En augmentant ses investissements de 26% en Provence Alpes du Sud, Enedis veut accompagner le développement des EnR et de l’économie

Si le contexte énergétique place le gestionnaire du réseau public de distribution d’électricité sous les feux ardents de l’actualité, pour autant c’est davantage l’anticipation qui dirige les stratégies d’investissement, notamment pour ce qui est des enjeux liés aux développements à la fois des énergies renouvelables et de l’économie. Avec des sujets, entre autres, de data centers, de maritime, de photovoltaïque et d’attractivité. Et un investissement consenti de 265 millions d’euros pour y répondre, comme l’explique Cédric Boissier, le directeur régional Provence Alpes du Sud.
(Crédits : DR)

L'énergie, cette denrée devenue si précieuse place le rôle d'Enedis encore plus au cœur de l'économie hexagonale. Gestionnaire du réseau public de distribution d'électricité, l'entreprise publique prend toute sa place dans les stratégies de décarbonation, d'alimentation d'équipements structurants et, plus largement, de développement économique.

C'est elle par exemple qui investit dans des postes sources, un équipement qui vient soit améliorer une qualité de fourniture d'électricité sur une zone donnée, soit permettre de nouveaux raccordements. « Nous aurons de nombreux postes sources à construire au cours des prochaines années, lié à la production EnR. Et quelques-uns sont là aussi pour permettre le développement économique. Qui est lié aussi au développement démographique », indique Cédric Boissier.

Des investissements, des choix stratégiques qui se font, explique le directeur régional Provence Alpes du Sud, en s'appuyant des cellules de prospective lesquelles identifient les zones où il y a du développement économique. Pour ce qui est des EnR, c'est un schéma directeur qui sert de boussole. « Nous disposons d'un comité des engagements qui s'appuie sur les études prospectives qui prévoient l'installation de telles entreprises, l'évolution de la démographie, l'augmentation de la consommation électrique. Nous possédons des équipes qui travaillent sur des schémas directeurs pour 5, 10 ans. Beaucoup de métiers sont chez Enedis qui possède à la fois la force d'une grande société et d'une entreprise de proximité. Notre boulot ce n'est pas simplement tirer un fil entre deux poteaux ».

Des investissements et des territoires

Au vu des enjeux qui attendent le pays, dans le très court terme comme le rappelle l'actualité, mais surtout dans le moyen-long terme, les stratégies s'adaptent. Et les focus sur les territoires aussi. Si les Bouches-du-Rhône, logiquement, drainent 70% de l'économie du Sud, pour autant le développement des EnR oblige à regarder ailleurs, notamment vers les départements alpins.

« Nous avons identifié plusieurs zones de croissance, dans les Bouches-du-Rhône, mais le développement prévisible et fort attendu des énergies renouvelables regarde vers les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes », prévoit Cédric Boissier. Des EnR qui sont centrales dans les décisions stratégiques.

« Nous prévoyons la création de 12 postes sources dans la région dans le cadre du schéma de développement régional des EnR, bâti avec RTE, qui va se développer autour de la Durance. Neuf concernent plutôt l'ouest du département, trois davantage l'est. Lorsqu'on considère les perspectives d'investissement, la consommation demeure stable. Ce qui va tirer les investissements ce sont deux volets essentiels : la mobilité électrique et le raccordement des EnR ».

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Former, recruter... le défi de l'attractivité des talents

Une évolution de la situation énergétique globale et des choix stratégiques de déploiement qui ne sont pas, évidemment, sans poser la question de la compétence. Un sujet toujours de tension, alors que le besoin est là, criant.

« Nous avons des activités cœur, comme le raccordement par exemple, pour lequel nous avons de gros besoins, que ce soit sur le réseau ou les postes sources. Il faut plus de gens pour les entretenir, pour les maintenir. Ça c'est le cœur de métier et nous sommes en croissance sur ces métiers. Puis il y a des métiers sur lesquels nous avons des complexités nouvelles. Auparavant, le système électrique reposait sur de grosses centrales, du réseau de transport RTE, des postes sources et dans ces postes, l'électricité était amenée jusqu'au client final. Ça, c'est le schéma d'avant. Car aujourd'hui avec les productions et notamment, sur dans la région, de production photovoltaïque, de petite taille, nous sommes dans un schéma complètement différent. C'est-à-dire que désormais, dans pas mal d'endroits, l'électricité ne va pas aller du poste source vers le client final mais des producteurs vers les postes sources. Donc, en permanence, nous allons devoir gérer des flux dans les deux sens. Et cela, en termes de compétences, demande des compétences nouvelles d'ingénierie, plus pointues, il va falloir avoir des compétences télécoms... »

Comment alors dans ce contexte recruter, former, attirer des talents, nouveaux ou en évolution ?

« C'est un vrai sujet, nous sommes contraints », reconnaît Cédric Boissier. « Pendant 20 ans nous avons été dans des phénomènes de réduction d'effectifs et là nous sommes passés sur un schéma totalement inverse. Et au moment où on passe au schéma inverse, nous manquons de ressources. Nous sommes contraints comme toutes les entreprises par la situation actuelle du marché de l'emploi. C'est un sujet de frustration ». Un sujet d'attention particulière, car la notion d'attractivité est évidemment primordiale. Une notion qui se travaille, un point sur lequel le directeur régional Provence Alpes du Sud est autant lucide que désireux de faire bouger les lignes. « Nous avons un travail à faire. Ce n'est de la faute des talents qui ne viennent pas, c'est à nous de les attirer. Il faut adapter nos politiques de recrutement, être plus attractifs, mettre en valeur nos métiers mais les adapter aussi à la nouvelle génération. Il faut donc accélérer le processus de recrutement. Mais nous avons aussi à former. Enedis réfléchit à une école de la distribution, qui permettrait d'accueillir des personnes avec un niveau donné et les emmener au niveau de compétences dont nous avons besoin pour nos métiers ».

De l'intérêt de la planification

L'énergie et tout ce qui a trait à son évolution, ses besoins exige de l'organisation. Le choix par l'Etat de faire de la région Sud un territoire pilote en termes de planification prend, pour Cédric Boissier, tout son sens. Et c'est surtout une démarche nécessaire. Quasi obligatoire. Notamment au regard des enjeux qui concernent des secteurs comme le numérique ou le maritime.

« On annonce 1GW de datacenters : il va falloir planifier cela. Il faut qu'avec RTE, les collectivités, les porteurs de projets, les services de l'Etat nous réfléchissions pour trouver les meilleures réponses. On ne peut pas amener un tel besoin électrique, sans planifier. On a commencé l'électrification des bateaux mais ce n'est pas fini, il existe encore de nombreux autres projets. La croissance du photovoltaïque dans le Sud est attendue pour être deux fois celle de la croissance française. 6,7 GW dans les 10-15 années c'est le double de l'existant. Nous sommes dans une région qui mène à une planification ».

Ce qui, lorsqu'on considère les installations d'ouvrages, pourrait mener à une autre façon d'accompagner le développement économique. Non plus en identifiant les zones de développements mais à l'inverse, installer des ouvrages dans des zones en potentiel. « Ça s'appelle toujours planification, mais l'approche est différente. Nous créons les conditions ».

Investissements durables

Où on en revient à la question de l'investissement qui va bondir de 26% dans la région. Un pourcentage pas anodin. « Nous allons injecter plus de 265 M€ d'investissements dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes. C'est considérable. Nous sommes parmi les investisseurs les plus importants de la région. Enedis structurellement c'est 4 milliards d'euros d'investissement par an. Nous allons passer à 5,5 milliards d'euros par an jusqu'en 2040 ».

Des investissements qui accompagnent l'augmentation de la consommation d'électricité - qui devient une source d'énergie plébiscitée et qui doit être disponible toute le temps et parce qu'il faut aussi prendre en compte l'obligation de résistance aux aléas climatiques plus fréquents, plus violents que par le passé.

« Aujourd'hui, toutes énergies confondues, la France représente 1.600 térawatt heure par an et l'électricité en représente 25%. Les pouvoirs publics ont pris des mesures pour que d'ici 2050, la consommation soit réduite de 40%. Ce qui mène à 1.000 térawatt heure par an et l'électricité, à cette échéance, doit représenter une part de 55%. Cette énergie il faut la produire. Ce qui signifie développement des EnR et du nucléaire. Mais cela signifie de la consommation supplémentaire et les réseaux doivent s'adapter ». Ce qui oblige à des investissements conséquents, en adéquation avec les besoins actuels et à venir. Une autre idée finalement d'une planification nécessaire, qui doit être structurée et non pas répondre dans l'urgence. Des enjeux pour l'ensemble du monde de l'énergie, où Enedis prend sa place plus que jamais. « Nous avons un devoir de performance de maintenance industrielle et de performance économique ».

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