Mercedes à Sophia-Antipolis : vers une Automotive Valley ?

L'annonce officielle de l'installation du construction allemand sur la technopôle sophipolitaine vient ajouter une brique supplémentaire à un écosystème autour du véhicule qui semble peu à peu, se constituer. Une nouvelle filière ? Oui et non.

Verra-t-on la prochaine publicité de Mercedes-Benz indiquer publiquement la présence de son centre de design à Sophia-Antipolis, à l'instar de Toyota qui en fait la phrase première de ses spots ? Peut-être pas. Mais l'information essentielle tient dans cette nouvelle arrivée, forcément très appréciée par le monde politique et économique des Alpes-Maritimes, au moment où le départ et les licenciements annoncés chez Galderma suite à la décision de Nestlé de réorienter sa stratégie a quelque peu jeté un voile d'inquiétude sur la technopôle.

Tendance

Et si la nouvelle est si bien accueillie c'est qu'elle vient conforter une "tendance" que prend Sophia-Antipolis. Il ne faut pas oublier qu'il y a tout juste trois mois, c'est Renault Software Labs qui était inauguré en grandes pompes. L'installation d'une division consacrée au véhicule de demain, suite à la reprise d'une partie des effectifs et des compétences d'Intel - celles du logiciel embarqué - apportait un souffle nouveau à la technopôle. Parce que finalement, à tout bien compter, nombreux sont les acteurs issus du monde de l'automobile. Magneti Marelli en 2013, Boch Vision Tech en décembre 2016, Visteon, Hitachi... ont eux aussi choisi une implantation parmi les pins du parc technologique avec un axe tourné véhicule de demain et connecté.

La piste immobilière

Alors certes, si Mercedes s'installe à Sophia-Antipolis ce n'est pas parce que Renault y a posé ses valises il y a trois mois. Comme l'explique Philippe Servetti, le directeur de Team Côte d'Azur, qui a piloté le projet d'installation, tout est venu de la piste immobilière. Et plus exactement de la stratégie de l'agence de développement économique désireuse d'être bien identifiée dans les radars des acteurs immobiliers internationaux. C'est JLL qui contacte alors Team Côte d'Azur pour le compte de Mercedes, le constructeur allemand étant désireux d'installer un nouveau centre de design quelque part en Europe. Nous sommes en décembre 2015 et les concurrents de la Côte d'Azur s'appellent Londres et Barcelone. S'ensuivent de longues tractations durant lesquelles l'agence de développement économique met en avant les présences déjà effectives sur le territoire d'acteurs du monde automobile. Forcément, l'arrivée récente de Renault ajoute une couche supplémentaire aux arguments déjà développés. C'est Cushman & Wakefield qui seconde l'opération et identifie le bâtiment idoine. Ce sera le Nautilus, qui abritait auparavant Micromania et qui accueillera en 2018, 50 designers sur une surface de plus de 3 000 m2.

Logique de compétences

Finalement, Sophia-Antipolis verrait-elle émerger une nouvelle filière, centrée Automative Valley ? Une filière qui aurait vu le jour presque malgré elle ? Oui et non à la fois. D'abord parce que Mercedes-Benz le dit bien, "toutes les disciplines fondamentales du design y sont représentées : le design extérieur et intérieur classique, le design numérique, ou encore le design UI et UX dont l'importance ne cesse de croître à l'heure de la conduite autonome et de la communication homme-machine". Voilà qui est dit. Centre de design oui, mais le véhicule de demain n'est jamais bien loin, tant tout est dans tout. L'UX c'est par exemple le sujet même d'une commission portée depuis deux ans par Telecom Valley, le cluster des entreprises du numérique. "Le véhicule devenant de plus en plus intelligent, nos métiers se rapprochent", souligne Pascal Flamand, vice-président en charge de la stratégie du cluster.

"L'électrification du véhicule, le véhicule hybride... tout cela intéresse la micro-électronique, l'aide à la conduite", souligne le directeur général du pôle SCS, Georges Falessi. Le pôle Solutions Communicantes Sécurisées qui vient de rassembler sur la technopôle pour une journée d'échange, tous les acteurs du monde automobile cités plus haut et d'autre aussi. D'où il est ressorti que les enjeux étaient la connectivité et la sécurité. "Nous disposons d'un écosystème fort en Provence Alpes Côte d'Azur, fait de PME et surtout de startups. Il faut aussi s'attacher à mettre en place des diplômes", indique Georges Falessi qui ouvre le champ à toute la région. Et qui pointe le doigt sur une capacité nouvelle qu'aurait Sophia-Antipolis : être capable de créer des plateformes pour des tests au réel, ce qui serait un argument pour attirer de nouveaux acteurs. "Nous avons désormais une spécificité qui peut devenir un critère discriminant par rapport à d'autres territoires", assure Philippe Servetti. Ou comment Sophia-Antipolis peut négocier le virage de la cinquantaine...

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Commentaire 1
à écrit le 18/12/2017 à 9:47
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On se rassure comme on peut mais bon vu que c'est la région des mercedes là bas c'est quelque part normal de s'installer à côté de ses fans. "Nestlé taille dans le vif à Sophia Antipolis" https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distributi...

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