
Certains prennent la route de l'entreprenariat par atavisme, sans vraiment se poser la question. Un peu comme si ça allait de soi. D'autres ont besoin d'emprunter d'abord les chemins de traverse avant de revenir à la chose. Charles Richardson est de ceux-là. Alors que la « logique » aurait imaginé qu'il suive les traces paternelles et familiales et intègre Richardson, l'entreprise spécialisée dans la distribution de matériel pour le bâtiment, dont le nom s'affiche encore sur le fronton du premier bâtiment du groupe au cœur de Marseille, Charles Richardson regarde ailleurs.
Executive search et business angelisme
Vers le cinéma. A 18 ans, son objectif s'appelle Femis et le concours qui lui permettrait d'entrer à pieds joints dans le 7ème art. Il n'en sera rien, du moins jusqu'à aujourd'hui. Ce sera plutôt gestion - une première expérience professionnelle dans la mode, à Paris auprès de Michel Vivien - puis un DEA de philosophie économique - ce qui convient particulièrement à ce curieux assumé - pour faire finalement ses premiers pas dans le monde des RH, chez Michael Page. C'est à ce moment-là que le virus de l'entreprenariat le rattrape. « J'avais, depuis quelques temps déjà, l'envie de créer mon entreprise ». Quelques mots paternels l'encouragent à passer à l'action plus vite que prévu. Et le 11 septembre 2009, Charles Richardson, entreprise dédiée à l'executive search et au conseil, naît. S'ensuit aussi Charly, orientée recrutement et intérim.
Cet idéaliste, tel qu'il se qualifie lui-même, va cependant faire « des erreurs, pensant que les collaborateurs aimeraient avoir leur propre réflexion », ce qu'il voit comme un avantage. Sauf que ce n'est pas le cas pour tous... Charles Richardson prend alors un peu de distance. Mais entre-temps, une autre activité est entrée dans sa vie. En 2013, alors qu'il est consulté par son père sur certaines prises de participation dans des entreprises qu'effectue la holding familiale, sa réponse un peu agacée sur le sujet lui vaut de récupérer cette tâche aussi délicate que stratégique. Et c'est ainsi que Charles Richardson effectue ses premiers pas dans le business angelisme. « Le sujet m'intéressait », avoue-t-il, il y plonge entièrement. Rejoint le réseau qui s'appelle alors Provence Business Angels où il apprend et où sa curiosité innée apparaît plutôt comme une jolie qualité.
Où il est question de savoir apprécier la notion de risque
L'année suivante on lui propose la présidence. Il accepte la vice-présidence. Puis la présidence en 2016. En 2019, celui qui s'appelle désormais Provence Angels devient le premier réseau dédié à l'amorçage de France grâce aux 3 millions d'euros investis. En 15 ans, 79 startups ont été financées à hauteur de 18 millions d'euros mobilisés pour financer à deux tiers un premier tour de table et pour un tiers une deuxième levée de fonds. Si 46 sont encore actives, 21 ont disparu du paysage économique. Un risque qui fait partie du jeu et qu'il faut accepter. En 2022, Provence Angels figure toujours dans le Top 5 des réseaux tricolores de business angels.
Preuve que dans le Sud, on sait faire preuve d'inventivité sous les palmiers pour reprendre une « boutade » bien connue des gens du Sud. Un Sud qui invente, innove, entreprend, créée. Le financement de l'innovation est d'ailleurs - entre une Tech secouée depuis quelques mois et une volonté gouvernementale de Startup nation - au centre des préoccupations. Lever des fonds, un exercice qui est désormais complexifié ? Et quid des critère ESG ? « Tout critère de discrimination inversé déstabilise un marché », estime Charles Richardson, qui cède la présidence à Christophe Baralotto dans quelques semaines. Provence Angels qui aimerait beaucoup féminiser davantage son équipe d'anges de la finance mais qui peine à susciter des vocations. Comme quoi, les torts sont parfois partagés...
Rêve californien
Mais le Sud et Aix-Marseille en particulier qui sont regardés plus que jamais avec les yeux de Chimène par bien des acteurs économiques, l'effet décentralisation poussé par la crise sanitaire ayant remis la métropole baignée par la Méditerranée et le soleil dans le scope des investisseurs. Et on n'en attend pas moins du Plan Marseille en Grand. « Le territoire est en phase de croissance, dans une étape de développement intéressante, avec des profils internationaux présents alors qu'il existe peu d'entreprises véritablement internationales », analyse celui qui observe à la loupe de l'innovation certes mais du recrutement aussi, la première métropole de France, Charles Richardson étant le seul cabinet du Sud de la France à faire partie du Top10 des cabinets internationaux.
« Si nous arrivons à structurer le niveau commercial à l'échelle régionale, prédit Charles Richardson, Aix-Marseille a tout pour être la Californie de l'Europe ».
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !