« Notre programme Soft Landing Africa va offrir l’opportunité aux startups africaines de se développer en France et en Europe » (Martine Vassal, Métropole Aix-Marseille Provence)

Capitale européenne de l’innovation 2023, Aix-Marseille Provence a tissé depuis longtemps des liens avec le continent africain et certains systèmes de l’innovation. Mais le sujet d’une coopération plus solide et plus durable rebat les cartes des échanges. Où le monde entreprenarial a évidemment une carte prioritaire à jouer. Et les startups particulièrement.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Le Sud de façon générale et plus particulièrement le territoire d'Aix-Marseille est assez naturellement un allié du continent africain ne serait-ce que pour sa position géographique. La Métropole que vous présidez lançait en 2021 Provence Africa Connect avec comme objectif de créer une dynamique globale et de faire émerger des solutions innovantes. Deux ans plus tard, où en est cette initiative ?

MARTINE VASSAL - Nous avons effectivement engagé, en 2021, une démarche collective que nous avons appelée « Provence Africa Connect » afin de renforcer notre positionnement en tant que Hub Europe-Méditerranée-Afrique. Une démarche confirmée dans le cadre de l'agenda du développement économique qui a été voté l'année dernière par le Conseil métropolitain. La Métropole a notamment accompagné et fait grandir, depuis sa création, le Forum Emerging Valley, premier événement européen pour dynamiser l'entrepreneuriat innovant, les startups et les investissements dans la tech entre l'Afrique et l'Europe. Nous nous réjouissons de voir à quel point ce rendez-vous, comme le Forum Europe Afrique, sont devenus incontournables en rassemblant à la fois notre écosystème d'innovation et des acteurs majeurs du sujet comme le campus de l'Agence Française de Développement, l'Institut pour la Recherche et le Développement, Bpifrance, Anima... tous engagés dans cette démarche collective. Sans oublier les réseaux d'entrepreneurs, notamment le réseau AfricaLink, que nous soutenons aux côtés de la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence, qui grandit chaque année et fédère une communauté de près de 200 entreprises, dont 35% de PME africaines.

On sait que l'Afrique est, sur certains sujets, en avance sur l'Europe, notamment sur des thématiques de sécheresse, préservation des ressources, sur l'usage du mobile aussi. La Métropole Aix-Marseille Provence a été désignée capitale européenne de l'innovation, plus particulièrement sur la ville méditerranéenne durable. Comment travaillez-vous avec l'Afrique sur ce point ?

La réalité du changement climatique, à l'échelle planétaire, fait aujourd'hui l'objet d'un large consensus au sein de la communauté scientifique internationale. Face à ce constat, il est impératif d'agir. La Métropole Aix-Marseille-Provence est considérée comme particulièrement vulnérable au changement climatique. L'institution a ainsi adopté un Plan climat-air-énergie, en 2021, complété par un plan de sobriété énergétique en 2022, qui ont fixé à la fois des objectifs de réduction des consommations d'énergie, de production d'énergie renouvelable, de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d'amélioration de la qualité de l'air et d'adaptation aux conséquences du changement climatique à l'échelle territoriale.

Bien sûr, nous sommes attentifs aux solutions innovantes que nous voyons émerger dans la région mais aussi en Afrique avec laquelle nous partageons des problématiques communes en matière de risques. La filière eau-environnement fait partie, naturellement, des filières prioritaires dans le cadre de la démarche « Provence Africa Connect ». Nous travaillons aux côtés d'acteurs fortement engagés dans le développement de la « ville durable méditerranéenne » comme l'AVITEM ou l'EPA Euroméditerranée. Le Technopôle de l'Arbois, 4e au monde au niveau environnemental, accueille également des porteurs de projets innovants africains, et il faut encore accélérer dans l'échange des bonnes pratiques et solutions entre l'Afrique et notre territoire.

Vous avez mené plusieurs missions à caractère économique en Afrique, notamment au Maroc. L'un des incubateurs marseillais, Marseille Innovation, a même noué des liens serrés avec le Technopark dans ce pays. Faut-il aller plus vite dans l'accompagnement des startups ?

Lors de la mission que j'ai pu conduire au Maroc, nous avons effectivement signé un partenariat entre Marseille Innovation et le Technopark de Casablanca. Cet accord se poursuit avec l'engagement de ces deux structures dans le programme « Meet Africa », initié par Expertise France. L'Afrique, continent de la jeunesse, est aussi celui de l'innovation. Nous sommes attentifs au déploiement des usages numériques, des solutions innovantes et des startups en Afrique, qui intéressent particulièrement notre écosystème d'innovation.

Comme vous le savez, la Métropole a obtenu fin 2022 le titre de Capitale européenne de l'innovation. Le dossier de candidature à ce concours organisé par la Commission Européenne s'est appuyé fortement sur l'engagement de la Métropole et de son écosystème d'innovation pour le partenariat avec la Méditerranée et l'Afrique. Nous souhaitons poursuivre la dynamique : c'est ainsi que, dans le cadre de l'année de l'innovation 2023, la Métropole va déployer le dispositif « Soft landing Africa » pour l'accueil et l'accompagnement par l'écosystème d'innovation de startups africaines ayant un potentiel de développement sur le territoire et en Europe.

Nous avons également décidé de soutenir, dans ce cadre, des projets ciblés comme celui en faveur de l'entrepreneuriat innovant des étudiants initiés par Kedge Business School et le réseau Anima.

Ce rapprochement peut-il aussi se faire au niveau d'entreprises plus installées, telles des PME et grands groupes ?

Le rôle des entreprises plus installées est évidemment primordial. Africalink est un acteur majeur des partenariats dont nous discutons. Ce réseau et sa communauté d'entreprises sont toujours présents et acteurs des dispositifs qui permettent et valorisent des rapprochements, comme le concours Med Innovant Africa, qui récompense des porteurs de projets innovants africains, ou « Provence Africa Connect », qui met en lumière des entrepreneurs qui contribuent au renforcement du partenariat et des liens économiques entre le territoire métropolitain et l'Afrique.

N'ounblions pas, bien sûr, le rôle des grands groupes. Le Club Top 20, qui rassemblent les plus grandes entreprises dont le siège est sur notre territoire, est également fortement engagé dans cette démarche de positionnement vers l'Afrique et je sais que nombreux sont ses membres présents en Afrique : CMA CGM, Compagnie Fruitière, La Société du Canal de Provence... Le Club Top 20, comme Africalink et la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence, est d'ailleurs associé aux Trophées One Provence que nous remettons aux sociétés qui sont emblématiques de ce positionnement Afrique-Europe à l'occasion du Forum Europe-Afrique.

En termes de coopération, on sait que les attentes sont vives de chaque côté de la Méditerranée pour une coopération renforcée. Quel est le rôle des territoires dans cette coopération ?

Les territoires jouent un rôle majeur en matière de coopération et je salue le travail déjà engagé. Je pense, en particulier, à l'engagement de Renaud Muselier et de la Région en Méditerranée et dans certains territoires africains comme à Djibouti. Nous devons nous inscrire dans cette dynamique. En matière de coopération, on peut rappeler en complément de notre engagement en faveur de l'innovation que, dans le cadre de la loi Oudin-Santini, la Métropole a soutenu 55 projets permettant de favoriser l'accès à l'eau et l'assainissement dans 18 pays, 32 projets ont déjà été menés à leur terme et c'est une vraie fierté. Parmi les actions les plus emblématiques accomplies : la mise en place, par l'association Hydraulique Sans Frontières, d'un projet d'adduction d'eau potable et d'assainissement dans 24 villages du Togo ; le renforcement de l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et la gestion intégrée des ressources en eau dans les Niayes au Sénégal et un projet d'adduction d'eau potable et d'assainissement écologique dans le douar de Gourizim au Maroc. En 2022, MPA Coopération a permis à 60 écoles et 40 centres de soins d'une région du Sénégal d'avoir accès à une eau saine.

En 2023, la Métropole a déjà voté plus de 540 000 euros de subventions pour différents projets d'assainissement et d'accès à l'eau. L'accès à l'eau, comme la lutte comme le changement climatique, sont des défis majeurs qu'il est primordial que nous relevions ensemble, en Europe et en Afrique.

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