Dans le Sud, le Medef veut encourager la formation des seniors

L'organisation patronale estime que la réforme des retraites doit s'accompagner de mesures sur la formation des seniors. Elle souhaite une clause de dédit pour sécuriser l'investissement des entreprises. Une position du président régional Jean-Louis Maurizi qui a tout son sens sur le territoire compte tenu de la forte présence de PME.
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"Je suis le préfet de Région du Medef", sourit Jean-Louis Maurizi. A l'heure de parler conjoncture économique et avenir, le président de l'organisation patronale Sud présente logiquement un discours dans la lignée de celui de l'instance nationale. Il faut dire que le contexte autour de la réforme des retraites et l'inflation concerne la France dans son ensemble. Malgré ces turbulences, la situation globale reste pour l'instant positive. "Le PIB ralentit, mais la croissance est toujours là alors que l'Insee prévoyait un recul. Nous devrions éviter la récession", se satisfait Jean-Louis Maurizi.

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, le territoire a bien traversé les crises successives. L'antenne de la Banque de France régionale a d'ailleurs qualifié l'année 2022 de celle "de la résilience de notre économie". Le multi-filière est forcément un atout. "Le tourisme a très bien fonctionné et les projets d'implantations sur une zone comme Fos montre que nous sommes attractifs", ajoute Jean-Louis Maurizi. En faisant référence au record d'investissements étrangers dans la région en 2022, il salue au passage le travail du président de la collectivité Renaud Muselier "qui sait capter les financements européens dont il faut profiter pour faire revenir des industries".

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La résilience s'appuie aussi sur les différents dispositifs de l'Etat qui ont aussi bien aidé les entreprises. "Un dirigeant m'expliquait que 20% du coût de l'augmentation de son électricité étaient compensés", illustre le président du Medef. Un signal qui "rassure et montrer que nous sommes capables de nous organiser pour gérer un contexte international difficile".

Inflation et difficile augmentation des salaires

Surtout que la situation devrait revenir à la normale. "J'écoute le ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui dit que nous ne sommes pas dans le rouge et le gouverneur de la Banque de France qui explique que les banques centrales veulent maîtriser l'inflation avec des taux qui vont continuer de monter", avance le président du Medef Sud. Des prévisions qui donnent comme "espoir" un retour dès cette année à la barre des 2% à laquelle se situe l'inflation habituellement.

Malgré cela, la hausse généralisée des prix a bien eu lieu et ne va pas entamer de processus inverse. Il faudra donc désormais poursuivre l'activité avec ce niveau de prix. Pour les entreprises, cela signifie des matières premières qui coûtent plus cher et en parallèle le pouvoir d'achat des salariés qui se contractent. "Les dirigeants ont du mal à recruter, principalement sur les postes d'agent d'entretien, d'aide à domicile et ménagère", note Jean-Louis Maurizi. Ce qui passe par une augmentation des salaires ? "Pôle Emploi nous dit qu'il est difficile de recruter à 2.000 euros bruts mensuels", reconnaît-il mais pointe que "certaines entreprises peuvent le répercuter sur leur prix et d'autres pas forcément, notamment sur le secteur des services". Et d'illustrer ses propos avec la restauration collective "dont les discussions avec les collectivités sont difficiles".

Favoriser la formation des seniors

Autre sujet social du moment, le projet de réforme des retraites que Jean-Louis Maurizi qualifie également de "nécessaire" pour conserver le système de répartition. Il s'oppose en revanche à certains points comme l'idée d'un index senior, qui serait accompagné de sanction si l'objectif n'est pas atteint, car "personne ne sait ce qu'est un bon ou un mauvais taux".

Surtout, la réforme nécessite selon l'organisation patronale l'importance de mettre en avant la formation pour les seniors. "Si l'on veut les garder dans les entreprises il faut forcer sur ce sujet", prévient Jean-Louis Maurizi. S'il ne demande pas une aide financière comme c'est le cas pour les jeunes, il avance le cas "des personnes de 50 ou 55 ans qui ont accès à des formations via leur CPF mais qui parfois attendent pour s'en servir dans le cadre d'un usage qui aura lieu après leur retraite".

Pour lui, il ne s'agit pas de "demander des subventions ou des aides" mais bien "de sécuriser l'investissement que réalise l'entreprise dans la formation".  En clair, il s'agit d'appliquer au privé la clause de dédit formation, qui oblige un salarié à rester un certain au sein de l'entreprise qui finance sa formation.  Un sujet d'autant plus important en région Sud que "son tissu économique se compose de beaucoup de PME" souligne Jean-Louis Maurizi. Un profil d'entreprise qui pourrait particulièrement bénéficier de l'accord conclu entre le Medef et les partenaires sociaux sur le partage de la valeur. Un accord que "le gouvernement doit reprendre pour montrer son respect du dialogue social".

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