Créations d’entreprises, défaillances, consommation locale… « tout ne va pas mal » (Colette Weizman, CROEC Sud)

Défaillances contenues, hausse des créations d’entreprises, consommation locale plébiscitée et un chiffre d’affaires des TPE PME de Provence Alpes Côte d’Azur qui affiche une croissance de 10,8% depuis le début de l’année… autant d’éléments qui confortent la présidente de l’Ordre des experts-comptables dans son analyse – « de tsunami il n’y aura pas » - et sa conviction : seule la solidarité permettra de traverser la période économique complexe qui s’annonce. Sur tous les sujets.
(Crédits : DR)

Elle a beau être une marathonienne, c'est pourtant bien le collectif que prône Colette Weizman. Un esprit d'équipe qui, pour la présidente de l'Ordre des experts-comptables du Sud, est la réponse aux diverses problématiques qui secouent en cette fin 2022, l'économie, avec par effet de ricochet, les entreprises.

Pourtant, les chiffres sont bons. Issus du baromètre mené par la profession elle-même, ils démontrent que depuis janvier 2022, les TPE PME, ces petites et moyennes entreprises qui constituent la grande majorité du tissu économique, continuent de performer. Pour preuve, la croissance du chiffre d'affaires de 10,8%, enregistré depuis le début de l'année et qui montre que ça va mieux qu'en 2021, en considérant la même période. « Tout ne va pas mal », constate Colette Weizman. « Malgré l'inflation, les tensions énergétiques... l'économie tient encore ».

Ne pas oublier les créations

Une présidente des experts-comptables qui n'a jamais cru, et ce dès le début de la crise sanitaire, sur le fameux tsunami annoncé maintes fois et pour l'heure, jamais avéré. « Le tsunami des défaillances d'entreprises n'aura pas lieu », répète celle qui a essuyé parfois, les commentaires de certains autres acteurs économiques, incrédules. Pourtant les chiffres, encore une fois, plaident pour une économie résistante. Ainsi, en 2019, devenue année de référence absolue, 8.840 entreprises étaient en difficulté. Elles sont au 31 octobre, 4.500 entreprises à l'être.

Un delta - et une bonne nouvelle - que Colette Weizman estime être une conséquence positive de ce qu'a engendré la crise sanitaire : une propension du chef d'entreprise, à être davantage dans l'anticipation, dans la prévention. Car les procédures collectives, elles, ont progressé. Un bon signe, qui « montre que l'anticipation est aussi une façon d'être en amont de cette économie qui bouleverse ». Une adaptation positive en quelque sorte.

Et puis, dit aussi Colette Weizeman, il serait bon de considérer pas seulement les défaillances mais aussi les créations d'entreprises. Des naissances de nouvelles sociétés qui sont bien supérieures si on les compare, encore une fois, à l'année de référence. Ainsi, alors qu'elles étaient de l'ordre de 41.000 en 2019, elles sont, en 2022, 48.000.

Remettre le travail au centre

Comment, malgré le contexte, expliquer ces bons résultats ? Encore une fois, par esprit de prévention. « La majorité des chefs d'entreprises ont mis leur PGE de côté. Il y a eu une véritable prise de conscience. Le PGE a sauvé de nombreuses entreprises, nombre d'entre elles l'ont déjà remboursé - peut-être un peu trop vite - car l'économie repartait sur une croissance à deux chiffres. Mais qui aurait pu prévoir la guerre en Ukraine, l'inflation », pointe la présidente des experts-comptables. Contrariée, cependant, par la situation de l'emploi. Alors que le plein-emploi est là, comment expliquer les 3 millions de chômeurs recensés en France ? Certes, « il y a des évolutions, des envies de reconversion. De nombreux salariés ont été dans la souffrance et cherchent à vivre autre chose », souligne Colette Weizman. Pour qui il faut impérativement changer de braquet et « remettre le travail au centre ». Pas sans intégrer, évidemment, les notions de RSE, de climat, de social... Et de redire que « tout le monde doit faire un effort, jouer le jeu... »

Où revient sur la table le sujet des titres de séjours accordés à des personnes venues d'autres pays, afin de combler les pénuries constatées dans diverses filières. Une solution que Colette Weizman estime bien pensée pour venir soulager les TPE PME parfois freinées dans leur développement par ce manque de main d'œuvre et de compétences. « Le risque est de geler leur développement ».

Et d'en rajouter une couche sur le consommer français, le consommer local. Un point que la présidente de l'Ordre estime levier essentiel dans le contexte actuel. Une façon de jouer esprit d'équipe, sur ce point aussi. « Je tiens au collectif car la sortie de crise sera possible si tous jouent le jeu, à tous les niveaux ».

Eviter la crise de foi

Comment appréhender aussi la gestion de l'énergie quand le sujet du moment concerne des questions de délestage et de coupures éventuelles d'électricité ? Le risque n'est-il pas de freiner, encore, le développement des TPE PME, qui cumulent, depuis presque trois ans, des embûches sur le chemin de la croissance ? « Je crois davantage à des effets d'annonce », estime Colette Weizman. « En France, la peur du gendarme est une façon de pousser à l'obligation. Je ne suis pas pour cette méthode mais je suis choquée par le manque de solidarité de certains ».

Lire aussi« Les entreprises doivent aussi faire confiance à l'intelligence émotionnelle » (Colette Weizman, Ordre des experts-comptables Sud)

Après près de quatre années de mandat - entamé à quelques semaines sur début de la crise sanitaire - quel regard la présidente du Conseil de l'Ordre des experts-comptables porte-t-elle sur l'économie, les entreprises, leur capacité d'adaptation, leur façon d'affronter les situations de déséquilibre ? S'il n'y a pas eu de changement en termes de typologie, « les TPE PME ont su se retrousser les manches, être créatives, réactives, combattantes et résilientes ». 2023 ? « Il faut continuer à jouer collectif », exhorte Colette Weizman, qui fait remarquer que même si la croissance du chiffre d'affaires des petites et moyennes entreprises continue d'afficher deux chiffres, celui-ci marque un peu le pas, puisqu'il était de 13% au 30 juin. Quelques points de moins pour cette fin 2022, donc. Un signal faible peut-être mais une raison de conserver la foi. Et aussi le sens du collectif.

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