Pourquoi, contrairement à la tendance nationale, le Sud résiste à la hausse des défaillances d'entreprises

Le cabinet Altares signale une hausse exceptionnelle du nombre de procédures ouvertes au tribunal de commerce en France. Provence-Alpes-Côte d'Azur est la région qui résiste le mieux à cette tendance, hors Paris. Toutefois, le nombre de défaillance reste en-dessous des niveaux d'avant crise ce qui devrait entraîner un rattrapage cette année.
(Crédits : DR)

Malgré la forte hausse des défaillances d'entreprises, Provence-Alpes-Côte d'Azur s'en tire plus que bien. Dans cette région et en Ile-de-France, cette augmentation se situe sous les 40% indique Altares. Un chiffre qui permet de maintenir la moyenne nationale sous les 50%, selon le cabinet. Ce sont exactement 4.493 sociétés qui ont mis la clef sous la porte, soit une augmentation de 37,9%. A l'échelle nationale, ce sont 42.500 procédures qui ont été ouvertes en 2022, soit une "hausse exceptionnelle" de près de 50% par rapport à 2021. Un taux "jamais observé auparavant", commente le cabinet qui recense les procédures auprès des tribunaux de commerce.

Pour ce qui est du Sud, le directeur régional de la Banque de France, Jean-Christophe Ehrhardt explique ce bon score par "le tissu d'entreprises très varié du territoire avec notamment de l'industrie et des services. Pour ces derniers, les secteurs principalement touchés par les crises comme l'hôtellerie ou la restauration ont également été beaucoup soutenus". Autre élément, la présence d'entreprises de petites tailles qui "résistent mieux".

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2023, année de rattrapage

Toutefois, les procédures au tribunal de commerce devraient se poursuivre. "La courbe continue de monter", confirme Jean-Christophe Ehrhardt. Un effet normal, puisque malgré l'actuelle forte progression, le territoire "reste loin de la moyenne habituelle du nombre de défaillances". En effet, avant les crises successives ce sont autour de 5.000 ou 5.200 sociétés qui mettaient la clef sous la porte chaque année. "Or nous étions tombés à 3.000 en 2021", commente-t-il. Pour lui, l'année 2023 devrait retrouver le niveau de 2019 ce qui signifierait une nouvelle hausse comprise entre 10 et 20%.

Si l'augmentation cette année est aussi brutal, c'est bien car il s'agit d'un effet de rattrapage. "Le PGE a été accordé dans 97% des cas, aujourd'hui l'octroi de crédit revient à un niveau d'avant crise. Donc des sociétés qui ne seraient pas financées se retrouveront au tribunal de commerce", développe Jean-Christophe Ehrhardt.

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Future hausse des prix... et des salaires

Le PGE est intimement lié à la période du Covid-19. Depuis deux autres crises se sont succédé et mélangées : celles de la pénurie et de l'inflation. "Notre indicateur d'incertitude montre que les dirigeant arrivent à travailler avec ces contextes avec le temps", avance le directeur régional de l'établissement bancaire. Sur une base 100, la crise sanitaire a d'abord fait bondir cet indicateur à 400. Puis il est descendu progressivement. "Nous étions presque revenus à 100 avant la guerre en Ukraine", confie Jean-Christophe Ehrhardt. Juste après ce conflit l'indicateur était trois fois plus élevé pour être "aujourd'hui autour de 250".

Désormais, c'est le sujet principal est bien sûr l'inflation. Elle concerne les matières premières et l'énergie entre autres, mais les entreprises sondées par la Banque de France confirment qu'elles envisagent d'augmenter leur prix. "D'habitude nous sommes sur un ratio d'une sur dix, là c'est presque la moitié même si ça redescend un peu", confirme Jean-Christophe Ehrhardt. Dans ces perspectives, la hausse des salaires n'est pas non plus oubliée selon les études menées par la Banque de France. "D'habitude le ratio se situe à 2,5, là nous sommes à 6,4", avance le directeur pour qui "dans l'esprit des entreprises il faut cette augmentation". Une réponse à l'inflation, mais aussi à un marché du travail tendu. Car comme l'indique Jean-Christophe Ehrhardt "54% des entreprises disent pouvoir faire plus d'activité mais n'arrivent pas à embaucher".

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