« Nous avons une responsabilité dans l’accompagnement des évolutions sociétales » (Christine Fabresse, Caisse d’Epargne CEPAC)

Depuis un peu moins de douze mois, c’est elle qui préside aux destinées de l’établissement bancaire installé à Marseille, l’un des plus actifs du groupe BPCE, couvrant un large périmètre incluant une partie du Sud, la Corse mais aussi l’outre-mer ce qui la fait opérer sur trois continents différents. Une présence sur des territoires contrastés et confrontés aux mutations, sociales, climatiques, technologiques… Ce qui exige souplesse et adaptabilité. Mais le cap reste commun : conserver le leadership sur les filières immobilier, santé et green.
(Crédits : criscuolo)

C'est un peu un retour à la terre de ses débuts, lorsqu'elle démarre sa carrière bancaire à Avignon en 1987. Depuis presque un an, la voici donc de retour sur les bords de la Méditerranée, à la présidence du directoire de la Caisse d'Epargne-CEPAC après une incursion parisienne, notamment à la présidence du conseil d'administration de la Banque Palatine mais surtout en tant que directrice générale du groupe BPCE, en charge de la banque de proximité et assurance. Un Sud dont elle aime les contrastes, l'énergie et la créativité. La Caisse d'Epargne-CEPAC se porte d'ailleurs très bien. Après des résultats 2021 considérés comme exceptionnels, avec un PNB à 786 millions d'euros, le refinancement obtenu de la BEI pour un montant de 350 millions d'euros en fin d'année 2022 constitue un autre élément de sa solidité et de sa bonne santé.

Un cap, trois verticales

Mais si l'établissement bancaire performe, les défis n'en demeurent pas moins prégnants. Car le monde change, vite parfois, trop lentement encore pour d'autres, mais clairement le métier de banquier ne s'exerce plus comme avant et il ne faut pas y voir uniquement l'effet crise sanitaire.

« Il faut toujours challenger notre métier de banquier », estime Christine Fabresse. Accompagner le territoire dont on est issu, c'est accompagner toutes ses composantes, l'économie ne s'arrêtant pas au seul financement des entreprises. Car tout est dans tout.

Dans le sport, la culture notamment. Le mécénat sportif est d'ailleurs très ancré dans la stratégie du groupe BPCE. Qui est, pour rappel, sponsor officiel des JO 2024. « Le sport est un pont entre tous. C'est un vecteur de lien entre les communautés, les populations, les quartiers. C'est un lien fantastique pour l'intégration, y compris des jeunes femmes qui sont parfois renvoyées au regard qu'elles ont sur elles-mêmes. Le sport c'est bon pour la santé, l'équilibre, le mental. Et il véhicule des fondamentaux que sont le goût de l'effort, le respect des règles, le dépassement de soi... Ce que l'on retrouve également dans le monde de l'entreprise ».

Olympique de Marseille, Diagonale du Fou, Marseille-Cassis, rugby... sont soutenus au quotidien par la banque. La culture est un autre pilier d'engagement pour celle dont le nom s'affiche en grand au fronton de l'une des plus grandes salles de spectacle de la Cité phocéenne, le Silo. Le MuCEM, ce vecteur des cultures méditerranéennes né de Marseille Capitale européenne de la culture, en est un autre.

Challenger le métier donc, s'accompagne de responsabilité. « Nous avons une responsabilité pour accompagner les évolutions sociétales, il faut prendre notre part », dit la présidente de l'établissement qui revendique financer une entreprise sur trois et un habitant sur quatre. Et qui veut rester forte sur ces fondamentaux dont font partie l'immobilier - « nous finançons les professionnels, nous sommes également acteurs du logement social » - la santé - « nous finançons 100% des hôpitaux du territoire, là où d'autres se sont retirés » - et les énergies renouvelables - « nous sommes le deuxième financeur privé des EnR en France ».

L'innovation, un pilier intégré

Le sujet de l'énergie qui amène pour une part sur l'innovation. Hydrogène, biomasse... font naître des pépites et de nouvelles solutions. Les startups, comme l'innovation plus largement, obligent à considérer des business plans avec un autre regard que le regard habituel du banquier. « Il faut des personnes aguerries pour comprendre les modèles économiques différents », considère Christine Fabresse. « Et nous avons la chance de pouvoir le faire, grâce à des fonds propres solides, de l'ordre de 3,4 milliards d'euros ». L'innovation côté jeune pousse a d'ailleurs donné naissance en 2015 à Neo Business, une offre ciblée pour les jeunes entreprises innovantes. Et puis le regard sur l'innovation est multiple, il se fait au niveau national par la capacité de l'équipe dédiée à identifier un potentiel, mais il se fait aussi en soutenant les structures accompagnatrices comme les incubateurs. L'innovation qui est aussi celle qui sert le métier. Les fintechs ont, depuis plusieurs années, pris leur place dans le paysage financier. « Nous leur déléguons beaucoup et nous en intégrons un grand nombre. Elles constituent notre R&D, en quelque sorte », considère Christine Fabresse.

L'économie qui est aussi plus sensible à son environnement. Economie verte et bleue sont une façon de considérer son environnement, dans tous les sens du terme. Ainsi, un centre viticole a été installé à Avignon, prenant le prisme du vin bio. « Nous ne pouvons pas rester en dehors d'une filière qui se structure. Nous voulons être green inside ». Et puis, « nous sommes ultra-marins », souligne Christine Fabresse comme pour rappeler l'empreinte de la banque en outre-mer et son lien naturel avec l'eau. Autant dire que l'économie bleue n'est pas une découverte mais une thématique très intégrée, puisqu'elle recouvre l'économie portuaire, les transports, la logistique, l'accès à l'eau pour tous...

Un territoire « magique »

Les projets à financer - dans le Sud, comme en outre-mer - ne manquent pas, aussi pluriels et différents que les territoires qui les voient naître. « Quand on est banquier, on accompagne l'économie du présentiel, de la PME à la TPE, du commerçant à l'artisan. Les ETI, même si elles sont peu nombreuses, tout autant », note Christine Fabresse. Qui ne tarit pas d'éloges sur « l'énergie entreprenariale » qui habite les territoires et qu'il est absolument indispensable d'entretenir. Une énergie « vitale », précieuse à laquelle doit s'associer une intelligence collective. « Il faut comprendre l'écosystème, et pour cela, il faut en faire partie, afin de faire aussi partie de la solution ».

Energie, solution, écoute... c'est un peu la même démarche qui doit être portée envers la nouvelle génération pour dépoussiérer véritablement l'image d'un métier de banquier encore trop statique. « Nous devons définir d'autre manière de les manager et de les fidéliser. De manière globale, il faut redonner ses lettres de noblesse au manager », dit celle qui fut directrice des politiques RH groupe du Crédit Agricole SA. « Le RH est en train de se transformer. Les entreprises doivent réussir à se mettre dans un mode de grande agilité ».

L'agilité, le changement de mentalité qui conviennent à un autre sujet qui lui tient à cœur : la mixité. Avec un plafond de verre, parfois encore trop présent. Bientôt, la Caisse d'Epargne-CEPAC aura, elle aussi, son réseau de femmes, qui, en s'appuyant sur le mentorat notamment, pousse à briser les résistances, parfois auto-alimentées. « Il faut apprendre aux femmes à avoir de l'impact ». Le mentoring qui ne doit pas s'exercer uniquement en interne mais aller porter aussi la bonne parole ailleurs, là où les femmes « n'ont pas les codes, ne connaissent pas les règles du jeu un peu cachées ». Et s'il faut « de grandes politiques, il faut qu'elles soient accompagnées par des actes individuels ».

Et Christine Fabresse de redire à quel point le modèle coopératif permet de travailler sur le long terme. « Nous allons chercher de la profitabilité durable, c'est ce qui permet une stratégie de long terme. Nous devons encore davantage la nourrir Nous devons nous mettre dans une chaîne de valeur vertueuse ».

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