Ces chiffres qui confirment que le Sud est bien une terre d’industrie

Pas véritablement perçue comme une région industrielle, Provence Alpes Côte d’Azur est pourtant le berceau d’implantation d’ETI et PME dynamiques quand d’autres font le choix de venir y installer des unités de production. Une filière très diversifiée et qui n’est pas la dernière en matière de décarbonation. Une industrie qui dépose des brevets, exporte et investit. Et qui embauche aussi.
(Crédits : DR)

Sa valeur ajoutée et la part qu'elle prend dans l'économie régionale placent Provence Alpes Côte d'Azur comme la 5ème région française en matière industrielle. Une place qui n'est pas dans le podium de tête mais qui n'en n'est pas loin non plus, loin s'en faut et qui souligne que l'industrie dans le Sud est une filière qui compte, bien que le territoire ne soit pas toujours perçu sous le prisme industriel.

Avec 15 milliards d'euros de valeur ajoutée générée, l'industrie alpine, provençale et azuréenne réunie représente 10,7% de la richesse de Provence Alpes Côte d'Azur et contribue pour 5,71% à la valeur ajoutée de l'industrie française. Un poids qui compte et qui va au-delà de l'image d'Epinal qui colle à la région, tellement perçue sous son prisme touristique, que l'on en oublie qu'il n'y a pas que Fos-sur-mer comme représentation industrielle.

D'ailleurs, le tourisme lui-même relève bien d'une industrie. Mais cela est un autre sujet.

Confiance et inventivité, les raisons d'une industrie pas affaiblie

L'industrie dans le Sud qui se porte bien parce qu'elle sait s'ouvrir, à l'export, notamment, à 59%, mais aussi à l'innovation. D'après les données recueillies par Rising Sud, l'agence d'attractivité de la Région Sud, 63% des brevets déposés le sont par des entreprises industrielles. Car l'industrie rime aussi avec tech, numérique et inventivité.

Dans ce contexte, le chiffre d'affaires généré par la filière a augmenté de 13,9% en 2021 (versus 2020) et la capacité à aller au-delà des frontières également, à hauteur de 16%, sur la même période.

Une croissance qui va dans le sens de ce que dit régulièrement la Banque de France, où l'agilité et l'adaptabilité n'ont pas fait défaut, pas davantage qu'une certaine confiance car, malgré la hausse des coûts de production, les industriels poursuivent leur développement. Ainsi le taux d'utilisation des capacités productives s'élève à 81%. Un état d'esprit tout autant qu'un état de fait qui est validé également par des investissements soutenus, qu'encore une fois, la crise n'a pas remis en cause, au contraire. C'est précisément pour faire face aux sollicitations et afin d'honorer des carnets de commande pleins que les investissements ont, eux aussi, connu une courbe ascendante, croissant de 20,7% entre 2020 et 2021. C'est la fabrication de matériels de transport qui s'octroie, sur ce point, la première marche du podium, quand les industries alimentaires et agricole et la fabrication d'autres produits industriels s'arrogent les deux autres places du podium.

Une filière forte en emploi

Un ensemble d'éléments qui se répercute sur l'emploi. En douze mois, l'effectif salarié a cru de 2,4%, portant à quasiment 176.000 salariés - 175 933 très précisément - l'effectif régional. L'industrie innove - c'est même une constante qui n'est pas forcément vue de l'extérieur - et renforce son attractivité, notamment parce que l'industrie 4.0 est entré dans les mœurs et les usines et qu'elle s'appuie sur le numérique, la R&D étant un pilier de tous les segments. Ainsi, les données distillées par Rising Sud estiment que 24% des salariés de l'industrie disposent d'un diplôme équivalent à un bac+3 - ce qui est mieux que la moyenne nationale qui culmine à 17% - alors que 22% sont cadres - là encore un pourcentage au-dessus de la moyenne nationale, à 15%.

L'industrie qui, logiquement, parce qu'elle n'est pas épargnée par les besoins et problématiques de recrutement, embauche, la Banque de France ayant d'ailleurs relevé une tendance au renforcement des effectifs, l'industrie représentant tout de même 30,8% des offres d'emploi publiées au cours du 4ème trimestre 2022.

Des industries... et des industriels

Résistante et même plus que cela, énergique et pleine d'entrain, l'industrie du Sud est aussi diversifiée, ce qui incontestablement contribue à sa force. Si elle est perçue principalement sous le prisme de l'industrie qui s'est développée autour de Fos-sur-mer, ce regard réducteur occulte les parfumeurs de Grasse, segment qui est fortement exportateur notamment, ou encore l'industrie pharmaceutique, vétérinaire, de la santé, métallurgique, agro-alimentaire... qui constituent les membres d'une grande famille. L'écosystème - pour emprunter un terme au monde de la tech - sert également l'attractivité. On rappelle l'arrivée par exemple de Space Pharma à Sophia-Antipolis et l'investissement consenti d'un million d'euros pour développer les laboratoires spatiaux miniatures ou celle d'Euro Packaging Group à Port Saint-Louis du Rhône, voisine d'Eranova, avec qui elle a déjà des projets de co-développement. Helion Hydrogen Power, filiale d'Alstom et qui fabrique des piles à combustion d'hydrogène, est en phase de construction de son usine, à Aix-en-Provence, quand c'est à Marseille que Bellatrix cherche à relocaliser la production de ses vélos électriques Iweech, soit un investissement de 6 millions d'euros prévus. 12 millions d'euros c'est en revanche l'investissement consenti par Oreca pour le projet d'usine de 8.000 m2 que l'équipementier prévoit de construire dans le Var.

La décarbonation en phase accélération

Et puis, il y a le volet décarbonation. Qui mêle innovation et attractivité. Si le site TotalEnergies de La Mède a été l'un des premiers à être en phase de reconversion, accueillant notamment le projet Masshylia autour de l'hydrogène vert, projet porté avec Engie, ArcelorMittal lui a emboîté le bas alors que l'installation de GravitHy, projet de dimension européenne est la confirmation que l'écosystème est favorable à créer un ensemble plus consistant. On n'oubliera pas que c'est ici que Jupiter 1000 ou que PIICTO ont été en avance de phase en réfléchissant il y a bien longtemps, quand le verdissement de l'industrie n'était pas un sujet sous les feux de l'actualité, à ce que serait l'industrie à long terme. Et pas question d'oublier l'industrie maritime, qui s'est elle aussi préoccupée du sujet en amont, quand bien même d'aucuns continuent de la montrer du doigt. Où il ressort que l'industrie, au lendemain d'une crise qui a montré son besoin (parce que son manque) de souveraineté, est plus que jamais un pilier de l'économie, pas moins que le tourisme...

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