Philippe Renaudi, l'UPE06 et la franche attitude

Dans le BTP on a rarement la langue dans sa poche. Et si a fortiori on essaie de faire "bouger les lignes", c'est d'autant plus une qualité. Réputé donc pour être direct, le président du syndicat patronal – professionnel des TP – parle mobilité, code du travail, Macron et autres sujets, plus ou moins sensibles.
(Crédits : DR)

La veille, il a réuni les plus grandes entreprises des Alpes-Maritimes, une trentaine, en présence du préfet Georges-François Leclerc, des services de l'Etat, du président de la CCI Nice Côte d'Azur et du maire de Cannes, David Lisnard, le déjeuner de travail se tenant dans la cité des Festivals. Cette réunion au somment c'est une idée de Philippe Renaudi. Parce que dit-il, ces entités "sont de grands contributeurs (à l'économie du département NDLR) mais elles ont peu l'occasion de parler avec les services de l'Etat ou de croiser le Préfet. Pour autant elles n'en sont pas moins confrontées à des problématiques comme celles liées aux zones inondables par exemple". Participer à créer le dialogue, il aime bien Philippe Renaudi. D'ailleurs il prévoit le même exercice avec les différents présidents de branches à la rentrée. C'est aussi l'essence des Rencontres économiques, ce format petit-déjeuner débat qu'il anime en personne et qui a fait le tour en 2017 des différents bassins du département, à Cagnes-sur-mer, Cannes, Grasse et Menton et qui prochainement ira voir du côté de la Vallée du Paillon. Une autre façon de se pencher sur les problématiques territoriales, celles qui empêchent l'économie de tourner rond. "Ces Rencontres n'existaient pas", souligne-t-il. Et elles ont attiré l'intérêt du préfet, notamment. Toujours l'idée de dire ce qui ne va pas... mais en étant constructif.

Voilà pour l'aspect local. Ou micro-économique. Mais quand on évoque les thèmes plus macro, Philippe Renaudi y va de son éclairage. Et de ses prises de position, quitte à détonner avec l'avis général.

La disparition du CICE par exemple, "remplacé" par les baisses des charges. Une fausse bonne idée selon le patron des patrons azuréens. Qui s'explique. Le CICE fonctionne avec les entreprises qui ont une activité soutenue. Donc avec celles qui sont profitables. Mais pas avec celles qui souffrent. Or, la baisse des charges concerne toute entreprise. "Donc, c'est mieux", démontre-t-il. Même s'il avoue que la dite baisse n'est pas à la hauteur de ce que permettait le CICE.

Pour ce qui est de la réforme fiscale, même motif, même punition. Si le taux baisse, par tranches, pour arriver à 25 % on peut s'en réjouir car "ça met la France au niveau de l'Europe". Sauf que pour vraiment aider les entreprises, ce n'est pas tant la baisse d'impôt qui est bénéfique mais bien davantage la baisse des taxes qui concernent la production, telles les CFE (Cotisation foncière des entreprises), CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) et autres versement transport. "La baisse du taux d'imposition aurait pu être moindre et s'accompagner de la baisse des taxes de production, des taxes que ni les Allemands, ni les Italiens ne payent. Laissons les entreprises gagner de l'argent !" exhorte-t-il. Là, c'est pour que l'économie justement tourne rond.

Mais que l'on ne s'y méprenne pas, les réformes impulsées par le Président de la République, de manière générale, vont plutôt dans le bon sens. "Emmanuel Macron sort des clivages et agit dans l'intérêt du pays", estime Philippe Renaudi.

Et le patron de l'Union pour l'entreprise 06 d'en revenir aux questions de territoire. Et d'évoquer le sort des CCI, qui doivent continuer à "être dirigées par des chefs d'entreprise". Les chambres de commerce et d'industrie métropolitaines et régionales doivent, elles, absolument demeurer. Question de maillage, de proximité. Avec le Medef, pourquoi pas, comme relais économique des métropoles.

Une dimension qui semble assez logique pour celui qui est aussi en charge de la mobilité des métropoles auprès du Medef national. Un sujet que ce professionnel des travaux publics - il possède l'entreprise Tama, basée à Cagnes-sur-mer - appréhende dans toute sa dimension, mobilité aérienne et problématique d'ouvertures de lignes y compris. On sait le sujet être une pierre d'achoppement. Pour Philippe Renaudi c'est aussi - justement - une bonne raison pour monter au créneau. De rassembler plusieurs présidents de directoires d'aéroports et d'en référer directement au ministre des Transports. "Nous devons montrer quels sont les points de blocage. Nous devons pouvoir aller à Shanghai ou Pékin via un vol direct depuis Nice !" L'autre sujet qui a créé des tensions est celui de la Ligne Nouvelle. Ou il est espéré le choix d'un scénario qui permette de rapidement passer à l'action et d'engager les dépenses pour un trajet qui apporterait l'oxygène tant attendu. Entre vœux (pieux ?) et intentions fermes, secouer les branches du cocotier c'est une autre façon de "bouger les lignes". Peut-être de façon moins politiquement correct mais sans doute plus efficace.

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