Besoins en main d'œuvre  : « Nous faisons face à une équation difficile car tout change en même temps » (Pascal Blain - Pôle Emploi)

Difficultés de recrutements, nouvelles attentes de la part des travailleurs, réindustrialisation... Face à ces nouveaux défis à l'œuvre dans le monde du travail, Pôle Emploi tente de mieux faire coïncider offre et demande d'emploi. L'établissement public s'adresse pour cela autant aux personnes sans emploi qu'aux entreprises. Promouvant notamment sur de nouvelles façons de recruter.
(Crédits : DR)

« Un taux de chômage historiquement bas. Un nombre d'offre d'emplois historiquement haut. Et une crise des représentations autour du monde du travail, avec des gens qui en attendent autre chose ». Voilà comment Pascal Blain, directeur de Pôle Emploi Provence-Alpes Côte d'Azur, résume les principales tendances à l'œuvre dans le monde du travail post-covid-19. « Nous faisons face à une équation extrêmement difficile car tout change en même temps ».

Difficile notamment pour les entreprises qui ont de plus en plus de mal à recruter : elles sont ainsi 63 % à rencontrer des difficultés de recrutement d'après la dernière enquête sur les Besoins en main d'œuvre de Pôle Emploi en Provence-Alpes Côte d'Azur. Un chiffre en hausse par rapport à l'année dernière.

Nouvelles manières de recruter

Pour les aider et mieux faire coïncider offre et demande, Pôle Emploi s'attelle à travailler à la fois avec elles et avec les personnes sans emploi. Concernant les entreprises, il s'agit de les aider à « travailler sur leur marque employeur, sur l'attractivité de leur offre », ce qui peut passer par un aménagement des rythmes de travail, l'évolution des salaires et divers avantages annexes. « Nous travaillons aussi avec elles sur d'autres méthodes de recrutement, sans CV notamment, qui marchent bien ».

Côté demandeurs d'emploi, l'établissement public s'attelle à proposer des formations : un milliard d'euros sur cinq ans y ont été consacré, dont un quart pour les moins de 25 ans chez qui le taux de chômage reste supérieur à la moyenne.

Réapprendre à parler d'industrie aux jeunes

S'y ajoutent diverses actions de sensibilisation, notamment dans des filières stratégiques comme l'industrie, alors que la réindustrialisation est très présente dans les discours politiques. Des discours pas forcément en phase avec les chiffres puisque seuls 4 % des besoins en main d'œuvre concernent l'industrie en région. Pascal Blain y voit plusieurs explications : le secteur est en pleine structuration. Il recourt fortement à des intérimaires. Et a « encore besoin d'apprendre à travailler avec Pôle Emploi ». Pôle Emploi qui se dit néanmoins prêt à parler d'industrie aux jeunes, ce qu'on a « désappris » à faire depuis une trentaine d'années, pensant que « l'industrie était derrière nous ». Mais la donne ayant changé, « il y a un travail d'orientation à faire. Nous devons leur expliquer qu'il y a des possibilités importantes pour des dizaines d'années dans l'industrie ».

 Agriculture : vers plus d'annualisation du temps de travail ?

Et l'industrie n'est pas le secteur stratégique pour l'avenir. L'agriculture est également au cœur de forts enjeux de souveraineté et fait elle aussi l'objet de difficultés de recrutement alors même que, réchauffement climatique oblige, les saisons de production s'allongent. Une évolution qui pourrait être accompagnée par « une annualisation du temps de travail », et donc le recours à davantage de CDI à la place de certains contrats saisonniers. Ce qui pourrait peut-être accroître l'attractivité de ces métiers.

Mais la rencontre entre offre et demande d'emploi peut aussi se jouer en amont de l'entrée des jeunes sur le marché du travail, à travers l'Éducation nationale. « Nous avons commencé à travailler avec le Rectorat pour suivre l'accès à l'emploi des gens qui sortent de l'Éducation nationale », y compris les décrocheurs. « On pourrait aussi davantage influencer Parcours Sup pour mieux intégrer les besoins des entreprises mais aussi du secteur public qui représente 20 % de l'emploi de la région ».

Quid de la volonté affichée par la Première ministre de conditionner le RSA à 15h à 20h de travail hebdomadaire ? « Je pense que c'est très bien », pense Pascal Blain. « Les difficultés de recrutement se surmontent en associant et en intégrant les personnes les plus éloignées de l'emploi ».

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