Le mouvement French Tech Côte d'Azur n'a pas toujours été un long fleuve tranquille mais ce temps appartient semble-t-il au passé. Il faut dire que le territoire des Alpes-Maritimes est vaste et constitué de différents bassins économiques. Présidé par Eric Leandri et Cédric Messina, respectivement PDG de Qwant et de My Coach, le mouvement a surtout eu la bonne intelligence de faire en sorte que chacun de ces bassins soit représenté en son sein. Nice Start(s) Up pour la capitale azuréenne, Telecom Valley, le cluster des entreprises du numérique pour Sophia-Antipolis, le Club des entrepreneurs pour Grasse et Cannes is Up pour la capitale du 7ème art.

Originalité

Dernière née du quatuor, Cannes is Up a germé dans l'esprit de Sébastien Aubert. Lorsque la French Tech Côte d'Azur s'est restructurée en nommant un vice-président par bassin économique, le fondateur d'Adastra Films écope de la vice-présidence pour le large territoire cannois. Sauf qu'il "n'existait pas d'entité représentant" ce fameux bassin... Cannes is Up naît de ce manque, porté par une demi dizaine d'entrepreneurs, dont Idriss Sisaïd aux manettes de la startup O'Sol, Laurent Dys, associé de Corparate Assistance, Sandrine Julien dirigeante de l'agence de communication Couleur Velvet, Karine Bertaina, spécialiste de la conduite de projets et Olivier Roubin, fondateur de la plateforme digitale MonPanierBleu.com. "Nous sommes ouverts à toutes les entreprises innovantes qui ont un lien avec le bassin cannois, pas uniquement grâce à une implantation de siège social mais dès lors qu'elles ont un intérêt économique ici", explique Sébastien Aubert. Qui insiste franchement sur la philosophie de Cannes is Up : "Ne pas être la énième association de mise en relation", les formats existants considérés comme faisant preuve d'une écoute peu développée et d'un formalisme qui ne sied pas au sujet. C'est comme cela que l'association cannoise développe un concept d'événement, baptisé DDA pour "Déconnectez-vous, Détendez-vous, Amusez-vous", où il est question de se laisser confisquer son téléphone à l'entrée, de proscrire le duo costume/cravate ou tailleurs/talons pour préférer la tenue décontractée. Si le principe peut paraître léger, derrière les apparences ludiques, il existe une vraie stratégie.

Focus client

Qu'explique Sébastien Aubert. "Confisquer le téléphone est une façon d'obliger à être dans l'humain. L'abandon du costume évite les effets de hiérarchie. Nos événements rassemblent des entreprises innovantes et des grands comptes. C'est dans un cadre informel que l'on crée les meilleures relations". L'organisation d'ateliers ludiques durant ces événements, dont le prochain est programmé pour le 7 septembre sur les îles de Lérins à Cannes, vise à obtenir des jetons échangeables contre des rencontres avec les représentants des grands comptes présents. Car c'est sur un autre point qu'insiste Sébastien Aubert, celui du rapport startup/client. "Les startups sont souvent associées aux sujets de financements alors que notre volonté est de les mettre en rapport plutôt avec des décideurs, qui sont susceptibles de devenir des clients récurrents", précise le dirigeant d'Adastra Films, expliquant que l'arrivée de Thales Alenia Space en tant que client a permis à la jeune société qu'il dirige d'embaucher et de se développer. Car tel est bien le sujet : le client est souvent une donnée mal ou peu considérée par les jeunes entreprises innovantes. Or elle est essentielle pour ce que l'on considère comme le saint Graal : la croissance. Et si le ludique s'en mêle, tant mieux. C'est ce qui s'appelle lier l'utile à l'agréable.