Comment Atchoum facilite la mobilité des zones rurales

Pour compenser le manque de transport au sein des nombreuses zones rurales, Vincent Desmas a fondé en juillet 2017, dans le Var, un service de déplacement à la demande et de covoiturage.
(Crédits : DR)

C'est une histoire banale qui a mené à une idée loin de l'être. Chef d'entreprise spécialisé dans la commercialisation de gazon synthétique, Vincent Desmas subit une opération de la hernie en 2015. Opération qui lui interdit d'utiliser la voiture pour un rendez-vous professionnel. Lui vient alors l'idée qu'il serait utile d'avoir une personne disponible pour l'aider dans ses déplacements. Ainsi est né le concept d'Atchoum.

Un concept que Vincent Desmas développe pendant deux ans en complément de son activité principale. Puis en 2017, tout s'accélère : il répond à un appel à projet et est sélectionné par l'incubateur Euratechnologie de Lille. En trois jours, il constitue une équipe pour monter à Lille et mettre en place le projet. Des péripéties qui font ressortir son côté "un peu aventurier".

Cibler les zones rurales

Après des mois de travail, la société est donc créée en juillet 2017, à Méounes-lès-Montrieux. Vincent Desmas a choisi la cible de son service : les zones rurales. "Sur les 36 000 communes de France, 34 000 sont habitées par moins de 3 500 personnes. Et dans ces communes, il n'y a rien. J'ai alors appris que la préoccupation numéro un des collectivités, c'est la mobilité". Rien donc dans ces secteurs, du moins pour la mobilité. Et la population majoritaire dans ces zones ? "Des personnes âgées qui, souvent, n'ont pas la possibilité de se déplacer par leurs propres moyens". Selon le Laboratoire de la mobilité inclusive, qui travaille avec Atchoum, 30 % des séniors ne sortent pas de chez eux durant 24h d'affilé.

Pour trouver un remède, Atchoum propose à des communautés de communes de souscrire à un abonnement. Payé par la commune, il permet aux habitants de bénéficier du site internet, de l'application mobile et du service téléphonique. Chacun des trois canaux permet de mettre en relation la personne qui souhaite se déplacer avec une personne disponible pour venir la chercher chez elle, la déposer au lieu de rendez-vous et la ramener. Le conducteur est alors rémunéré entre 0.20 et 0.35 centimes du kilomètre en fonction de la distance totale. "Les personnes dans l'incapacité de se déplacer seules pourront donc aller à leur rendez-vous chez le dentiste, faire une course ou se rendre à leur entretien d'embauche par exemple pour les plus jeunes".
Si le service vise toute la population, les personnes âgées restent la principale cible. "Et étant donné qu'une grande partie de ces personnes n'ont pas accès à une bonne connexion internet ou ne savent pas bien s'en servir, nous avons mis en place ce service de téléphonie".

Multiplicité de services

Atchoum propose aussi de l'autopartage et du covoiturage. "La question qui pouvait se poser était : et si personne n'est disponible pour effectuer une course ? Nous avons alors pensé à proposer aussi un service d'autopartage avec une voiture mise à disposition pour chaque commune. La mairie dispose des clés de la voiture, souvent électrique, et une personne peut l'emprunter à tout moment. Le covoiturage, quant à lui, était le principe initial du projet : des personnes qui souhaitent se rendre au même endroit pour aller travailler peuvent utiliser Atchoum pour se mettre en relation".

C'est par la multiplicité de ses services et l'existence d'un service téléphonique qu'Atchoum se distingue d'applications de covoiturage classiques telles que Bla-Bla-Car. "Nous ne sommes pas en concurrence avec ces services mais plus en complémentarité des autres moyens de transport disponibles. C'est pourquoi notre site référencera aussi les autres moyens de déplacement présents dans une commune en indiquant les horaires de bus par exemple".

Mais pour l'heure, Atchoum est encore en phase d'expérimentation. "Nous sommes nés en juillet 2017 et convaincre une mairie d'utiliser nos services prend entre 3 et 6 mois. Actuellement, nous testons donc nos services dans 4 communes de l'est. Les premiers abonnements réels devraient arriver en juillet". Vincent Desmas reste confiant sur le développement de son projet, ayant déjà une forte visibilité grâce notamment à son invitation par la ministre des Transports, Elisabeth Borne aux Assises de la mobilité. Et si vous vous demandez encore pourquoi Atchoum, "parce qu'Atchoum réalise vos souhaits !" Ceux de Vincent Desmas ne semblent pas loin de se concrétiser.

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