Ce que la hausse de la création d’entreprises dit de l’économie de la Côte d’Azur

A l’instar de la tendance nationale, la création et la reprise d’entreprises poursuit une tendance haussière, de Nice à Cannes en passant par Sophia-Antipolis. Un panorama qui rassure évidemment à l’heure où l’inflation et les préoccupations énergétiques troublent le quotidien des chefs d’entreprises. Des données – publiées par l’Obervatoire Sirius de la chambre de commerce et d’industrie – qui démontrent une capacité à s’adapter au nouveau contexte post-Covid, qui démontrent aussi que les femmes sont très présentes dans l’industrie mais que, sans surprise, beaucoup reste encore à faire. Et si la part des micro-entrepreneurs joue un effet d’entraînement global, ce sont bel et bien les PME qui tirent l’économie.
(Crédits : DR)

Il y a des données qui rassurent, d'autres qui surprennent ou alertent. Le contexte économique est évidemment friand de données qui permettent d'analyser, de prendre la température de la santé de l'économie, de tenter une projection à court terme, histoire de maintenir le gouvernail vers le bon horizon.

De façon générale mais peut-être un peu plus dans le contexte actuel, la création d'entreprises est un indicateur assez observé. Parce qu'il démontre une certaine confiance du chef d'entreprise, ce sentiment qui est lui-même très lié - voire dépendant - de la conjoncture.

Autant dire que les données publiées par l'Observatoire Sirius de la Chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur ont de quoi rassurer ou tout au moins nourrir l'espoir que difficultés d'approvisionnement, inflation et problématiques énergétiques ne mettront pas à mal les TPE/PME du territoire. Certes, les données concernent l'année 2021, c'est-à-dire cette année que l'on peut considérer comme de transition puisque post-Covid. Mais elles démontrent quelques éléments qui doivent servir pour la suite.

Provence-Alpes-Côte d'Azur, deuxième contributrice nationale

Ainsi donc l'envie d'entreprendre ne s'est pas érodée, bien au contraire. Si au niveau national cette dynamique s'établit à 17%, sur la Côte d'Azur, c'est 24,4%. 25% même si on considère l'ensemble de la région ce qui fait de Provence-Alpes-Côte d'Azur, la deuxième contributrice à cette bonne tenue nationale. Preuve que le tissu est vivace, pluriel et bien plus structuré que ce que laissent parfois envisager les images d'Epinal qui ont bien du mal à considérer que sous les palmiers on entreprend aussi et pas moins qu'ailleurs.

Dans les Alpes-Maritimes, 6.800 créations ou reprises d'entreprises se sont donc constituées en 2021. L'une des bonnes nouvelles concerne le profil de l'entrepreneur, majoritairement âgé de moins de 40 ans. La part des jeunes entrepreneurs qui croît d'ailleurs au fil des ans, ce qui semble démontrer que le regard sur l'entreprise s'est modifié, ce qui n'est sans doute pas étranger au phénomène des startups, cette typologie de jeunes entreprises innovantes étant désormais à la fois bien ancré dans le paysage entreprenarial mais épuré de l'engouement presque aveugle de ses débuts.

Sans surprise, les données démontrent que la part de femmes créatrice d'entreprises n'est que de 24%. C'est ce qui s'appelle posséder des marges de progression... A noter néanmoins et ce chiffre n'est pas anodin, que c'est dans l'industrie que la féminisation est la plus présente. Comme quoi, les images d'Epinal ont vraiment la vie dure...

Un engouement encouragé par la crise

Globalement donc, l'entreprise va. Les raisons sont évidemment multiples : la crise liée au Covid et la remise en question qu'elle a engendré à différents niveaux n'est probablement pas étrangère. Le phénomène startup, cité plus haut, a forcément participé à cet esprit de démocratisation, chassant l'image solidement ancrée qu'entreprise égale grand groupe quand, dans la réalité, c'est surtout petites et moyennes structures avec des dirigeants bien loin des problématiques de parachute doré ou de dividendes reversés. Dans une période de remise en question des habitudes et des fondamentaux, tenter l'aventure de l'entreprise ne fait (presque) plus peur.

Autre élément, la « simplification » engendrée par la loi PACTE - dont on rappelle qu'elle se nomme très précisément loi relative à la croissance et la transformation des entreprises - aurait joué un rôle, estime l'Observatoire Sirius.

L'entreprise qui se crée toujours dans les mêmes domaines, largement dans les services, secteur qui progresse de 27%. L'hébergement et la restauration figurent également sur le podium engrangeant un +9% entre 2020 et 2021, mais en recul de 5% si on considère le temps long. Un signal faible de la lassitude et des difficultés que rencontre actuellement la filière ?

La reprise, (trop) délaissée ?

Autre point qui interpelle et qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle, le nombre de créations surpasse celui des reprises. Si, globalement, c'est évidemment un signe positif, la question de la reprise /cession de fonds pose tout de même celle de la transmission de savoir-faire et expertises, ce qui n'est pas un sujet à balayer d'un revers de main. C'est peut-être là un point d'amélioration, auquel de nombreuses structures tentent de répondre, comme les plateformes Initiative, Initiative Nice Côte d'Azur en tête mais aussi précisément la CCI Nice Côte d'Azur qui dispose d'une bourse dédiée. On retiendra en exemple, le succès de la reprise de la « vieille » PME Maison de la Mousse, installée dans le cœur de Nice qui reprise depuis février 2019 par Julien Bounicaud et Juliane Costes est devenue une PME innovante, capable de précéder les tendances sans renier l'ADN d'une structure, qui précisément met en valeur des savoir-faire artisanaux.

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La micro-entreprise, contributrice des premiers pas

Autre léger bémol, la dynamique entreprenariale, au national comme sur la Côte d'Azur, doit beaucoup à la micro-entreprise. Ce statut, né en 2009, a toujours suscité un fort engouement. C'est souvent le premier pas pour tester un marché, une idée... Dans les Alpes-Maritimes, 40% des immatriculations sont des micro-entreprises. Reste que le taux de pérennité est plus fragile. Et que les options de croissance restent limitées ce qui plaide pour le recours à un statut de société plus classique. Car, au final, ce sont bien les TPE et PME qui construisent le tissu entreprenarial et la croissance. Lesquelles ont intégré largement dans leur modèle les notions de souplesse, de réactivité et de créativité. Bien utiles face aux défis conjoncturels qui secouent à nouveau l'économie et ses entreprises.

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