« Aujourd'hui on ne dénombre pas plus de défaillances de PGE que de crédits classiques » (Nicolas Férand, Conseil de l’Ordre des experts-comptables Sud)

Entre une loi de finances très orientée énergie et écologie et des impôts de production en baisse qui ont pour but de donner de l’air et un contexte économique qui continue de chambouler la croissance des entreprises, le pilotage des TPE PME se complexifie. Et le rôle des experts-comptables auprès des dirigeants de devenir aussi un levier pour savoir s’y retrouver dans la forêt d’aides et de solutions à activer. Ce que détaille le président du Conseil de l’Ordre des experts-comptables de Provence Alpes Côte d’Azur.
(Crédits : DR)

A nouvelle année, nouvelle loi de finances. Chaque mois de janvier est synonyme de changements, de dispositions qui vont rythmer la vie des TPE, PME, ETI et grands groupes français. Une loi de finances pour 2023 indéniablement tournée vers la transition écologique, comme le souligne le président de l'Ordre des experts-comptables du Sud. « Cette année les grandes orientations de cette nouvelle loi sont plutôt tournées vers l'écologie et les économies d'énergie. Parmi les mesures on peut citer le retour du crédit d'impôt énergie pour les entreprises, qui sert à isoler les bâtiments tertiaires. On peut également noter une augmentation du seuil de l'impôt sur les sociétés qui passe à 42.500 euros pour le taux réduit à 15%. Il aurait été bien qu'il y ait une tranche à zéro, comme pour l'impôt sur le revenu, mais cela n'a pas été retenu, peut-être dans les années à venir, qui sait ? On peut également noter la possibilité pour les entreprises d'amortir leurs fonds de commerce. Ce qui peut être un avantage à court terme, pas nécessairement à long terme, car cela générera de la plus-value à la revente s''il y a revente évidemment », note Nicolas Férand.

L'apprentissage pour anticiper la carence du marché du travail

Ou on en vient à évoquer le sujet de la suppression de la CVAE, cette cotisation sur la valeur ajoutée qui fait partie des impôts de production dont le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait promis la baisse. Chose faite donc. Et « cela allège significativement la charge des entreprises. La CVAE représente tout de même quatre milliards d'euros de recettes pour l'Etat. Faire un geste de quatre milliards à destination des TPE PME, c'est quand même notable, il faut le souligner ».

Sujet ô combien stratégique pour les entreprises, celui de l'apprentissage est aussi contenu dans la nouvelle loi de finances. De quoi satisfaire les chefs d'entreprises, eux qui forment ces mêmes apprentis avec l'objectif, en finalité, d'en faire leur futur salarié. « Le dispositif est prorogé jusqu'en 2027, ce qui prend un caractère un peu pérenne. Cela montre que le gouvernement veut faciliter l'embauche des jeunes et surtout permettre éventuellement l'anticipation d'une carence sur le marché du travail. Cela fait partie des pistes et des curseurs qu'il faut bouger. On doit jouer sur la facilité à l'embauche ou sur la facilité pour former ou se reformer, car on a le droit de changer de carrière, de changer de vie au cours de sa vie professionnelle, qui va malheureusement se rallonger un petit peu. On n'a pas d'autres solutions que de donner des petits coups de pouce sur l'apprentissage. Cela peut permettre aussi de donner de l'attractivité à des métiers qui pourraient être un peu mal vus aujourd'hui », estime Nicolas Férand.

Les PGE, un remboursement sous surveillance

Le contexte économique fait aussi évoquer le PGE quand le PGE Résilience est lui-même maintenu par la loi de finances. Pas d'inquiétude outre mesure dit le président du Conseil de l'Ordre des experts-comptables, pour qui la seule crainte réside dans le fait que rembourser un PGE handicape d'autant la capacité à aller chercher un financement pour d'autres opérations structurantes. « Les PGE c'étaient des bouées de sauvetage pour permettre aux entrepreneurs de survivre dans un contexte particulier. C'est un système qui a fait ses preuves. Aujourd'hui on ne dénombre pas plus de défaillances de PGE que de crédits classiques. Il faut saluer le travail des banques. Elles ont joué le jeu. Aujourd'hui elles font le boulot d'établissements de crédits et donc surveillent que les entreprises puissent continuer à rembourser leurs crédits. Aujourd'hui c'est plutôt l'accès au crédit professionnel qui est plus compliqué du fait que beaucoup ont souscrit un PGE ».

L'expert-comptable, le « super-héros des chefs d'entreprises »

Entre crise sanitaire et crise énergétique, le rôle des experts-comptables s'est trouvé au centre du jeu économique. Souvent perdues, déstabilisées, penchées sur leur business et les mains dans le cambouis, les TPE PME s'en sont et s'en remettent beaucoup aux experts-comptables. « Cela nous aide à avoir une casquette de super héros pour nos clients, car cela sauve la mise bien souvent. Mes prédécesseurs ont dépensé beaucoup d'énergie pour nous remettre au cœur de l'échiquier et au cœur de l'économie et du territoire. Nous sommes des acteurs majeurs de notre région. Nous travaillons beaucoup là-dessus. Aller chercher les aides et les mettre en place, on sait faire. Souvent il y a des données financières et un jargon pas spécialement fait pour le grand public, de la part de notre législateur ». Et Nicolas Férand de répondre aussi à la ministre en charge des PME. « Mais quand j'entends la ministre Olivia Grégoire qui nous demande de faire gratuits les formulaires pour demander les aides, j'ai envie de lui répondre que nous, en régions, on est beaucoup à faire du prix coûtant, mais pas du gratuit. Ceux qui disent qu'un professionnel est cher ne connaissent pas nécessairement le prix de l'incompétence ».

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Marseille Business CROEC PACA Férand

Un acteur économique chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Marseille s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

BFM Marseille Provence : canal 30 de TNT Régionale, les box canal 284/516 (SFR), 375 (Orange), 362 (Bouygues), 916 (Free), sur bfmmarseille.com, en replay sur la plateforme gratuite VOD "RMC BFM PLAY" et l'application dédiée à télécharger.

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