Johan Bencivenga : "Nous voulons casser les conservatismes"

En finir avec le travail en silo, les querelles de chapelle et le cloisonnement c'est l'objectif du président de l'Upe13. Un entrepreneur décomplexé et plutôt direct qui veut insuffler une franche dynamique à un territoire justement en pleine négociation d'un nouveau virage.
Le président de l'Upe13 veut bousculer les archaïsmes et se pose en fédérateur.

Vous avez baptisé le programme de votre mandature "Décloisonner les mondes". Concrètement, qu'est-ce que cela signifie ?

Cela signifie comment faire en sorte de faire avancer notre territoire et nos entreprises. Comment être efficace pour nos adhérents et plus largement pour le monde économique. Le fonctionnement habituel, où chacun a ses chapelles, est révolu. L'environnement s'est numérisé, il s'est complexifié, l'ancienne méthode n'est plus dans l'air du temps. Nous avons besoin de tous travailler ensemble, monde économique, monde politique et monde académique. L'idée est de décloisonner les générations, les territoires, les institutions...

Idée tentante sur le papier, mais comment la mettre en application dans la réalité ?

Cela peut-être vu comme une incantation, mais ça ne l'est pas. Sur ce sujet, nous sommes militants. L'économie n'a pas de frontière administrative. Certes, les rigidités sont difficiles à faire tomber. Mais nous sommes les derniers représentants de la génération  X, nous vivons une vie différente de celle de nos parents. Je dirige mon entreprise depuis 17 ans et depuis que je suis aux manettes j'entends parler de crise. Aujourd'hui, nous n'avons pas les moyens de ne pas travailler ensemble.

Le Conseil Régional a confié la présidence de la commission Emploi et Économie à Pierre Grand-Dufay, un entrepreneur marseillais qui préside un fond d'investissement. Il connaît donc bien le monde de l'entreprise. Allez-vous travailler ensemble ?

Nous avons tellement espéré que des représentants de la société civile s'engagent pour le bien commun que quand un homme a le courage de le faire, on ne peut que saluer cela. Nous avons le même objectif mais pas toujours le même timing. L'avantage d'avoir un entrepreneur à ce poste, c'est qu'il connaît le tempo de l'entreprise.

Les candidats à l'élection à la présidence de la Chambre de Commerce et d'Industrie Marseille Provence vont se déclarer d'ici le 15 mars. Qu'en attendez-vous ?

Pour l'Upe, c'est une élection très importante car la CCI est un outil puissant du monde économique. Nos relations doivent être complémentaires afin d'être le plus utile et efficace possible pour nos entreprises et notre territoire. C'est une question d'état d'esprit et celui qui sera élu à la présidence de la CCIMP doit être en phase avec notre programme.

Pour en revenir à votre programme justement, vous parlez de décloisonnement or la Métropole, même si le Conseil constitutionnel a rendu un avis qui valide son existence, continue de ne pas plaire à tout le monde et notamment au Maire d'Aix-en-Provence.

Nous sommes à un moment charnière de notre territoire. Une mutation administrative est en train de se faire. Nous avons une nouvelle institution qui arrive et nous devons accompagner sa mise en place. La Métropole c'est le périmètre à la taille pertinente, celle qui nous permet d'être attractif et visible dans un environnement mondialisé. Un autre virage est en train d'être pris, c'est celui du numérique et sur ce sujet, nous devons accompagner les commerçants et les artisans, ceux qui sont le plus fragile.

Le dialogue s'est-il établi avec d'autres organismes économiques ?

L'Upe a un rôle de fédérateur. Nous discutons avec Aix-Marseille French Tech par exemple et les accompagnons dans le dossier monté afin que le territoire soit candidat à l'accueil du CES Europe Afrique Moyen Orient. La décision sera validée d'ici trois mois et la manifestation est prévue pour 2017. Il nous faut convaincre que Marseille est bien la porte d'entrée naturelle sur l'Afrique.

Quels sont les manques sur le territoire ?

Inévitablement, c'est la problématique du transport, symptomatique du cloisonnement du territoire. J'ai honte de le dire mais c'est la réalité, il est plus rapide de faire Orly-Marignane que Marignane-Saint Barnabé (quartier de Marseille NDLR). Le manque de cohérence dans le transport est un frein à l'emploi, un frein à l'attractivité, un frein au développement des entreprises.

Que vous inspire la réforme du Code du travail portée par Myriam El Khomri ?

Si elle va jusqu'au bout, c'est une vraie révolution. Bien plus que la loi Macron. Une révolution que j'applaudis à deux mains. C'est la flexibilité que l'on attendait.

Mais je reste méfiant entre la version du projet de loi et la loi finalement votée.

Cette réforme ne permettrait-elle pas de rendre la France plus compétitive face aux autres pays européens ?

Elle viserait à réduire la différence de compétitivité. Après, dire que cela va résoudre tous les problèmes, sans doute pas. Nous avons pris un tel retard que ce n'est pas suffisant.

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