Comment Géovélo accompagne les collectivités locales dans leurs politiques de mobilité durable

Elle travaille avec les Métropoles d’Aix-Marseille et de Toulon, avec le Grand Avignon comme avec une cinquantaine d’autres collectivités en France et en Europe. Installée à Tours, cette startup offre au grand public une application d’itinéraire à vélo gratuite et sans pub. Elle en extrait de nombreuses données qui permettent de mieux guider les politiques publiques en faveur des déplacements à vélo. Les aidant à répondre aux enjeux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
(Crédits : DR)

Malgré l'urgence climatique, difficile de se défaire de la voiture individuelle. En France, d'après l'Insee, 60 % des actifs habitant à moins de 5km de leur lieu de travail s'y rendraient en voiture. Par facilité. Par habitude. Ou par insuffisance du réseau de transports en commun.

A la place, le vélo pourrait être une option intéressante. Parfois plus rapide et surtout, plus écologique. «Si seulement 15 à 20 % de ces personnes devenaient cyclistes, cela permettrait d'obtenir une baisse des émissions équivalente à ce que pourrait absorber une forêt grande comme huit fois Paris », compare Ronan Bouquet, PDG de Géovélo.

Passer au vélo, certains y pensent, bien sûr. Mais ils se heurtent souvent à une crainte: celle de ne pas être en sécurité sur leur trajet. Rouler trop près des voitures ou être obligé de quitter les pistes cyclables. Chuter à cause de nids de poule ... C'est d'ailleurs de ce type d'inquiétudes que naît Géovélo. « Son fondateur, Benoît Grunberg, s'est rendu compte que selon les territoires où il allait, il ne trouvait pas l'information lui permettant de se déplacer d'un point A à un point B en toute sécurité, ni de se diriger ».

Une analyse selon plusieurs critères simultanés

Nous sommes alors en 2010. Le vélo est encore un sujet marginal et les outils d'itinéraires sont mono-critère, se fiant seulement à la distance ou au coût pour comparer des trajets.

En s'associant à Gaël Sauvanet, étudiant de Polytechnique, mordu d'informatique, Benoît Grunberg conçoit alors un outil mobilisant simultanément une trentaine de paramètres. Dénivelé, profil de l'utilisateur, équipement, sens interdits, vitesse de circulation .... « Nous avions dix ans d'avance », analyse Ronan Bouquet.

Mais pour que ce système fonctionne, il est impératif de puiser un maximum de données. C'est ce que permet le lancement d'une application d'itinéraires grand public, gratuite et sans publicité. Pour chaque utilisateur, Géovélo obtient des informations sur le tracé des trajets empruntés. De fortes vibrations ressenties par le téléphone permettent de détecter une voirie de mauvaise qualité. Les zones de freinage sont elles aussi perçues, signalant un danger. S'y ajoutent les contributions volontaires des utilisateurs qui peuvent indiquer, au moyen de commentaires, tous types d'anomalies sur la route.

Les données des utilisateurs au service des politiques publiques de mobilité

Afin de gagner la confiance des utilisateurs, l'entreprise fait le choix d'agréger et d'anonymiser les données. Et elle leur fait cette promesse : « Chaque kilomètre parcouru avec Géovélo est un kilomètre citoyen puisqu'il permettra de mettre à disposition des territoires des outils d'analyse pour améliorer la mobilité à vélo ».

C'est ainsi que l'entreprise se lance en 2018 dans la commercialisation de sa solution auprès des collectivités locales. Des collectivités particulièrement attentives. Car, que ce soit pour leurs habitants ou pour leurs touristes, « elles ont besoin de définir des itinéraires à vélo structurants mais manquent de base rationnelle pour le faire. Avant, elles dessinaient les pistes au doigt mouillé ». De sorte que malgré des investissements importants, celles-ci sont parfois très peu fréquentées faute de pertinence ou de continuité, du fait d'un éparpillement de la compétence entre plusieurs décideurs. Pire, les collectivités en oublient parfois l'existence.

Cartographie, analyse des flux et évaluation des solutions

Des enjeux particulièrement marqués dans la Métropole d'Aix-Marseille, cliente de Géovélo depuis deux ans. « Au début, la Métropole s'est montrée extrêmement intéressée par notre possibilité de cartographier l'ensemble de ses aménagements cyclables ». Ce qui constitue en général la première étape du service que la startup rend aux collectivités. « C'est un gros travail au cours duquel on arpente le territoire. On identifie les aménagement et on vérifie leur qualité afin que les décideurs en aient une connaissance pure et parfaite ».

Dès lors, s'ensuit un travail d'analyse des flux qui permet de comprendre les pratiques et besoins des cyclistes. Une étape qui vient d'être entamée avec la Métropole d'Aix-Marseille au sein de laquelle 5600 personnes ont utilisé l'application pour se déplacer à vélo depuis début 2022.

Et d'ici l'an prochain, Géovélo aimerait ajouter un troisième volet à son offre. «Nous faisons beaucoup de recherche et développement pour automatiser notre outil et proposer aux collectivités, grâce à l'intelligence artificielle, de comparer l'impact de plusieurs choix. Pour décider par exemple si, sur une zone de discontinuité de l'aménagement cyclable, il faut privilégier une piste complètement protégée des voitures, une zone de ralentissement, ou bien s'il faut bloquer un sens de circulation ... ». L'outil serait alors en mesure d'évaluer l'impact de chaque option en matière de fluidité du trafic, d'accidents, ou de remplacement de la voiture par le vélo.

650 000 utilisateurs avant un déploiement international

Peu concurrencée grâce à la largeur de son analyse qui cible en particulier des cyclistes urbains, amateurs ou débutants - ce qui intéresse le plus les villes - Géovélo, avec ses 650 000 utilisateurs, travaille pour 47 territoires français. Des clients venus spontanément à elle, de plus en plus soucieux de simplifier la pratique du vélo alors que se mettent en place les Zones à faibles émissions qui excluront les véhicules les plus polluants de 45 villes. Des ZFE qui vont de pair avec l'incitation à la pratique du vélo. « La Loi d'orientation des mobilités de 2019 oblige les entreprises à stimuler des communautés autour du vélo. C'est ce que les territoires font. Et c'est ce que les usagers attendent ».

Une dynamique dont entend bien se saisir la startup en amplifiant ses efforts commerciaux. « Nous nous adressons aux Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Or il y en a plus d'un millier sur le territoire. On peut en convaincre 400 ». Ciblant en premier lieu les communes de plus de 70 000 habitants.

Et les pistes de développement ne se bornent pas au territoire national. « Nous travaillons déjà avec Genève, Bruxelles et Barcelone. En 2023, nous allons partir à la conquête de l'Europe ». Cap ensuite sur les États-Unis et le Canada où l'entreprise -qui devrait être labellisée entreprise à mission dès l'an prochain- a bien l'intention de bousculer les habitudes.

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