que sur une entreprise, montrer que des produits existent sur le marché du mobilier urbain. Cela nous a permis de distribuer des produits sur d'autres régions via un réseau de distributeurs à qui les collectivités s'adressent directement". Sur le même principe qu'une franchise.

La marque s'est dotée d'un catalogue de 120 produits mais propose également des réalisations sur-mesure dans 30% à 40% des cas. Le catalogue sera prochainement imprimé, afin de mieux marquer les esprits. Mais pour développer plus encore sa force de vente, MP Industries "réfléchit au recrutement d'un ou deux commerciaux sur la région Sud Est". Un nouveau site est par ailleurs en préparation.

Se diversifier

Toutefois, le mobilier urbain n'est pas la seule activité de l'entreprise. Il en est une autre qui, selon son PDG, présente un potentiel intéressant : il s'agit de la fabrication de produits pour les déchetteries, regroupés sous la marque MP Equipement. Une activité qui représente pour l'heure 20% du chiffre d'affaire de l'entreprise. "C'est un axe de développement important pour nous car il s'agit de produits que nous sommes les seuls à fabriquer". Des produits parmi lesquels des banques de déchargement ou des garde-corps qui se réfèrent aux normes de l'Ademe. La gamme sera lancée très prochainement mais dépendra beaucoup d'appels d'offre, contrairement au mobilier urbain pour lequel ce n'est pas toujours le cas lorsque les montants sont modestes.

L'esprit est à la commercialisation donc, avec l'objectif de doubler le chiffre d'affaire d'ici trois à cinq ans. Mais l'innovation n'est pas négligée pour autant. "En matière de déchets, il faut toujours avoir une longueur d'avance". Car les usages évoluent et certains flux de déchets peuvent s'interrompre du jour au lendemain. Ainsi, s'il n'en fait pas une priorité tant que le chiffre d'affaire n'a pas décollé, Christophe Testa garde à l'œil le recyclage des plastiques en mer. "C'est une grosse opération mais nous avons tous les éléments pour le faire. Je pense qu'on s'y dirigera d'ici trois à cinq ans".

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