Levées de fonds : dans le Sud, ces chiffres qui confortent les startups (et l'innovation)

En enregistrant une augmentation significative des levées de fonds lors des trois premiers mois de l’année, les startups originaires de Provence-Alpes-Côte d’Azur s’inscrivent dans une dynamique qui va bien avec le reste de l’économie régionale, présentée par tous les indicateurs comme résiliente. Une bonne nouvelle qui ne soit pas être ni l’arbre qui cache la forêt, ni un sursaut avant dégradation. Pour autant, cette bonne tenue démontre aussi la capacité du tissu de l’innovation à être capable de vision long terme associé à une maturité de certaines pépites, parfois très en avance sur leur marché.
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Le financement de l'innovation est régulièrement au centre des intérêts : parfois taxé de trop regarder les startups avec les yeux de Chimène, parfois enjoint à être plus « risqué », il est, dans un contexte économique qui subit des soubresauts constants depuis trois ans, encore au centre du jeu. Pour autant, les crises, la prise en compte plus forte de certains critères notamment tournés vers le durable et le social entraînent une approche plus raisonnée, pas forcément plus sévère mais plus attentive, aux besoins en fonds.

Un retour à une certaine rationalité qui se mesure au niveau national, le bilan des tours de tables réalisés au premier trimestre 2023 montrant une certaine régulation, la fin d'un engouement tout feu tout flamme.

Grignoter des parts de marché... et des places sur le podium

Un état de fait qui, en revanche, ne concerne pas Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans le Sud, d'après le Baromètre réalisé par In Extenso Innovation Croissance et l'ESSEC BS, c'est même un inattendu + 85% qui résume le volume des montants levées - soit 140 millions d'euros - au cours des trois premiers mois de l'année en comparaison au premier trimestre 2022.

Un comportement à contre-courant donc de la tendance nationale qui peut surprendre mais qui est le résultat d'un tissu de l'innovation à la fois très structuré - qui a pris le temps pour se faire - et de startups qui ont-elles aussi ont été patientes - un exercice pas toujours facile - et récoltent aujourd'hui le fruit de leurs convictions et de leurs efforts.

En trois mois donc, les jeunes entreprises innovantes de Provence-Alpes-Côte d'Azur ont réussi à lever plus de la moitié de ce qui a été réalisé en douze mois, l'année précédente. Un très bon début d'année qui fait surtout faire un bond avant tout psychologique, le Sud s'adjugeant par la même occasion, la troisième place du podium des régions, derrière l'indétrônable Ile-de-France et la toujours dynamique Auvergne-Rhône-Alpes pour se positionner avant le Grand-Est et l'Occitanie. Une troisième place qui fait du bien au moral, quand on sait que les classements sont aussi des outils d'attractivité. Le Sud qui ne quitte pas la troisième place du podium, devançant Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire - des candidats avec qui elle en découd régulièrement - si l'on considère également le nombre de levées. Soit 18 deals aboutis, une donnée elle aussi en croissance, à 64%.

Maturité et secteur de pointe, le combo différenciant

Provence Alpes Côte d'Azur surprend donc en faisant mieux que le national. Pourtant, ce dynamisme n'est pas si surprenant si l'on regarde un peu plus en profondeur ce qui structure ces résultats. Ainsi, la quasi-majorité des opérations conclues concerne des startups dont la durée de vie est comprise entre 3 et 8 ans. A 70%, ce sont même des startups ayant plus de 5 ans. Des jeunes pousses a priori donc, sorties de la vallée de la mort - cette période comprise entre la naissance et 3 ans - et qui ont eu le temps de gagner en maturité, de rencontrer leur marché et s'y positionner, de pivoter s'il le fallait. Ce qui constitue inévitablement des éléments de réassurance pour les investisseurs. D'autant plus que ce sont de jeunes entreprises positionnées sur des secteurs très regardés, le premier d'entre eux étant celui de l'énergie. L'un des meilleurs exemples pour illustrer le propos est sans doute la pépite originaire d'Aix-en-Provence, Hysilabs. Si elle fait partie du cercle fermé de celles ayant conclu un tour de table significatif, à hauteur de 13 millions d'euros, Hysilabs est née il y a près de dix ans, avalisant le fait que posséder une technologie disruptive - le transport d'hydrogène liquide - a, par nature, besoin de temps pour convaincre. Parcours identique pour la spécialiste des polymères biosourcés, Ecoat, originaire de Grasse, qui s'est place sur ce segment dès 2011 et qui depuis, évangélise sans relâche son secteur et compte bien accélérer davantage grâce au tour de table finalisé à hauteur de 10 millions d'euros.

Autre secteur ultra-stratégique, celui de la cybersécurité émerge fortement dans le Sud et sur ce segment, Egérie, installée dans le Var, fait office de pépite quoi monte, la levée de 30 millions d'euros conclue début 2023 lui permet d'ailleurs de prendre la deuxième place du classement des entreprisesrégionales  ayant réalisé les levées les plus importantes, juste après Volta Medical et ses 36 millions d'euros.

Faire la preuve de concept... sur un temps long

Car voilà un autre secteur qui continue de porter le Sud : la santé. On ne reviendra pas sur l'écosystème ultra-structuré qui différencie notamment Aix-Marseille. Mais pas que. Si du côté des Bouches-du-Rhône, biotechs, medtechs, hôpitaux, talents forment un fabuleux écosystème... dans les Alpes-Maritimes, Innoskel, la startup créée par Elvire Gouze, installée au sein du Bioparc de Sophia-Antipolis et qui travaille sur une forme rare de nanisme, démontre la capacité du territoire à héberger et faire grandir de réelles startups totalement disruptives. De celles qui sont capables de devenir les grandes entreprises de demain - la licorne n'est pas forcément l'horizon final - voire d'attirer le regard des big pharmas dans ce cas précis ou des grands groupes plus généralement. Reste à Provence Alpes Côte d'Azur à confirmer, à prouver que les résultats engrangés en trois mois ne sont pas le fait d'un heureux hasard mais sont ceux d'une maturité atteinte, d'une capacité à prendre des leaderships et à être financés. Dans un contexte économique plus regardant et au regard acéré, ça n'en a que plus de valeur...

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