Elle figure dans le classement des 1 000 entreprises européennes les plus performantes, selon le Financial Time. Il faut dire, la spécialiste de la boite alimentaire en carton personnalisée, fondée en 1904, a passé la vitesse supérieure sur la route de la croissance depuis son rachat par Vincent Rey, en 2013. "En quatre ans, nous avons multiplié par quatre le chiffre d'affaires", avance-t-il, annonçant par ailleurs un prévisionnel de 8 à 9 M€ pour 2018. C'est déjà la forte politique d'investissement de l'entreprise vauclusienne qui lui permet de réaliser un tel volume d'activité. "Soit 500 000 à un million d'euros mobilisés chaque année depuis quatre ans pour développer de nouveaux locaux, de l'équipement, du foncier, mettre à la disposition de nos trente collaborateurs des outils informatiques et logistiques". 2018 se poursuit au même rythme, avec déjà un peu plus d'un demi-million engagé. "Ce qui nous a permis d'acquérir un nouvel outil marketing visant à personnaliser l'ensemble des livraisons au nom des clients. Nous avons également investi dans la logistique, puisque nous basculons en EAN 128, (un code standard international permettant l'échange de données entre producteurs et distributeurs, NDLR)". Autre chantier en cours, la performance énergétique. "L'usine sera dotée au mois d'août de panneaux photovoltaïques. Notre consommation en électricité sera inférieure à ce que nous pourrons revendre, nous entrons donc dans l'ère de l'énergie positive". Une incidence sans doute notable sur le coût d'exploitation, mais pour Vincent Rey, c'est surtout un projet qui revêt un sens. Il en fait d'ailleurs profiter son personnel : "nous ferons installer trois à quatre prises à l'extérieur, pour les salariés roulant à l'hybride et désireux de recharger leur véhicule". Enfin, en ligne de mire se pose aussi la question de la construction d'un quatrième bâtiment. "Nous continuons à organiser le foncier, nous avons pour l'heure trois bâtisses, une pour les matières premières, une pour la production et une dernière pour la logistique. Mais l'augmentation de volume fait que nous avons besoin d'un quatrième édifice pour stocker cette matière première".

Des artisans industriels

Outre sa politique d'investissement, c'est surtout "une reprise en main commerciale" qui a permis à Vincent Rey de dynamiser plus encore une entreprise "à l'ADN déjà brillant". Des liens de proximité noués plus étroitement auprès de la clientèle pour lui présenter son offre, ce qu'elle pouvait réaliser en termes de personnalisation lui ont permis de booster les commandes. "Et quand le commerce est allé bon train, nous avons pu commencer à investir dans les équipements".

Mais il faut dire aussi que la valeur ajoutée de la Cartonnerie Moderne joue en sa faveur, dans un secteur où les concurrents ne sont véritablement pas légion : "il s'agit d'un marché où le ticket d'entrée est très important. Il faut des usines conséquentes, de grosses machines", peu nombreux sont donc ceux qui s'y risquent. "Nous sommes 3 à 4 à faire ce métier, La Cartonnerie Moderne figurant comme la dernière société familiale. Nous nous définissons comme des artisans industriels, en associant l'esprit d'écoute, un rapport personnalisé visant à proposer à chaque client un produit à façon, mais aussi des machines et un site de haute technologie". Autre atout spécifique de la PME, une capacité à maîtriser la chaîne de valeur de bout en bout, de l'achat du carton "une matière noble de première qualité que nous commandons en Europe du Nord", à l'expédition en passant par l'impression ou le collage. "Nous maîtrisons l'ensemble des techniques, ce qui nous confère une plus grande réactivité"... et a permis à l'entreprise d'enregistrer un volume de production de 130 millions d'unités en 2017.

Conquérir l'Europe en 2019

Et pour poursuivre au même rythme de croissance, Vincent Rey connaît ses leviers. "Il y a encore de quoi faire dans notre cœur de métier, nous avons de la marge de manœuvre en termes d'organisation commerciale et de développement de services, de produits". Sachant que le spectre est large dès lors qu'il s'agit de cibles, "nous fournissons aussi bien le pâtissier le plus renommé que le petit artisan du coin, en passant par la GMS". Autre levier de croissance, l'export. Là encore, le champ des possibles s'annonce vaste, puisque l'activité de La Cartonnerie Moderne se réalise à 98 % dans l'Hexagone. De premières offensives devraient être lancées en 2019, des demandes émergeant à l'échelle de l'Europe. Enfin, Vincent Rey ne s'interdit pas de recourir à des opérations de croissance externe et reste pour ce faire attentif au marché. "Ce sera en fonction des opportunités, en ciblant des activités complémentaires à la nôtre".