Quelle trajectoire pour La Planète rouge ?

Cette planète-là se la joue comète et sa trajectoire ne laisse rien au hasard. Sise à Marseille, l’entreprise, officiant initialement dans la postproduction, avance peu à peu sur le chemin de la création, avec une volonté de s’affirmer dans des projets de série personnels.

C'est l'histoire d'une entreprise initialement spécialisée dans la post-prod, mais qui voit grand. C'est aussi celle d'une équipe qui s'est fait un nom dans la technologie du slow motion, suite au célèbre clip réalisé pour Siska, et qui depuis, a enchaîné les tournages... Steve Angello, Izzy Bizu et tout récemment, le groupe de rock français Shaka Ponk... Des cartes de visite qui n'en finissent pas d'alimenter l'attraction vers La Planète rouge. Et les sollicitations sont plus que régulières. "Nous avons accumulé un savoir-faire qui n'existait pas, notamment en termes d'effets spéciaux, capitalisé sur le slow motion, même si ensuite d'autres y sont venus. Nous avons obtenu une reconnaissance avec ce savoir-faire, et puis, ça va dans le sens de ce qui plaît aujourd'hui : des films technologiques, au fort potentiel viral". Et virales, les vidéos de la maison marseillaise le sont... Un atout essentiel pour tracer sa route. "La post-prod était, en fait, un tremplin, cela nous a permis de comprendre comment ça marche, un film", explique Lionel Payet Pigeon, le fondateur.

Partenariat reconduit avec Wiko

Car l'idée, c'est bien celle-ci : agréger des compétences complémentaires afin de donner le jour aux projets estampillés Planète rouge. L'entreprise, qui il y a deux ans s'engageait déjà sur un modèle économique hybride (continuer la post-prod et la gestion numérique des rushs d'un côté, embrayer sur la réalisation de l'autre), persévère donc dans cette configuration, d'autant qu'aujourd'hui, elle ne réalise plus que 20 % de prestations de service (traitement des rushs, effets spéciaux) pour se concentrer à 80 % sur de la production lors de projets soit internes, soit commandés par des clients. Parmi ces derniers, des entreprises à la notoriété grandissante, comme la sino-marseillaise Wiko, avec laquelle La Planète rouge est à pied d'œuvre depuis un peu plus d'un an, entraînée dans ce sillon par le biais d'une agence événementielle parisienne du nom d'Ubi bene. "Wiko lançait à l'époque une gamme de téléphones aux contours phosphorescents. Ils étaient dans une logique de développement, n'avaient pas forcément de moyens mais se trouvaient en recherche de contenu". Et les trois films viraux que Lionel Payet Pigeon propose vont faire mouche, avec pour certains plus de 800 000 vues et 400 000 personnes parvenues jusqu'au bout de ces trois épisodes. "Nous avons ouvert la voie vers la web-série à destination des marques, de nombreuses personnes s'y sont engouffrées". Carton plein donc pour celle qui poursuit encore aujourd'hui sa collaboration avec Wiko et réalise son prochain clip promotionnel avec le chanteur Soprano, en contrat pour représenter la marque pendant un an. Outre le concepteur local de smartphones, elle sévit aussi aux côtés de Decathlon, Schweppes (la dernière publicité alliant slow motion et travelling arrière, c'est eux), Mano Mano, Samsung, Audi...

Deux séries "maison"

Des films publicitaires qui permettent à Lionel Payet Pigeon de générer une belle partie du chiffre d'affaires (soit au total 1,5 M€ "largement dépassé" sur le dernier exercice) et de garder son équipe. Et puis... ces projets mettent de l'eau au moulin de cette volonté d'expérimentation technologique. Laquelle pourra en effet servir aux projets personnels de La Planète rouge. De fait, c'est toute une chaîne de valeur qui a été mise en place, mine de rien : le fondateur, qui est musicien, développe avec son équipe aujourd'hui des compétences de production, de postproduction, de réalisation, avec donc une maîtrise aboutie des effets spéciaux, de composition musicale, mais aussi d'écriture de scénario... "Nous dérangeons dans le milieu, parce que l'on ne sait où nous classer, entre la prod et la post-prod. Car nous ne sommes pas que des pousseurs de manettes..." La preuve ? Elle va prendre corps avec deux séries maison en format 26 min, s'illustrant dans le film dit de genre : thriller, angoisse, horreur... La première se nomme The White Room, "on ressuscite le film de maison. C'est aussi un film de filles". La seconde, In Memoriam, est un thriller religieux écrit avec le concepteur multimédia Eric Viennot. Deux paris audacieux dans la mesure où la France ne permet pas, par ses choix de financement, de faire fructifier cet avoir créatif-là. Et l'écosystème local ne le favorise pas davantage. "Il y a bien sûr à Marseille des maisons de prod qui s'illustrent très bien dans le film documentaire, le film d'auteur... Mais il manque l'entertainment. La création dans son ensemble est pourtant essentielle à la pérennisation des industries créatives. On ne peut être que des prestataires de service. Attention à Sète, qui se prépare à accueillir in situ une nouvelle série quotidienne... Et ici, que se passera-t-il si Plus Belle La Vie ferme boutique ? Il faut l'anticiper dès aujourd'hui".

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