"Le crowdlending : ce qu’il faut savoir et qu’on ne vous dira jamais"

Le financement participatif sous forme de prêt dédié aux entreprises (crowdlending) est né en mai 2014. Une petite révolution qui mettait ainsi au monopole bancaire en permettant à des entreprises – des PME principalement – de lever de la dette auprès de particuliers ou d’autres entreprises via des plateformes dématérialisées.

Le secteur s'est rapidement structuré avec la création de plusieurs plateformes et a vu ses encours multipliés par 3 en 2016 par rapport à 2015. Reste qu'avec seulement 46 millions d'euros prêtés sur les 8 premiers mois de 2016, le marché n'est encore qu'une goutte d'eau face aux 80 milliards d'euros injectés dans le financement des entreprises chaque année. Et quand on regarde les investissements réalisés, on constate une forte proportion de projets à forte "valeur d'actifs" : promotion immobilière et de fonds de commerce.

Que penser alors de ce nouveau canal de financement ? Le crowdlending va-t-il devenir une opportunité réelle et crédible pour les entreprises en croissance ou rester confiné à certains secteurs d'activité ?

L'argumentaire des plateformes à destination des emprunteurs est rodé et les atouts ne semblent pas manquer : C'est une réponse aux difficultés d'accès au crédit pour les PME alors que les banques déploient des exigences de solidité financière et de garanties toujours plus fortes. C'est aussi un complément idéal au financement bancaire pour couvrir les besoins immatériels non financés par les banques. C'est enfin une rapidité d'exécution et un suivi très léger post-emprunt permettant aux dirigeants de se concentrer sur ce qu'il fait de mieux, développer son affaire.

Encore contraint...

Toutefois le crowdlending reste encore contraint par le manque de maturité du secteur et des réalités économiques que le monde bancaire connaît trop bien. Le premier frein porte naturellement sur le coût du financement via crowdlending, avec des taux d'intérêts de 7% en moyenne, auxquels s'ajoute de 3 à 5% de commissions sur le montant levé et parfois des frais de gestion annuels. Le second frein concerne le taux de transformation des dossiers présentés. A l'exception notable de Lendix et de Lendosphère qui bénéficient de financements institutionnels, rares sont les plateformes capables de traiter des opérations supérieures à 200.000 euros.

Ces deux contraintes ont amené le marché à se centrer sur des emprunts de petite taille : 80 000 € en moyenne sur les 12 derniers mois.

Très peu de plateformes offrent aujourd'hui une volumétrie et des montants moyens susceptibles d'offrir une réelle alternative au financement bancaire. Ainsi, il est clair que si le marché n'évolue pas, ce mode de financement restera marginal dans l'écosystème de financement des entreprises. Pourtant nous pensons qu'il y a de véritables perspectives dans ce mode de financement que nous regardons avec attention pour nos clients.

Mais des perspectives

En effet plusieurs facteurs semblent venir favoriser son développement.

Le premier est lié à la dynamique du marché avec des plateformes qui se sont lancées dans une course au leadership et à la taille critique (évaluée à 100 M€ de prêts accordés, soit 3 fois plus que ce que le leader du secteur réalise aujourd'hui). Cela va permettre le développement d'une offre plus mature destinée à des emprunteurs de taille plus importante.

Le second facteur c'est l'intérêt porté par les institutionnels qui viennent s'appuyer sur ces plateformes pour bénéficier de taux élevés alors que les coûts de refinancement sont désormais quasi-nuls, permettant ainsi aux plateformes de se positionner sur des tickets de plus en plus importants. Dernier exemple en date après le partenariat GROUPAMA/UNILEND et ALLIANZ/LENDOSPHERE la création du fonds "Prêtons Ensemble" par Aviva et Eiffel Investment Group doté de 70 M€ à son lancement.

Le dernier élément est réglementaire, avec la création des "minibons" (prévue le 1er octobre mais en attente de publication du décret), qui correspondent à une émission obligataire ouverte aux particuliers comme aux entreprises. Ces "minibons" permettront de financer des sociétés de plus de trois ans (SA, SAS et SARL) à hauteur de 2,5 millions d'euros sur 12 mois glissants. Ils lèvent le frein du plafond de 2.000€ par emprunt pour les particuliers et surtout ouvrent le champ à la création d'un marché secondaire qui viendra offrir une plus grande liquidité aux prêteurs, notamment aux entreprises qui tiennent là enfin un nouvel instrument de placement de trésorerie. S'il faut encore attendre la parution du décret pour connaître les contours précis des "minibons" (maturité, mode d'amortissement et liquidité), ce nouvel outil doit permettre aux plateformes de changer de braquet quant aux financements proposés.

Le secteur du crowdlending a encore du chemin à faire pour offrir une offre de financement attractive aux PME. La réforme du secteur, à travers la création des minibons et l'ouverture à un marché secondaire doit permettre de renforcer la professionnalisation du secteur, augmenter sensiblement les flux de prêt disponibles via les institutionnels et de développer une offre économiquement plus équilibrée à destination des emprunteurs de qualité.

Enfin, et c'est peut-être l'opportunité la plus concrète à court terme, ces changements règlementaires ouvrent la voie à un développement du crédit inter-entreprises et offrent un cadre établi aux directeurs financiers pour diversifier et optimiser leurs placements de trésorerie.

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SMART-ENTREPRENEURS est une banque d'affaires innovante implantée à Nice, Sophia Antipolis, Aix-en-Provence, Montpellier et Lyon qui accompagne avec conviction les dirigeants dans leurs problématiques de croissance : financements, acquisitions ou cessions.

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