« La réduction des émissions de Co2 est le sujet principal » (Patrick Pourbaix, MSC Croisières France)

Le premier avitaillement au GNL de son dernier-né, le MSC World Europa, 333 mètres de long, a été réalisé il y a quelques jours dans le port de Marseille-Fos par la branche Marine Fuels de TotalEnergies. Un exercice qui vise à montrer que le secteur des croisières, souvent décrié, n’est pas ignorant des sujets de décarbonation. Un chemin de verdissement que le directeur général France reconnaît être long notamment parce que dépendant des technologies disponibles et de leurs volumes. Outre le GNL, le MSC World Europa embarque également une pile à combustible au GNL, la compagnie revendiquant avoir atteint à ce jour une réduction de ses émissions de l’ordre de 35%, l’objectif zéro émission demeurant fixé à 2050.
(Crédits : DR)

L'image est forte pour plusieurs raisons. Déjà, elle démontre que le GNL, carburant de transition, est une réalité aussi pour le monde de la croisière, pas seulement pour celui des armateurs. Et en étant réalisé dans le port de Marseille Fos c'est presque un message pas si subliminal que cela, envoyé à ceux qui ne voudraient plus d'activité de croisières pour cause de dégradation de l'environnement.

Pour Patrick Pourbaix, le sujet n'est pas tant là mais plutôt dans la concrétisation des objectifs fixés. « Nous sommes des transitionaires hyperactifs ». Entendre par là, que toute solution menant vers la décarbonation est observée, expérimentée, adoptée si efficace. « Nous regardons tout ce se fait », confirme le directeur général de MSC Croisières France, rappelant que le groupe est avant tout une entreprise créée il y a une vingtaine d'années par une famille de marins et donc « profondément attachée à la mer », le sujet de l'empreinte écologique n'étant pas « nouveau pour le groupe ». L'avitaillement au GNL, réalisé le 22 avril dernier dans le port de Marseille Fos est donc un signal envoyé au monde maritime et bien au-delà afin de montrer que la décarbonation est en marche même si, dit aussi Patrick Pourbaix, « cet avitaillement n'est qu'une étape sur la longue route de la transition ».

Parce qu'il n'y a pas que le carburant...

Un avitaillement de 2.500 m3 de GNL qui s'appuie sur les rapprochements industriels, ici qui s'inscrit dans le partenariat lié avec TotalEnergies en 2021 - c'est Gas Vitality, le navire avitailleur du groupe qui a été en charge de l'opération - et qui prévoit la fourniture de 45.000 tonnes de gaz naturel liquéfié par an pour tous les navires de la compagnie faisant escale à Marseille.

« Le GNL, c'est 25% d'émissions de CO2 en moins », souligne Patrick Pourbaix, insistant sur le fait que c'est bien les émissions de dioxyde de carbone qui sont le centre des attentions de décarbonation.

« Le CO2 est le sujet essentiel car sur les autres sujets de décarbonation, nous sommes plutôt bons. Concernant les rejets de NoX (oxyde d'azote NDLR) et de Sox (oxyde de soufre NDLR) nos bateaux sont équipés de filtres. Concernant l'eau, 80% de l'eau potable est de l'eau de mer désalanisée, donc produite sur le bateau. Nous produisons 4 millions de litres d'eau potable tous les jours », indique le directeur général France de la compagnie qui rappelle l'incinération des déchets faite à bord et le recyclage des canettes également opéré pour être ensuite envoyé en usine tandis que les eaux grises sont passés sous UV afin de les débarrasser de toute bactérie pouvant toucher d'autres zones marines une fois rejetées.

Autant de mesures qui visent à atteindre, à temps, la volonté d'un zéro émission posée pour 2050. Volonté que la compagnie devrait concrétiser à 85%, 15% reposant sur des mécanismes de compensation. A horizon 2030, c'est 40% d'émissions en moins qui est visé et « sur ce point, nous sommes optimistes, nous pourrions même être en avance », indique Patric Pourbaix, assurant qu'a ce jour, 35% d'émissions en moins sont réalisées.

Des objectifs qui ne reposent pas uniquement sur le carburant vert. L'efficacité des moteurs - moins consommateurs - la révision des itinéraires, la vitesse - qui ne dépasse pas 14 nœuds, vitesse de circulation moyenne quand les bateaux sont capables d'atteindre 22 nœuds - le recours à des peintures sur coque à base de polymères qui permettent un meilleur glissement dans l'eau tout en empêchant les coquillages de s'accrocher participent à l'efficience globale et à des réductions de consommation.

Partenariats industriels

Dans un contexte de feuille de route de décarbonation, l'innovation est un sujet quotidien et le directeur général France de MSC Croisières insiste, tout est regardé et la co-réflexion comme le co-développement se font avec notamment les Chantiers de l'Atlantique d'où sont issus 18 des 22 bateaux de la compagnie. « Nos ingénieurs travaillent au jour le jour avec les chantiers ».

C'est ce qui a notamment permis de doter le MSC World Europe d'un pile à combustible, non pas à hydrogène, mais au GNL. « Un test en live » qui « fonctionne bien », un démonstrateur pour le moment qui fait la preuve du concept, produisant 150 KWatt, insuffisants certes pour une autonomie du navire - 10 méga Watt étant nécessaires - mais un démonstrateur qui prouve la faisabilité technique et ouvre des perspectives intéressantes concernant la pile à combustible à hydrogène. Une solution qui permettrait de s'affranchir du branchement électrique à quai, branchement prévu pour les bateaux de croisières à horizon 2025 à Marseille-Fos, peut-être d'ici 2024 au Havre. « Les solutions émergent véritablement », s'enthousiasme Patrick Pourbaix, qui estime cependant que tout n'est pas probant, le recours au solaire étant par exemple une solution qualifiée « d'insuffisante ».

MSC Croisières qui lance aussi une compagnie de luxe, baptisée Explora Journeys, laquelle sera dotée de 6 navires, les deux premiers fonctionnant au fuel, les deux suivants au GNL, les deux derniers étant destinés à être hybrides, équipés de pile à combustible à hydrogène. « Il faut rester optimiste par rapport au progrès qui pointe partout dans le monde. Nous arriverons à un moment où le secteur des croisières sera en avance par rapport à d'autres secteurs ».

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