A Marseille, le Mucem devient le premier musée au monde à proposer un abonnement 100% numérique

Soutenu par le secteur des technologies, le musée installé à Marseille annonce la sortie d'une application qui permettra, en plus d'avoir gratuitement accès à toute l'information concernant le musée, de s'abonner numériquement pour bénéficier en illimité de ses expositions. Une façon d'élargir son public. Qui l'obligera à faire évoluer ses pratiques.
(Crédits : DR)

Tout comme certaines fleurs, jugées plus mellifères, permettent d'attirer les pollinisateurs dans un jardin, il est des équipements structurants qui, en peu de temps, contribuent à rendre une ville beaucoup plus attractive qu'elle ne l'était. Le Mucem, musée national implanté en 2013 à Marseille, est de ceux-ci.

Figurant parmi les trois lieux les plus visités à Marseille, « le Mucem est le seul musée national à avoir retrouvé sa fréquentation d'avant-covid-19 », se félicite Pierre-Olivier Costa, nouveau président du Mucem qui succède depuis novembre 2022 à Jean-François Chougnet. De bons résultats qui ne l'empêchent pas de vouloir aller plus loin. « Nous avons bâti un projet stratégique centré sur les public, notamment sur ceux qui ne viennent pas ou peu. Nous avons choisi de leur adresser plusieurs messages afin de leur demander de reconsidérer leur relation avec le Mucem ».

S'adapter aux nouveaux modes de consommation

Une stratégie qui passe notamment par la création d'un outil numérique proche de ceux que certains publics - jeunes notamment et peu coutumiers du Mucem - utilisent au quotidien. A l'image des nombreuses plateformes sur abonnement de type Netflix.

Pour ce faire, le Mucem se donne plusieurs principes directeurs, comme l'explique Victor Jacques, chargé du projet : « On voulait un outil qui soit complètement digital et sur mobile car après 12 ans, 95 % des Français sont équipés d'un smartphone. On voulait éviter la carte physique qui n'est pas toujours sur nous quand on en a besoin. Il fallait aussi que l'abonnement soit accessible grâce au micropaiement. C'est ce qui fait le succès économique des plateformes : il est plus facile de faire de petits paiements tous les mois qu'un gros paiement à l'année ».

La souscription à l'abonnement doit également être rapide, de sorte qu'une personne qui se balade autour du Mucem puisse s'abonner en quelques dizaines de secondes seulement. Et bien sûr, la sécurité est essentielle. De même que la flexibilité de l'offre : il faut pouvoir se désabonner aussi facilement que l'on s'est abonné.

Sur la base de ce cahier des charges, le Mucem établit un appel d'offre. C'est finalement une startup toulousaine - Openmusée - qui s'attellera à mettre sur pied l'outil. Avec le renfort de l'écosystème des technologies d'Aix-Marseille.

Quand les fées de la tech se penchent sur le Mucem

« Pour accompagner ce projet expérimental, non prévu et risqué, il nous fallait des parrains », explique-t-on côté Mucem. Un rôle que porteront le spécialiste du conseil en numérique Klanik, de même que Stid, leader européen des solutions d'identification sans contact.

« Avec ce nouvel outil, le Mucem voulait toucher un public plus large or le monde de la tech n'est pas particulièrement proche de celui de la culture », observe Johan Guedj, fondateur de Klanik. « Alors quoi de mieux qu'un outil technologique pour rapprocher nos talents de la culture ? » L'entreprise accompagne le Mucem, le conseille. « C'était une façon de mieux s'ancrer dans notre ville tout en assouvissant notre soif d'internationalisation car le Mucem est une porte sur le monde ».

Concernant Stip qui s'est attelée à apporter « la brique de l'identification des utilisateurs », contribuer à ce projet a été l'occasion de développer « le bien-être des salariés et faciliter leur accès à la culture ».

Par ailleurs, le Mucem a pu s'appuyer sur Aix-Marseile French Tech, association à laquelle le musée est lié depuis 2018 par une convention cadre. Dans une relation que Julie Davico-Pahin qualifie « d'histoire d'amour », soulignant les convergences entre le milieu marseillo-aixois de la tech et le Mucem, « seul musée national à être partenaire d'une French Tech française » : « La French Tech Aix-Marseille a en commun avec le Mucem plusieurs singularités : elle aime beaucoup la culture et elle cherche à avoir toujours plus d'impact, à intégrer toujours plus de populations ».

Fidéliser les visiteurs et densifier l'offre

De cette coopération pluri-acteurs, une application appelée Mucem + verra la jour le 3 juin prochain, date de lancement du week-end d'anniversaire des dix ans du Mucem. Sur cette application, chacun pourra gratuitement accéder à toute l'information ayant attrait à la programmation : expositions, projections, concerts, et autres colloques ; lieux alentours, restaurants. Les services d'audioguides seront également intégrés.

Les abonnés pourront quant à eux accéder à leur e-badge qui leur permettra d'accéder gratuitement et en illimité à toutes les expositions. Moyennant un paiement mensuel de 3 à 10 euros selon le nombre de proches avec lesquels l'abonné souhaite profiter de l'accès au musée.

« Cette offre doit entraîner une modification des usages », anticipe Victor Jacques. « Lorsqu'on achète un billet standard, on veut vraiment faire la visite à fond ». Et ce, de façon plus ponctuelle. Avec l'abonnement, « les gens hésiteront moins à entrer, même si c'est pour dix minutes seulement car les enfants sont fatigués. Ou s'ils ne sont pas certains qu'une exposition leur plaira ». Et les abonnements prévoyant des accompagnateurs permettront de faire des abonnés des ambassadeurs du lieu.

Mais si l'abonnement a vocation à faire évoluer les pratiques des usagers, il oblige aussi le Mucem à repenser son offre. « Le Mucem va se transformer avec Mucem+ », envisage son président. « Nous allons davantage dévoiler notre programmation sur le temps long. Et alors que dans le hall, nous avions pour habitude de proposer deux expositions semi-temporaires pour une durée de 2 à 5 ans, nous allons désormais en remplacer une par une exposition temporaire ». Histoire de ne pas lasser des visiteurs appelés à venir plus fréquemment. De même, « Nous allons réarmer la programmation culturelle du Fort Saint-Jean pour attirer de plus en plus de monde, et de plus en plus de familles ».

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