Dans le Sud, les liquidations d’entreprises sur le point de revenir au niveau d’avant Covid

Avec 4.039 chefs d’entreprises ayant perdu leur activité en 2022, Provence-Alpes-Côte d’Azur revient petit à petit à ses standards de 2019 selon une enquête du cabinet Altares. Mais la région résiste mieux à la tendance que le reste de la France.
(Crédits : DR)

Le quoi qu'il en coûte pour limiter les conséquences économiques du Covid commence à s'estomper. Et cela se remarque dans les liquidations d'entreprises, lesquelles ont augmenté de 25,4% en un an dans le Sud, selon l'observatoire de l'emploi des entrepreneurs de l'association GSC et la société Altares. Soit "4.039 chefs d'entreprise ont perdu leur activité professionnelle", indique l'enquête que révèle en exclusivité La Tribune. De quoi "laisser présager d'un retour aux niveaux d'avant crise dès 2023".

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"Mettre en avant ces chiffres doit permettre de sensibiliser les chefs d'entreprises sur les risques qu'ils peuvent rencontrer afin qu'ils puissent se préparer, en prenant une assurance notamment, et aussi montrer la situation aux politiques afin d'encourager la mise en place d'aides", souligne Thierry Millon, directeur des études chez Altares.

Une situation qui n'est pas catastrophique

Malgré ces données en hausse, le tableau n'est pas complètement noir. Car si la tendance est négative, elle est loin d'être catastrophique. C'est en tout cas ce qu'avance Thierry Millon, "le chiffre augmente, mais cela est a considérer par rapport à des années où il était au plus bas, et cela depuis des décennies", décrypte-t-il. Le point de départ était en effet inhabituellement bas. En 2021, cette même enquête affichait 3.222 liquidations, soit largement moins que les 4.843 de 2019 qui n'était déjà "pas une année horrible".

La sensibilisation à ce retour au réel est donc d'autant plus importante. Si la durée d'existence des entreprises liquidées n'est pas précisé pour la région, "elle ne devrait pas être très éloignée de la moyenne française". Le directeur d'étude indique d'ailleurs que sur le début d'année 2023, 40% des concernées ont moins de cinq ans. "Pendant trois ans, les chefs d'entreprises ont pu s'habituer à une protection plus forte avec des aides de l'État qui ont entraîné peu de fermetures", note Thierry Millon.

Une providentialité de l'État qui prend fin et qui pour ne rien arranger se mêle à un contexte inflationniste. Le secteur de l'agroalimentaire, très touché par le prix des matières premières et de l'énergie, enregistre une hausse des liquidations de 64%. "Les données régionales du premier trimestre 2023 montrent une hausse des défaillances dans tous les secteurs de 36%", constate d'ailleurs Thierry Millon. Ce qui laisse peu de doute quant à un retour aux niveaux plus habituels d'avant 2020.

Le Sud résiste bien

En Provence-Alpes-Cote d'Azur, le tendance est moins lourde qu'ailleurs puisque à l'échelle nationale le nombre de chefs d'entreprises ayant perdu leur activité augmente de 34,1%. C'est presque neuf points de plus que dans le Sud. "La région tire un bénéfice évident de son attractivité touristique", juge Thierry Millon. Si les liquidations dans le secteur de la restauration affichent une importante hausse de 43%, "c'est faible par rapport à d'autres territoires où cela double".

Autre point fort de la région, la construction qui n'enregistre que 7,3% de hausse de perte d'emploi pour les chefs d'entreprises. De manière globale, c'est le BtoC qui est le plus impacté à l'image du commerce de détail alimentaire (plus 45%). Tous secteurs confondus, les sociétés sont en très grande majorité des TPE. "77% des dirigeants touchés ont moins de trois salariés", précise Thierry Millon. Ce qui est assez logique puisque cela correspond au tissu économique du territoire.

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En revanche, il existe un contraste important selon les départements. Les Alpes-Maritimes s'en sortent le mieux avec seulement 10,9% de perte d'emploi en plus sur un an. A l'inverse, le Vaucluse est dans une situation plus préoccupante avec 44% de hausse. "La trajectoire est plus sévère avec 504 chefs d'entreprises impactés, ce qui est plus qu'en 2029", constate Thierry Millon. Pour ce qui est des Alpes-de-Haute-Provence (plus 102,2%), c'est surtout dû au fait qu'il s'agit d'un petit territoire avec des volumes faibles ce "qui donne des tendances fortes en pourcentage".

L'âge moyen des chefs d'entreprises impactés est de 48 ans. "Un âge où l'on a souvent des responsabilités de famille pleine et entière avec des enfants, des études...", souligne Thierry Millon pour insister sur l'importance de se préparer à éventuellement se retrouver dans cette situation. Il encourage également à se tourner vers des associations comme Second Souffle ou 60 000 rebonds pour ceux qui voudraient se lancer dans une nouvelle aventure.

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