L'Afrique, startup du monde  ?

Jeunes de par leur démographie, les pays d'Afrique sont le terreau d'une innovation répondant à des besoins prégnants des populations. Ainsi, l'essor des fintechs a d'abord permis d'offrir à chacun un service bancaire, avant de faire le lit d'autres technologies dans les domaines de l'agritech ou de la e-santé. Le tout, dans un écosystème de plus en plus structuré qui suscite l'intérêt de grands groupes mondiaux. Une analyse partagée lors du Forum Europe-Afrique ce 16 mai.
(Crédits : DR)

L'Afrique, startup du monde ? La métaphore plaît en tout cas à Behjet Boussofara, directeur général de Talan Tunisie, qui n'hésite pas à la filer. « L'Afrique est un foyer d'innovation. Elle porte une promesse de croissance forte et a un important besoin de financement ».

Un foyer d'innovation particulièrement en avance dans le domaine des fintechs, ces technologies qui ont notamment permis à chacun d'accéder à des services bancaires grâce à son téléphone. « Les fintechs se sont développées car l'Afrique avait du mal à développer des infrastructures fixes. Mais aujourd'hui, le mobile a ringardisé le fixe ». Et ce, bien au-delà des frontières continentales.

Une technologie au service de besoins africains et mondiaux

Et les fintechs, dont le développement se ralentit désormais quelque peu du fait de la maturité de ce marché, constituent désormais le socle d'autres innovations dans les domaines des cleantech, de la e-santé ou encore de l'agri-tech.

« L'Afrique est un continent où l'on fait faire des innovations à partir de la frugalité, en se basant sur les besoins essentiels des jeunes », observe Lamia Aamou, présidente du World Electronics Forum de Rabat 2023. Des besoins africains qui sont de plus en plus internationaux. Et Lamia Aamou de citer par exemple les pandémies ou les sécheresses. L'Afrique dispose donc des atouts majeurs dans l'économie mondiale. Reste que ses entreprises « ne réfléchissent pas tout de suite en global. Les visent d'abord leur quartier, leur ville ... Elles ont même du mal à adresser leur pays ».

Alors pour les aider à exploiter tout leur potentiel, les écosystèmes entrepreneuriaux se structurent. Au delà des politiques publiques qui peuvent rendre le cadre réglementaire plus propice aux startups, les pays se dotent de plus en plus d'incubateurs et autres accélérateurs. Structures parfois portées par de grands groupes internationaux comme Orange ou Huaweï. Autant de « sponsors de startups » qui proposent également pour certains des formations ou encore des fonds d'investissement à l'image du Fonds Digital Ventures d'Orange.

« Ce qui manque peut-être, ce sont des fonds africains »

C'est dans ce contexte qu'en 2019, 2 milliards de dollars ont pu être levés par les startups africaines. Et celles-ci s'avèrent relativement résilientes. Reste que ces sommes se concentrent sur un petit nombre de pays, comme le rappelle Samir Abdelkirm, fondateur d'Emerging Valley. « Il y a un quatuor de tête qui capte l'immense majorité des flux et stocks d'investissements. : l'Égypte, le Nigéria, le Kenya et l'Afrique du Sud ». Ce qui n'empêche que « de plus en plus de pays francophones enregistrent des méga levées (soit plus de 100 millions d'euros). Cela a par exemple été le cas en Tunisie, au Sénégal ou en Algérie ».

Reste un point d'amélioration selon le fondateur d'Emerging Valley : « Ce qui manque peut-être, ce sont des fonds africains ». Une carence que Lamia Aamou voit progressivement se résorber. « Les fonds africains arrivent. On voit naître des fonds souverains de pays africains. Les choses bougent ».

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