Quand le refuge du Galibier redevient refuge, c’est bon pour la stratégie de tourisme itinérant

Cette institution des Hautes-Alpes, perchée à 2.556 mètres d’altitude, retrouve une seconde jeunesse avec l’arrivée de nouveaux propriétaires qui s'attèlent à réhabiliter le site fréquenté chaque été par un flux continu de touristes. En y ajoutant une offre hébergement, ils inscrivent le lieu comme un maillon supplémentaire au service d’un tourisme itinérant sur lequel mise la vallée de la Maurienne et son “plus grand domaine cyclable du monde”.
(Crédits : DR)

Chaque été, c'est un ballet continu de cyclistes, motards, randonneurs, touristes... Des milliers de personnes, qui se prennent en photo devant le panneau routier du col du Galibier, entre les départements des Hautes-Alpes et de la Savoie. Une fréquentation inhabituelle à 2.642 mètres d'altitude. Qui ne faiblit pourtant pas. En été 2020, ce sont 24.644 amateurs de la petite reine, contre 12.671 en 2019, qui ont franchi le col mythique de la vallée de la Maurienne. Laquelle, depuis 2010 et le lancement de sa marque territoire, "le plus grand domaine cyclable du monde", appelle à vivre la montagne en mode itinérance autour de multi-activités. Une tendance à la micro-aventure vagabonde qui correspond aux attentes nouvelles des touristes et dans laquelle s'inscrit Isabelle et Samuel Prévost, les nouveaux propriétaires du refuge de Galibier.

Un site patrimonial

Si le col du Galibier est un passage obligé de la route des Alpes, le refuge éponyme l'est tout autant. Située à 2.556 mètres d'altitude, c'est la dernière halte avant le sommet, et ce depuis 1938. A cette époque, la famille Motte, visionnaire, signe un bail emphytéotique d'une durée de 100 ans avec la mairie de Monêtier-les-Bains pour exploiter le site. Une première bâtisse est construite, dédiée à de la restauration. C'est l'époque des premiers congés payés, du développement de la ligne PLM (Paris-Lyon-Marseille) et du tourisme qui l'accompagne. L'activité prend et, malgré la destruction de l'édifice à la fin de la seconde guerre mondiale, elle perdure avec l'érection d'un second bâtiment en 1950, devenu au fil des ans et des montées de bus plein à craquer de touristes avides de grand air, une énorme boutique de souvenirs.

C'est ce site, partie intégrante de l'histoire patrimoniale du col, que la famille Prévost a repris en 2021 pour une durée d'exploitation de quinze ans. Son objectif : faire de ce refuge... un refuge. Il faut dire que le couple, originaire de Briançon, sait le potentiel du lieu, l'été bien sûr, "avec un flux permanent de passage, quel que soit le véhicule", indique Isabelle Prévost, mais aussi l'hiver et son potentiel sous-exploité, alors que le futur gîte constituerait "un des maillons qui manquent à l'itinérance randonnée reliant les Ecrins aux autres massifs". C'est donc dans cette approche que le couple s'attelle à transformer le lieu. Un premier investissement de 180.000 euros a permis de rafraîchir, de réhabiliter de façon écologique le bâtiment et de créer une cuisine aux normes afin de proposer une offre de snacking améliorée faisant la part belle aux produits locaux. Même réflexion quant à la boutique, avec la volonté de valoriser l'artisanat local d'une part, et de l'autre de développer une marque en propre designée en interne. Baptisée Galibier, elle propose une gamme textile, du t-shirt souvenir au maillot pour cycliste.

Course contre la montre

Reste désormais à finaliser l'offre hébergement. A cet égard, le couple est engagé dans une course contre la montre. L'objectif : finaliser les travaux avant le 1er juin, date de la venue de la commission de sécurité dont l'accord est impératif avant l'ouverture de la partie hébergement. L'idée : aménager trois chambres de quatre lits, deux chambres de deux lits, soit seize couchages au total sur un concept présenté comme intermédiaire, à mi-chemin entre le refuge et l'auberge, en mesure de correspondre à deux types de clientèle, les randonneurs et cyclistes d'un côté, les couples en balade de l'autre. Pour se faire, une campagne de financement participatif a été lancée sur la plateforme Ulule le 6 février dernier avec comme objectif de récolter au total 43.000 euros, dont 20.000 euros d'ici au 22 avril. "Au 23 mars, nous étions à 70% de ce premier pallier", précise la dirigeante. Laquelle vise, en année pleine (c'est-à-dire sept mois d'activité), un chiffre d'affaires de 350.000 euros, contre 220.000 euros réalisés lors de la seule saison estivale 2022, avec un hébergement limité à trois couchages. "C'est dire la marge de progression !" Et le potentiel pour le secteur du tourisme local...

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