Philippe Renaudi : "Le patron doit avoir confiance dans le système"

Avec un fil rouge bicéphale "Croissance et confiance", l'Université d'été du MEDEF qui ouvre ce mardi 29 août à Jouy-en-Jossas va réunir les patrons des patrons de France et de Navarre. Et (se) poser plein de questions. Le président de l'UPE06, à lui, quelques réponses et des idées.

La Tribune - Le thème central de l'Université d'été du MEDEF 2017 c'est "Croissance et confiance". Deux éléments qui manquent encore aux chefs d'entreprise ?

Philippe Renaudi - La confiance manque, cela semble clair. La croissance, nous en avons tellement manqué, que toute reprise nous réjouit. On sent véritablement une reprise. Les promoteurs ont des projets, le bâtiment retrouve des couleurs, les travaux publics - qui est mon secteur et qui est par ailleurs très sensible aux fluctuations économiques - retrouvent de l'activité... Les voyants sont au vert. Mais pour autant, nous sommes au début de la courbe, c'est une amorce de décollage. La courbe peut s'infléchir à tout moment. Les chefs d'entreprise ont confiance en eux, mais ce qu'il faut, c'est qu'ils aient confiance dans le système. Il faut débloquer les verrous.

Emmanuel Macron s'attaque à l'une des problématiques qui touche les entrepreneurs, la directive sur les travailleurs détachés. Une bonne initiative ?

Nous, les professionnels des travaux publics, tirions déjà la sonnette d'alarme il y a 5 ou 6 ans. On dénombrait alors 300 000 travailleurs détachés. Ce chiffre a été multiplié par six depuis lors. Il est difficile pour les entrepreneurs qui sont sur la corde raide de voir leurs concurrents avoir recours aux travailleurs détachés. Il y a ceux qui cèdent et ceux qui restent arc-boutés contre. Il faudrait une répression plus sévère que l'amende actuellement prévue. Le travail détaché est à son paroxysme. Il faut arrêter et penser aux travailleurs français. Mais cela passera par l'Europe.

Justement, il est beaucoup question d'Europe ces derniers temps. Promouvoir le Made in France a t-il encore du sens économique ?

Bien sûr que cela a du sens. Nous sommes pro-européens car l'Europe est un partenaire économique. Cependant il faut soutenir le Made in France. Le Made in France doit éclore sur la scène européenne. Il est indispensable que nous redevenions bénéficiaire concernant notre balance commerciale.

Quelles réformes doivent être engagées en priorité ?

Le Code du Travail doit être réformé, c'est certain ! La baisse des charges serait également bienvenue. La baisse des charges salariales c'est déjà très bien. Mais il faut aussi la baisse pour les entreprises. Il faut rendre le travail plus compétitif. Il faut redonner du pouvoir d'achat pour relancer la consommation.

Comment les entreprises françaises peuvent-elles gagner ?

Il ne manque pas grand-chose. Le problème est d'ordre administratif et fiscal. L'envie, l'innovation, la matière grise sont là. Mais nos jeunes, dès qu'ils sont diplômés, quittent la France et partent au Canada, en Australie, aux Etats-Unis... Nous devons conserver nos talents.

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Commentaires 2
à écrit le 29/08/2017 à 13:05
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"Les chefs d'entreprise ont confiance en eux, mais ce qu'il faut, c'est qu'ils aient confiance dans le système" : parce que bien sûr les employés et/ou consommateurs, eux, on s'en fout qu'ils aient confiance ou pas dans le système, du moment qu'ils s...

à écrit le 29/08/2017 à 10:34
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D'autant que le patron est le salarié de l'actionnaire et que le système aussi, un peu de cohérence en effet ne ferait pas de mal.

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