« On peut être dans la métallurgie et pour autant ne pas être chaudronnier ou soudeur » (Marcel Ragni, UIMM06)

Alors qu’elle a retrouvé tout l’intérêt qu’elle mérite auprès des décideurs politiques et du grand public, alors que la réindustrialisation est nettement un levier de croissance, l’industrie fait aussi face à des défis, d’attractivité des talents, de compétitivité, de formation. Autant de sujets qui dessinent la feuille de route des années à venir, comme l’explique le président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie des Alpes-Maritimes.
(Crédits : DR)

11.000 emplois générés par les 200 entreprises adhérentes de l'UIMM06... Voilà pour le portrait-robot de la métallurgie dans les Alpes-Maritimes.

Une industrie de la métallurgie qui « a été fortement mobilisée pendant la période Covid et qui a permis de maintenir 31 % du PIB du département », rappelle Marcel Ragni, son président départemental, précisant que la métallurgie n'est, évidemment, qu'une partie de l'industrie. Chaudronnerie, soudure, automobile, éclairage... les métiers de la métallurgie sont multiples mais ils concurrent surtout à tout un écosystème industriel, lui-même extrêmement pluriel. « Beaucoup de métiers se rapportent à la métallurgie. Même si l'industrie n'a jamais été le fort du département - qui est davantage tourné vers le tourisme - la métallurgie se maintient et est assez performante ».

Et la filière - représentée sur le territoire par des grands noms tels Schneider ou Thales comme par des PME comme Résistex ou Ragni - est riche, d'autant qu'elle n'a plus rien à voir avec l'image que l'on a pu avoir d'elle. « Les métiers ont changé, les entreprises ont changé. La métallurgie c'était l'usine de Charlie Chaplin, aujourd'hui, ce sont plusieurs métiers au sein d'une même entreprise. Au sein de ma propre société (Ragni, basée à Cagnes-sur-mer et spécialisée dans la fabrication de solutions d'éclairage public NDLR) nous disposons d'une équipe de 25 ingénieurs au sein de notre bureau d'études. On voit les méthodes, la photométrie, l'éclairage... plein de métiers se développent autour de la métallurgie. On peut être dans la métallurgie et pour autant ne pas être un chaudronnier ou un soudeur ».

La réindustrialisation, une réalité ?

La période Covid et désormais les problématiques d'approvisionnement ont mis plus que jamais la question de la souveraineté sur la table. Ce qui pousse le mouvement de réindustrualisation, voulu notamment par l'Etat qui a consacré un Plan de relance spécifiquement à la filière. Pour autant, cette volonté se traduit-elle réellement, sur le terrain ? « Beaucoup d'entreprises réintègrent leurs productions. Certaines étaient parties en Tunisie, d'autres avaient choisi la Chine. Nous le voyons au niveau national, dans le département nous avons fait le choix d'être très territoriaux. Nous voyons beaucoup d'entreprises revenir sur le Made in France. Lors de la crise Covid, le président Macron a prononcé une phrase dont les inudustriels se sont emparés, celle qu'il fallait redonner une souveraineté industrielle à la France ».

Souplesse, réactivité, Made in France concourent à accompagner le mouvement de relocalisation voire de localisation. Le fabriqué en France qui provoque, souligne Marcel Ragni, le désir d'acheter tricolore, même chez le particulier, désormais davantage attentif à la chose. « Il y a une volonté de regarder les étiquettes, d'acheter plus français qu'espagnol, voire de l'international. Et un désir des entreprises de s'ancrer sur le territoire, surtout avec l'aide de l'Etat à la réindustrialisation ». L'Etat qui, via Bpifrance et son Big Tour, fait la promotion de l'industrie, notamment auprès des jeunes. Et on n'oubliera pas le mouvement French Fab, calé sur le modèle French Tech, qui contribue à faire porter un autre regard sur le fabriqué en bleu-blanc-rouge. Un tout qui crée le French Touch. Une touche française qui aide à l'export ? « Oui » répond Marcel Ragni. « La French Fab se vend bien et la French Touch se vend très bien. Se servir de cette French Touch pour investir à l'export et créer des entités dans d'autres pays », c'est aussi contribuer à la croissance.

Souhaiter la réindustrialisation c'est bien mais aider les entreprises au quotidien c'est indispensable. Et Marcel Ragni le souligne aussi, les élus locaux, quels qu'ils soient jouent le jeu. « Ils ont une volonté de faire connaître la région via l'industrie. Même si le tourisme apporte beaucoup, l'industrie est vaillante, performante - les carnets de commande sont pleins - la question du coût du transport permet à la France de se battre à nouveau, la baisse des charges a aidé également à la compétitivité ».

L'industrie du futur, pour gagner en compétitivité

Dans le même mouvement de performances améliorées et de durabilité, l'industrie du futur, plus numérique, plus verte, change la donne dans les entreprises et sur le marché. « On ne produit plus de la même façon. La robotisation enlève de la pénibilitéEt cela a permis de former les salariés à des métiers nouveaux, de gagner en compétitivité, face aux géants. Tout cela est du bénéfice, pour tous ».

On n'oublie pas davantage le sujet de la formation et de l'attractivité des compétences. Le projet d'une école qui permette la formation de spécialistes en électricité pour la maintenance industrielle est l'un des sujets que porte Marcel Ragni, désireux aussi de créer un show-room, démonstrateur des multiples métiers qui recouvrent l'industrie. « Avant on disait aux enfants, « si tu travailles mal à l'école tu iras travailler à l'usine ». Aujourd'hui, si tu travailles bien tu vas travailler à l'usine, car il y a beaucoup de métiers, dans le marketing, le numérique, l'administratif, la RSE, le RH... »

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Azur Business UIMM06

Un décideur économique, invité chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Celine Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

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