Port de Nice : objet de reconquête urbaine… mais pas que

En annonçant non seulement la création d’un palais des congrès sur cette partie est de la ville mais surtout la reprise en régie directe, la Métropole Nice Côte d’Azur exprime clairement sa stratégie : le port est certes un élément de reconquête urbaine mais c’est aussi un levier économique que son président, Christian Estrosi entend gérer en accord avec sa vision. L’organisation de la conférence des Nations-Unies sur l’Océan en juin 2025 lui donne l’occasion de la déployer. Intégrant dans le projet la chambre de commerce et d’industrie jusqu’alors concessionnaire. Une façon de jouer l’apaisement en misant sur l’intérêt général et en insistant sur le renforcement du volet formation que gère l’organisme consulaire avec son Campus des Métiers. Pour le bien du territoire et son attractivité…
(Crédits : DR)

Dans un entretien accordé à La Tribune en février dernier et en réponse à une question sur l'avenir du Port de Nice, Christian Estrosi répondait « qu'il n'est pas question du Port de Nice mais de la façade portuaire. La Métropole dispose d'un réseau non pas de un, mais de huit ports ». Une façon de dire qu'il n'est pas uniquement question du bassin Lympia mais d'un grand tout qui doit raisonner en cohérence.

Une réponse qui disait peu et beaucoup à la fois. Sur le devenir de l'infrastructure portuaire, depuis plusieurs mois, le maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur avait plus que laissé entendre sa volonté de reprendre la main. La nomination d'Olivier Bettati en février 2022 à la tête d'une mission dédiée en était les prémices. Concertations ont été menés.

Un Port « lieu de vie »

Des éléments avaient émergé et été présentés en décembre dernier où le maire de Nice redisait bien la vocation du bassin Lympia a être un « port de commerce et un lieu de vie ». Pas un port industriel. En soulignant aussi dans l'interview, que le bassin Lympia ne résumait donc pas tout du portefeuille portuaire, Christian Estrosi laissant entrevoir la nécessité d'une stratégie commune ou tout du moins en cohérence entre les huit ports.

Ce 23 mars, l'annonce de la création d'un GIP entre la France, l'ONU, le Costa Rica et la Ville de Nice en vue de l'accueil de la conférence des Nations Unies sur l'océan a clairement changé la donne et le destin de ladite façade portuaire niçoise : la dimension de l'événement requiert un outil de gestion à la mesure des ambitions, ne serait-ce que pour que les infrastructures soient en adéquation, dit la Métropole. Et c'est donc un projet bien plus ambitieux qui a été annoncé. Particulièrement la création de cette structure de 10.000 m2 - alors qu'un Pavillon de la Méditerranée de 5.000 m2 avait été initialement prévu - pérennisé post-conférence de l'ONU et consacrée à l'accueil de congrès, avec salle plénière de 1.200 places et salles de réunion apportant 1.500 places supplémentaires.

Reprise en régie : au nom de l'efficacité

Un port qui pour l'heure - et depuis 1978 - est géré par la Chambre de Commerce et d'Industrie Nice Côte d'Azur. Une CCI qui n'avait pas forcément bien pris la volonté de la Métropole de reprendre la main sur le futur du bassin Lympia. Après explications - le contrat actuel n'est pas adapté aux ambitions de requalification ni à l'accueil du congrès des Nations Unis - c'est plutôt l'esprit collaboratif désormais qui est mis en avant : si, dès le 1er juillet prochain, la Métropole niçoise reprend en direct la régie du port Lympia, la CCI demeure un partenaire. Mais sur un autre point. De formation particulièrement.

Car dans la perspective de reprise en main, Christian Estrosi avait annoncé vouloir relancer la filière pêche. S'il était question de l'installation d'une grande criée qui serait l'occasion de promouvoir les circuits courts, la perspective de renforcer l'actuelle offre de formation du Campus des Métiers, positionné dans l'Eco-Vallée et qui a pour mission, en partie, de travailler sur les futurs métiers, pourrait ne pas être une mauvaise idée. A savoir, l'entité juridique qui liera désormais Métropole et Chambre consulaire sera finalisée, également, le 1erjuillet prochain. Parmi les sujets, a été évoqué un accompagnement sur le sujet, toujours délicat, du foncier. Mais on peut aussi s'attendre à un focus particulier sur l'ensemble des filières liées au monde maritime, sachant que la filière nautique emploie 3.600 personnes et représente un chiffre d'affaires annuel de plus de 700 millions d'euros.

Conseil de développement avec le monde maritime ?

Côté monde maritime, on a aussi pris acte des évolutions, à l'instar de l'Union maritime 06 et de son président, Nicolas Plumion qui se projette dans le long terme, estimant essentiel de travailler en concertation au développement économique du Port. D'où demande faite à Olivier Bettati de créer un conseil de développement au sein duquel l'Union Maritime 06, « apportera ainsi, comme elle l'a fait tout au long du processus enclenché depuis un an, son expertise pour adapter le port de Nice et son territoire aux futurstrafics, aux enjeux de développement durable et à la préservation de notre écosystème marin ». Une demande de concertation qui aurait été acceptée, dit Nicolas Plumion.

Quid du calendrier ?

Si les aménagements prévus, or Quai Infernet, demeurent à l'identique de ce qui avait été présenté en décembre dernier, y compris la végétalisation prévue au-dessus du futur palais des congrès, quel est calendrier et son phasage ? Sachant que tout doit être fin prêt pour juin 2025. Sur ce point, des précisions sont évidemment fortement attendues. Côté financement, pas de montant précisé non plus mais la charge financière sera assurée à 90% par les Nations Unies, la France et le Costa Rica. Resterait à la charge de la Métropole Nice Côte d'Azur, 5 millions d'euros.

Si quelques interrogations planent, d'autres insistent sur l'opportunité qui se présente. Ou comment changer la face du port de Nice - de toute sa façade portuaire, selon le regard de Christian Estrosi. La présence, à l'est de la ville, d'une structure d'accueil de congrès qui demeure dans le temps est bien loin d'être anodine. Elle renforce inévitablement celle que proposera à l'ouest, le Parc des Expositions. Deux lieux pour renforcer l'attractivité de la métropole azuréenne. Qui voudrait encore monter en gamme sur le sujet. Et qui doit faire face à une concurrence ardue. En jouant la carte d'un Port qui mêle transition écologique et économie, c'est un atout supplémentaire que Nice Côte d'Azur veut mettre dans son jeu. Mais, ça, ce sera pour après 2025...

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