Pellegrin et fils, entre artisanat et modélisation 3D

Réunissant cinq générations de joaillers horlogers depuis 1840, la maison installée à Marseille trace son sillon en conjuguant savoir-faire artisanal et innovation. Mais outre les moyens techniques, c’est surtout dans l’approche client qu’elle entend faire preuve de modernité, afin de mettre davantage en adéquation son offre avec la demande.
Arnaud Pellegrin dessine lui-même toute nouvelle création de la maison.

Pellegrin et fils, c'est l'histoire de 5 générations de joailliers horlogers en Provence. Pourtant, si l'entreprise a intégré les dernières technologies en matière de conception, notamment les logiciels de modélisation 3D, elle ne compte pas se départir du coup de main qui a fait sa renommée. Car en joaillerie, rien ne remplace l'artisanat. "L'innovation, il faut l'intégrer... avec parcimonie", avance Arnaud Pellegrin, qui dirige aujourd'hui l'affaire familiale séculaire et dessine lui-même toute nouvelle création. Il est vrai qu'il a toute latitude pour doser tradition et modernité : la joaillerie Pellegrin et fils a la particularité d'avoir adossé à sa boutique marseillaise l'intégralité de la chaîne de valeur, de la création des pièces à leur réalisation. Elle est ainsi la seule en Provence à posséder sa propre infrastructure de production. Un avantage permettant de proposer du sur-mesure et de garder toute flexibilité. "Nous avons fabriqué 600 pièces en 2016. Auxquelles il faut ajouter 200 à 300 demandes personnalisées pour remonter des pierres". Outre les produits sous l'estampille Pellegrin, l'entreprise vend, via ses 5 boutiques basées à Marseille et Aix-en-Provence, près de 9 000 bijoux et montres, sachant qu'elle est également distributrice d'une dizaine de marques, en plus de sa propre collection. Soit bien moins que certaines enseignes concurrentes qui en proposent parfois jusqu'à trente.

Augmenter les marges...

Tel n'est donc pas le positionnement de la maison Pellegrin. "Internet est en train de changer la donne en termes d'usage. De nombreux consommateurs repèrent des pièces par ce biais, viennent les essayer en boutique et achètent ensuite en ligne... Il apparaît donc comme une évidence que nous devons développer nos propres collections". Une stratégie qui permettrait - et c'est bien là l'objectif majeur fixé - d'augmenter les marges de l'entreprise. "Notre chiffre d'affaires est de 10 M€ en 2016, dont un tiers réalisé grâce à la vente de pièces fabriquées à l'atelier. Nous aimerions passer de 30 à 50 % dans les prochaines années". L'entreprise a déjà pris "un point de marge supplémentaire chaque année depuis 3 ans", poursuit à son tour Jean-François Pellegrin, père d'Arnaud et auparavant à la tête de l'entreprise familiale, notamment grâce à la mise en ligne d'un site internet en décembre 2015. Lequel a conféré une visibilité supplémentaire à l'enseigne et drainé davantage la clientèle en boutiques.

... Une équation complexe

Mais malgré tout,  l'équation pour parvenir à ce fameux seuil de 50 % n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. Cela passera par "un développement de l'atelier dans le courant de l'année". Deux joaillers supplémentaires, une polisseuse et une chargée du contrôle qualité gemmologue ont déjà intégré ou intégreront bientôt l'équipe de la boutique marseillaise. Car pour vendre davantage de pièces estampillées Pellegrin, il faudra forcément que la fabrication suive... Toutefois, il ne s'agit pas d'entrer dans un productivisme acharné, explique Arnaud Pellegrin. "Nous ne voulons pas faire de grandes séries afin de garder ce côté artisan de la qualité". Pour la même raison, le nombre de collections, s'il sera étoffé, ne sera pas multiplié outre mesure. "Si nous en proposons une dizaine, à terme, ce sera un maximum", analyse quant à lui Jean-François Pellegrin. En revanche, la stratégie retenue, portant davantage sur le qualitatif que sur le quantitatif, sera basée sur une analyse plus poussée de la demande afin d'orienter la production. "Il s'agira d'écouter le client, de cibler le type de modèle de plus réclamé et d'anticiper les tendances en amont de la fabrication. En somme, le client devient le créateur... Il faut cesser de fonctionner à l'ancienne", conclut Arnaud Pellegrin.

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