Dans le Sud, les fusions-acquisitions sont (aussi) une preuve d’attractivité

Cinquième région pour ce qui concerne les opérations de fusions-acquisitions enregistrées en 2022, Provence Alpes Côte d’Azur doit beaucoup aux secteurs de la santé, de l’industrie et des technologies. Des filières qui attirent les intérêts nationaux alors que régionalement, les perspectives pour l’année en cours devraient s’établir à l’identique de celle de l’année précédente. Un signe de la volonté des dirigeants de grandir et donc preuve d’une projection long terme qui devrait rassurer.
(Crédits : DR)

Dans la vie comme en économie, tout est relatif. Et ce n'est pas le -21% enregistré en 2022 qui doit assombrir l'humeur du monde économique en matière de fusions-acquisitions. Car cette donnée est surtout à replacer dans un contexte de post-crise sanitaire, où les opérations ont connu un bond pour le moins significatif de +90%. Tout va donc plutôt bien au pays des M&A, comme le démontre le baromètre In Extenso Finance et comme l'explique Bernard Cendrier, directeur associé, indiquant qu'un effet rattrapage joue pour partie sur le bon comportement du Sud - les opérations mises en suspens durant la crise sanitaire se sont déportées en 2021 - mais que certaines filières, parce qu'elles concentrent des projets de croissance, sont aussi favorables à ces rapprochements.

Santé et industrie en moteurs d'attraction

L'un des indicateurs qui l'appuie est celui qui regarde le montant des transactions. Si les opérations comprises en 1 à 5 millions d'euros ont été les plus importantes en 2021 ce sont les opérations comprises entre 5 à 15 millions d'euros et celles comprises entre 15 à 50 millions d'euros qui augmentent doucement mais sûrement au cours des 24 derniers mois. Ce qui n'est pas neutre pour une région telle que Provence Alpes Côte d'Azur. Des transactions plus importantes et c'est notamment grâce à l'industrie, précise Bernard Cendrier, le tissu industriel étant générateur de grosses opérations. Ce qui vaut d'ailleurs pour d'autres bassins industriels.

Regardé à la loupe parce qu'il est inlassablement un indicateur de la santé économique - et encore plus parce que les voyants ne sont pas tous au vert - le BTP est lui aussi un secteur où les fusions-acquisitions se multiplient, notamment dans le second œuvre. La raison est ici « conjoncturelle, poussée par la perspective des Jeux Olympiques et par la politique de rénovation énergétique initiée par le gouvernement ». Mais sans grande surprise, ce sont les services aux entreprises et aux particuliers qui drainent la majorité des opérations, suivi par le secteur toujours très regardé des technologies, médias et télécommunications, la filière spatiale n'étant pas étrangère à la chose.

Voilà en revanche qui valide la force de la filière santé et que les dernières annonces de France 2030 confirment, la santé-pharma est le troisième secteur générateur de transactions, pour une valorisation estimée de 18 millions d'euros. Un secteur qui n'est pas aussi dynamique au national où il n'est que le cinquième contributeur aux fusions-acquisitions. Preuve, s'il en fallait encore une, que le Sud se positionne comme un leader sur le sujet, et que la multitude de biotechs, medtechs, qui constituent une part essentielle de la filière sont aussi des sujets d'attention.

Quand Paris se renforce dans le Sud

Car, le Sud est très regardé depuis... Paris. Ainsi, les acquéreurs sont, à 43%, originaires d'Île-de-France, quand « seulement » 22% d'entre eux sont installés en Provence Alpes Côte d'Azur. A noter, les 16% originaires d'Auvergne-Rhône-Alpes qui lorgnent sur leur voisin du Sud.

La problématique de comment financer les acquisitions s'est aussi adaptée à la conjoncture. Et les fonds sont de plus en plus acteurs des transactions, là où les actionnaires privés avaient l'avantage. Deux raisons à cela, explique Bernard Cendrier, « en 2022, les valeurs de transaction n'ont pas chuté et la hausse des taux d'intérêts rend les prêts par les banques plus complexes ».

Mais surtout, explique le directeur associé d'In Extenso Finance, « certaines entreprises s'inscrivent dans une stratégie de diversification et Provence Alpes Côte d'Azur présente de plus en plus d'attraits ». Des entreprises, qui parfois, viennent au M&A, alors qu'elles ne s'y intéressaient pas auparavant.

Le buy and build, stratégie porteuse

Dans ce contexte, qu'attendre de 2023 ? « Nous ne voyons pas de chute des transactions car les dirigeants souhaitent se développer », analyse Bernard Cendrier, faisant également référence au Buy and Build, cette stratégie qui consiste à mener des acquisitions sectorielles complémentaires pour renforcer l'entreprise et consolider sa croissance dans un aspect de positionnement face à un marché qui évolue et/ou se consolide. Et dans ces perspectives, l'industrie joue encore un rôle majeur, notamment estime Bernard Cendrier, dans le secteur de l'usinage et de la mécanique, « où les grands donneurs d'ordre souhaitent avoir des fournisseurs de rang 1 », ce qui suppose une certaine taille. « Les fondamentaux sont  bons ». Reste, néanmoins et sans surprise, la question RH et de résoudre les difficultés de recrutement...

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