Vincent Desnot : "La France est un territoire génial pour créer"

Il est de ceux que l'on étiquette volontiers du label "serial entrepreneur". Aux manettes de Teach on Mars, startup orientée e-learning basée à Sophia-Antipolis, l'entrepreneur – passionné par la mer et navigateur dans le civil – dit combien il est important de savoir tenir le cap tout en profitant des opportunités que la vie fait surgir ici et là.
(Crédits : DR)

S'il fallait définir le style type du startuppeur, Vincent Desnot en aurait les signes extérieurs : tenue décontractée et attitude "cool". Il suffit aussi de passer par les "bureaux" de sa startup, Teach on Mars, nichée à Sophia-Antipolis pour confirmer la chose. Ici c'est un vaste plateau partagé avec deux autres startups - Option Way et Beepers - une autre façon de faire fructifier les énergies créatives de la technopôle européenne.

Une technopôle que Vincent Desnot découvre à l'aube de l'année 2000 lorsqu'il y pose ses valises, venu de Paris. Mais avant ça, cet ingénieur informaticien a fourbit ses première armes en Allemagne, chez Siemens - expérience qui lui fait comprendre "que je ne voulais pas travailler dans une grande entreprise et ne pas faire que coder" - avant de partir pour New York et une filiale de Vivendi Publishing - une petite structure orientée print où il introduit le digital et booste le chiffre d'affaires. La Grosse Pomme ne le convainc pas de vivre l'American Way of Life. "Je suis trop latin pour cela". Retour à la case Paris. On est en 1999. "C'est l'époque des startups que l'on pense revendre pour devenir riche. C'est l'époque de la première génération d'entrepreneurs français qui font fortune". C'est bien sûr avant la bulle et l'explosion qui va tout changer.

Ecosystème et fertilisation

Passionné de voile, Vincent Desnot se met alors en quête d'une ville qui cocherait les critères d'être à la fois au bord de la mer et proche d'un aéroport international. En croisant ces deux pré-requis, ressortent les villes de Nantes, Barcelone et Sophia-Antipolis. Ce sera Sophia-Antipolis.

"Je découvre alors la région, sa liaison directe avec New York, ses ingénieurs et son écosystème", raconte Vincent Desnot. Qui crée Epistema, sa première société. "Je n'avais jamais créé d'entreprise mais j'y pensais", précise celui qui a été président de la junior entreprise de son école d'ingénieur et qui avait aimé "la dynamique d'équipe". C'est d'ailleurs là - très pris par sa fonction de président qu'il se rend compte que le cours magistral "apporte très peu de valeur ajoutée" et que "la valeur de l'apprentissage ne réside pas là". Un "détail" qui aura de l'importance pour la suite...

De fait Epistema est éditeur de logiciel spécialisé dans la formation en ligne. Performant - "nous avons construit notre rentabilité euro après euro" - au point d'attirer l'intérêt de Crosskwoledge, leader européen qui ne dispose pas alors de "techno et cherche à faire une acquisition" raconte Vincent Desnot. Qui surtout rappelle le contexte de l'époque - 2000 -, où "il n'y avait aucune aide, pas de levée de fonds et pas... Bpifrance". Car la présence et surtout l'implication de la Banque publique d'investissement aujourd'hui auprès des entreprises innovantes sont structurantes. "Sans Bpifrance, il y aurait deux fois moins de startups", assure Vincent Desnot. "La France, c'est génial pour créer son entreprise".

Epistema passée dans le giron de Crosskwoledge (en 2009), Vincent Desnot prend la mer en 2012 pour une année sabbatique et un tour de l'Atlantique. Un projet familial qui est "un vrai projet d'entrepreneur". Une aventure où les qualités qui font le marin ne sont pas si éloignées de celles qui constituent le dirigeant. Être patron c'est "prendre son couteau et aller dans la jungle pour soi et ses salariés, c'est un changement de mentalité". Sur terre comme sur mer, c'est ne pas montrer ses craintes, rassurer les salariés comme on rassure son équipage.

Liberté(s) chéries

Sur mer, Vincent Desnot fait "reset total". Jusqu'à l'étape Cap Canaveral et Kennedy Space Center. C'est là que l'affiche d'une fusée et la mention Teach on Mars font germer le principe de... Teach on Mars. C'est-à-dire développer la formation mobile, digitale, un tournant alors totalement ignoré. Mais que Vincent Desnot et deux de ses anciens salariés, Tanguy Deleplanque et Quentin Dérunes vont vite s'emparer.

Et débarquer, conquérants et année sabbatique bouclée, au Business Pôle qui ouvre alors ses portes. Ce moment de création a un goût autre pour Vincent Desnot. "J'ai alors treize années d'expérience d'entrepreneur, un réseau, Bpifrance est là pour aider... J'arrive dans un monde plus facile avec la mentalité de quelqu'un qui s'est forgé une mentalité à l'époque où c'était difficile. Teach on Mars se crée dans cet environnement optimiste et ultra réaliste. Être patron, c'est être à la fois un grand rêveur et être ultra-réaliste. Il faut rêver en étant pragmatique. Entrepreneur c'est gérer plusieurs problèmes, c'est un engagement à 300 %. Ça puise de l'énergie mentale. C'est du stress apporté par la liberté. C'est du bonheur apporté par la liberté et l'aventure collective. Le challenge est de trouver l'équilibre".

Licorne, le rêve ultime ?

Si les startups ont été mises ces trois dernières années sur un piédestal, perçues comme le nec plus ultra de l'entreprenariat, la nouvelle feuille de route de la French Tech et sa volonté de faire émerger les licornes signe un changement de braquet et de dimension. La licorne, la nouvelle façon de concevoir l'entreprenariat ? "Il faut que la nation rêve. Être entrepreneur c'est rêver très fort. En 2000, le rêve c'était la startup américaine. Aujourd'hui, c'est la licorne".

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