
Rofim, c'est l'une des pépites du territoire, société de télémédecine née en 2018 et qui repose sur 3 piliers, la téléexpertise, la téléconsultation et la RCP (pour réunion de concertation pluridisciplinaire NDLR). « Notre ambition est d'améliorer la prise en charge des patients sur tout le territoire » résume ainsi Emilie Mercadal, sa co-fondatrice et directrice générale.
Lorsque Rofim naît, la startup s'intéresse alors au partage de données et d'informations entre praticiens. Loin donc de la téléconsultation... Mais deux ans plus tard, les conséquences de la crise sanitaire qui bouleverse les habitudes et méthodes de « consommation » du pays et éloigne les citoyens des médecins va tout changer. Ce que confirme Emile Mercadal. « Le Covid a totalement bouleversé les us et coutumes, les mœurs de chacun. Nous pensons avoir gagné environ 5 ans d'usage ». Si donc, à l'origine, Rofim s'intéresse à la télé-expertise - c'est-à-dire le transfert de cas complexes entre praticiens - la jeune entreprise s'est très vite ouverte à la IRCP et la téléconsultation précisément parce que la demande terrain était là et bien là.
La santé, filière attractive
« Clairement, nous ne tendions pas vers cela », reconnaît Emilie Mercadal. Aujourd'hui, Rofim est une plateforme pluridisciplinaire et affiche sa volonté : pallier au quotidien des médecins, faire gagner du temps aux soignants, l'objectif étant d'améliorer le temps nécessaire pour poser un diagnostic.
« En étant sur le terrain, nous nous sommes rendus compte que ce qui sert le soignant, c'est une plateforme où il peut échanger avec son confrère, échanger avec son patient, se former... Rofim, c'est une unité de lieu. Nous avons donc totalement modifié notre trajectoire initiale ».
Plébiscitée de tous, particulièrement pour ses biotechs et ses hôpitaux, la filière santé constitue pour le territoire d'Aix-Marseille un socle solide qui sert l'attractivité, dont celle des talents. Mais le manque d'un grand industriel, a contrario d'autres régions - se révèle-t-il être un handicap ou un simple « trou » dans la chaîne de valeur sans pour autant remettre celle-ci en cause ? La réponse est plutôt positive pour ce qui concerne la directrice générale de Rofim qui reconnaît que la bonne structuration de cette filière constitue l'une des raisons pour laquelle la startup a décidé de naître à Marseille. Notamment aussi parce que son co-fondateur, David Bensoussan, chirurgien, est passé par l'AP-HM. « Nous avons une filière d'excellence dans les Bouches-du-Rhône, avec l'AP-HM donc, les startups... Nous avons un terrain fertile. Et il existe une envie d'aller plus loin ensemble. Le fait de ne pas avoir un grand industriel présent sur le territoire n'est pas un manque. En 2021, nous avions un problème d'attrait de talents. Désormais, les talents arrivent car il y a un effort commun, donc il ne nous manque rien ».
Après la raison d'être, l'entreprise à mission
Quand on est une startup en pleine croissance et que l'on participe à l'innovation de la France, estime-t-on que la Startup nation est un objectif nécessaire ? « Je dirais non », souligne Emilie Mercadal. « Par contre, faut-il qu'il y ait une Impact Nation, oui ». Et de rappeler que de nombreuses startups à impact éclosent avec la volonté de ne pas être uniquement focalisées sur le profit mais qu'est-il possible d'apporter en termes de modifications sociétales ». Une conviction qui pousse Rofim - déjà doté de sa raison d'être - de devenir prochainement entreprise à mission. Et c'est, « une suite logique. Nous nous présentions comme une entreprise à impact puis je me suis rendue compte que des statuts y correspondaient. Cela nous permet d'englober les collaborateurs et les protagonistes. C'est dire aux hôpitaux partenaires, allons ensemble vers la même mission ».
Financement : quand la décentralisation se fait - enfin
Quant au sujet du financement - jamais anodin quand on est une pépite - Emilie Mercadal souligne le rôle important des acteurs locaux, notamment Région Sud Investissement ou encore Orange Ventures, qui en faisant le choix de s'installer à Marseille, démontre l'intérêt du tissu de l'innovation provençal. La question, en filigrane, c'est faut-il aller à Paris pour se financer ? « Ce n'est peut-être pas aussi facile qu'à Paris, mais dans les années à venir nous devrions assister enfin à une décentralisation ».
Si elle a choisi Marseille pour voir le jour et grandir, Rofim explore d'autres territoires - elle était d'ailleurs en Guyane française - et est présente en Martinique, en Côte d'Ivoire, au Maroc, en Belgique. Et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. « Nous aimerions proposer aux pays en voie de développement des solutions d'accès au soin. Ce serait d'avoir des médecins qui offrent quelques heures de leur temps pour les endroits où il y en a le plus besoin ».
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Un acteur économique chaque semaine
Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Marseille s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.
La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.
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