Meilleure destination mondiale pour les événements, comment Cannes a pris le leadership

Après avoir été élue meilleure destination d’Europe, le 12 novembre, la capitale du 7ème art se retrouve sur le toit du monde événementiel. Un World Travel Award qui est loin de se résumer à une simple récompense qui fait du bien et satisfait les acteurs économiques concernés. Elle permet surtout à la Cité des Festivals de franchir un cap dans l'univers hautement concurrentiel du secteur du cinéma où tout est question de stratégie, de vision, d’anticipation aussi et un peu de risque.
(Crédits : DR)

La Cité des Festivals n'a jamais aussi bien porté son nom. Élue meilleure destination pour les événements et les festivals au monde, elle confirme ainsi largement son aura internationale, pour qui en douterait encore. Une récompense évidemment. Une reconnaissance assurément. Car Cannes n'est pas la capitale de la France. Cannes n'est pas une métropole, c'est un village de pêcheurs qui a eu la chance de servir de décor depuis presque huit décennies à l'un des rendez-vous les plus glamours et pailletés qui soit : le Festival du film. Un Festival de stars venues des quatre coins de la planète - la partie émergée de l'iceberg - mais aussi un marché du film, là où producteurs, distributeurs, programmateurs, cinéastes, réalisateurs, importateurs... se retrouvent pour des sujets business et développement. Et c'est très important, les sujets business et développement pour l'attractivité, au-delà des paillettes.

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Donner l'envie d'avoir envie

Un Festival qui a donné à Cannes la possibilité d'être vue aux yeux du monde entier et de tirer une expertise ensuite reproduite, adressant d'autres secteurs, les verticales immobilier (MIPIM), implantation commerciale (MAPIC), publicité (Lions), médias (MIPCOM), yachting (Cannes Yachting Festival), télé (MIPTV)... devenues des rendez-vous BtoB de référence.

Si Cannes a toujours été attractive d'un point de vue touristique, que celui-ci soit d'affaires comme de loisirs, parce que les éléments naturels y ont joué un effet appétent indéniable, il faut ensuite entretenir cette appétence, continuer à donner envie, surprendre, répondre aux besoins et, si possible, anticiper.

Et ça, ça relève moins de la boule de cristal que de la capacité à rester vigilant face à des tendances qui, souvent, se dessinent lentement, mais se devinent, ici et là.

L'une des plus grandes chances de Cannes a été ce que l'on considère pourtant comme un échec : ne pas avoir conservé le Mobile World Congress, congrès dédié à la téléphonie mobile, parti sous les cieux de Barcelone en 2006. Mais de cette mauvaise nouvelle, Cannes en a fait une occasion pour poser sa stratégie, l'affiner.

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Car le président de la SEMEC, la société d'économie mixte pour les événements cannois, qui gère le Palais des Festivals de Cannes, la locomotive économique de la ville, est alors... David Lisnard. Un président qui va apporter sa vision et introduire un terme qui accompagne la stratégie : le marketing territorial.

Plus question de baser le développement uniquement sur les opportunités qui s'offrent mais au contraire construire une histoire, accentuer les atouts, travailler sur les défauts, écouter les clients, écouter les professionnels dont l'activité - et donc la santé économique - est liée à l'événementiel, concerter, s'adapter, anticiper.

De la nécessaire modernisation

Il a aussi fallu moderniser l'outil central de Cannes : son Palais, autrefois appelé le bunker pour son esthétisme dénué de charme, qui s'est taillé, après 23 millions d'euros injectés, une nouvelle silhouette, extérieure et intérieure, faite de verre et de transparence pour un ensemble plus lumineux. Un Palais équipé désormais d'un Hi5 Studio, studio digital doté des toutes dernières technologies, innovation née de la crise sanitaire qui a obligé à penser l'événementiel en mode dématérialisé. Un Hi5 qui est désormais inscrit au catalogue du Palais. Le conserver dans un monde post-Covid a pu être considéré comme un risque. Il est aujourd'hui un élément d'attractivité à part entière.

Il faut maintenant moderniser La Croisette, ce boulevard légendaire, bordé des grandes enseignes hôtelières - elles-mêmes ont investi près d'un milliard d'euros pour demeurer attractives - et qui doit être à la hauteur de ce que l'on peut en attendre. 2,7 km et 170.000 m2 qui vont être modernisés, des espaces publics aux réseaux souterrains, avec système de thalassothermie intégré. 133 millions d'euros investis, quatre phases et une livraison en 2025. Cannes qui a un vaste plan de sobriété énergétique. Cannes qui a bien compris que l'on ne regarde pas que la mer et les palmiers mais que la dimension « durable » d'une destination est désormais un élément majeur. Sa taille humaine aussi. Le village mondial résume assez bien ce qu'est Cannes : une destination d'envergure internationale sans être une mégalopole étendue à l'extrême.

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Une stratégie « durable »

 "Ce que les organisateurs recherchent aujourd'hui, ce sont les destinations TGV, expliquait dans un récent entretien à La Tribune, Romuald Gadrat, dirigeant de Weyou, qui organise neuf événements à Cannes. « Un trajet Paris-Cannes en train, c'est 4 kg de CO2 émis, en avion, aller-retour, c'est 140 kg, sans compter le CO2 consommé par le car reliant l'aéroport et la ville. Beaucoup l'ont compris et s'équipent en conséquence. C'est sur cette problématique que se fera la prochaine course au tourisme d'affaires, et nombre de destinations, françaises et européennes, sont sur la ligne de départ."

A Cannes, on attend beaucoup aussi du nouveau directeur général du Palais des Festivals, transfuge de Viparis, Bruno DesloquesAncien directeur du Palais des Expositions Paris Nord Villepinte et du Bourget, sa connaissance des grands enjeux qui attendent l'événementiel démontre que le Palais déjà dans la phase d'après. Seule ville française à avoir obtenu un Travel Award mondial, Cannes amplifie sa notoriété face à ses concurrentes, Barcelone, Londres, Dubaï ou Singapour. Un leadership acquis avec la méthode. Que le prochain challenge sera de conserver...

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