« On ne peut plus loger les Marseillais » (Nicolas Rastit, Unis)

Le président régional de l’Union des syndicats de l’immobilier revient sur la situation «catastrophique» du logement à Marseille. En plus d’un contexte tendu, à l’image de l’ensemble de l’Hexagone, il pointe la fragilité des trois fenêtres ces nombreux immeubles caractéristiques du centre-ville qu’il faut traiter en priorité.
(Crédits : DR)

Dire que les acteurs du bâtiment et du logement tirent la sonnette d'alarme ressemble presque à un euphémisme. « A Marseille, la situation est catastrophique », expose Nicolas Rastit, président de l'Union des syndicats de l'immobilier (UNIS) sur le territoire Marseille-Provence-Corse. Il met en avant un chiffre pour illustrer l'état de la situation phocéenne. En un an, l'offre de logements proposés à la location a chuté de 88,8 %. « C'est quasiment l'intégralité, cela veut dire qu'il n'y a plus de logement à Marseille », insiste Nicolas Rastit. La donnée vient de Clameur, une association d'observation du marché locatif composée des acteurs du secteur. Elle n'est pas totalement exhaustive -puisqu'elle ne prend en compte que les biens gérés par des agences, environ 40 % des logements à Marseille, qui font remonter leurs données à Clameur- mais traduit une tendance de fond.

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Pour sortir de cette situation, Nicolas Rastit reconnaît qu'il « n'y a pas de recette miracle » eu égard au temps long inhérent à la construction. « La crise ne pourra pas se décanter rapidement, il faut attendre en trois et cinq ans pour relancer la machine », prévient-il. Résultat, « on ne peut plus loger les Marseillais, et je ne parle pas de nouveaux arrivants. Des personnes qui ont un enfant supplémentaire ne changent pas de logement parce qu'ils ne trouvent pas plus grand ». Cette absence d'offre locative entraîne un cercle vicieux avec un taux de rotation faible ce qui n'incite par les locataires à changer et donc des prix qui augmentent.

Solidifier avant de rénover énergétiquement

Comme pour beaucoup d'acteurs locaux du secteur, Nicolas Rastit fustige la diminution drastique des permis de construire accordés par la ville de Marseille avec « 3.800 logements neufs en 2022 quand il en faudrait au minimum 12.000 par an ». La rénovation ne s'apparenterait qu'à une goutte d'eau dans cet océan de carence. Pour ne rien arranger, le dialogue semble impossible. « Nous n'avons toujours pas été reçus par la mairie », grince-t-il, reconnaissant tout de même une rencontre avec l'adjoint en charge du logement Patrick Amico au tout début de son mandat. Tout en ne commentant pas le départ de Mathilde Chaboche, ex-adjointe déléguée à l'urbanisme, qui a ravi les promoteurs.

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Nicolas Rastit assure en revanche avoir de très bons rapports avec la Métropole Aix-Marseille Provence. La collectivité a en effet la compétence du logement et du plan local d'urbanisme (PLUi) qui donne les grandes lignes de l'urbanisme. « Mais in fine, c'est la Ville qui signe les permis », rappelle le président de l'Unis-Provence-Corse. Cela ne l'empêche pas d'adresser des reproches à la Métropole indirectement : « La ville dit avoir arrêté les permis de construire car il n'y a pas de transport (ndlr : une compétence métropolitaine), et bien mettez les moyens sur les transports en commun car il n'y a pas assez, ou alors le tramway est au-dessus du métro, et cela crée d'autres problèmes ».

Au-delà de la construction, l'Unis avance d'autres explications qui n'incitent pas les propriétaires à louer comme l'encadrement des loyers, « que nous attaquerons en justice », prévient Nicolas Rastit, ou les diagnostics énergétiques. « A Marseille, la rénovation c'est bien mais les petites copropriétés ou trois fenêtres marseillais est le grand oublié. Il faut d'abord solidifier ces immeubles » très nombreux dans le centre-ville, tonne-t-il. Du côté de la location saisonnière dite « Airbnb », elle n'est pas « la principale fautive » pointe Nicolas Rastit.

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