Décarbonation, souveraineté, emplois : les défis de l’économie bleue dans le Sud

Filière régionale d’excellence, l’économie de la mer dans le Sud surfe sur une vague prometteuse où les enjeux de souveraineté industrielle et énergétique, de décarbonation des transports et d’emplois sont appelés à créer de nouvelles dynamiques industrielles alors que la Grande Bleue renoue avec son champ exploratoire à grande échelle.
(Crédits : DR)

30 milliards d'euros. C'est le poids estimé de la filière maritime en région Sud et Occitanie, hors tourisme. 120.000, c'est environ le nombre d'emplois qui la compose, selon les chiffres de l'Insee datés de 2017. L'un comme l'autre place Provence Alpes Côte d'Azur comme la première région maritime de France. Certes, les crises récentes et actuelles ont laissé quelques traces, mais finalement peu ont perdu des plumes. Au contraire, la filière méditerranéenne surfe sur une bonne dynamique. En attestent les dernières annonces de Naval Group et d'ECA. Le premier, géant français de l'industrie navale, entend réaliser un investissement industriel majeur à horizon 2026 / 2027, de l'ordre de 140 millions d'euros, afin de créer un centre d'excellence dédié aux drones, systèmes autonomes et armes sous-marines à La Londes-les-Maures, dans le Var. Le second, filiale du groupe Gorgé basée également dans le Var, a opéré un rapprochement avec la pépite IXBlue pour constituer un leader dans les systèmes embarqués pour la défense, le spatial et le naval pesant 250 millions d'euros de chiffres d'affaires et valorisé à 800 millions d'euros.

Une filière, des filières

"En réalité, on ne devrait pas parler d'une filière maritime, avance Christophe Avellan, directeur général du pôle de compétitivité Mer Méditerranée, installé à Ollioules dans le Var et qui couvre toute la zone du Sud, Provence-Alpes-Côte d'Azur et l'Occitanie, mais d'une composition de filières liées au naval, à la défense, aux énergies, aux transports, à la santé, à l'alimentaire, à la logistique". Autrement dit, un ensemble d'économies maritimes qui s'inscrivent dans des logiques de développement industriel territorial et dont les perspectives se révèlent prometteuses. Il faut dire qu'en 2019, les projections européennes et mondiales multipliaient par deux, voire par trois, le chiffre d'affaires de l'économie bleue dans les cinquante prochaines années, sachant qu'aujourd'hui, ce dernier tourne autour des 1.500 milliards de dollars au niveau mondial. En toute logique, l'écosystème régional devrait en profiter, à condition de s'emparer des bons enjeux. C'est tout l'objet du travail mené par le pôle qui dessine actuellement sa feuille de route des quatre prochaines années autour de trois grands thèmes : la décarbonation du transport maritime, la souveraineté industrielle, énergétique, économique et l'emploi.

L'eldorado éolien

"Le changement climatique, la raréfaction des ressources, l'exacerbation des conflits montrent le besoin de renforcer nos outils de souveraineté, notre indépendance énergétique. Ce sont des domaines qui vont bénéficier rapidement d'investissements majeurs", reprend le dirigeant, citant l'exemple de l'éolien en mer. "C'est le grand eldorado des cinq à dix années à venir, indique-t-il. L'Etat a lancé cet été un appel d'offres pour la réalisation de fermes pilotes en Méditerranée. On parle de plusieurs centaines de millions d'euros." Or, le développement de cette énergie va entraîner toute une économie avec elle : "Il ne s'agit pas que de matrices ou de flotteurs, mais aussi de transport des éléments, de système de surveillance, de sécurité de l'avitaillement énergétique..." Des sujets forts, qui mêlent l'industrie du transport, de la défense et de l'énergie, sur lesquels l'écosystème régional s'avèrent bien dotés.

Autre exemple avancé par Christophe Avellan, la décarbonation des transports : "Au-delà des énergies alternatives comme l'hydrogène ou la voile, cela suppose des navires plus intelligents, plus connectés, plus autonomes, avec des systèmes de propulsion différents, des peintures innovantes. Des projets vont se développer, des prototypes voient le jour, ce qui implique aussi de transformer les chantiers traditionnels."

GPEC en préparation

Pour relever ces défis, il est toutefois des besoins à pourvoir, notamment en matière de ressources humaines. "C'est un vrai sujet dont s'empare le pôle", souligne le directeur. Des GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) sont en cours d'élaboration. La plus avancée concerne l'éolien flottant. "C'est une industrie qui s'installe et qui nécessite des ressources adaptées, d'où l'audit en cours auprès des acteurs industriels pour identifier les compétences dont ils ont besoin". Autres thèmes envisagés : la robotique, la maîtrise des fonds marins (un des dix objectifs majeurs du plan France 2030), l'intelligence artificielle ou encore la cyber-sécurité. "Je crois par ailleurs beaucoup, à titre personnel, aux emplois dans le domaine de la concertation. On voit bien que les projets développés font l'objet de discussions, de contestations. La nouvelle génération d'ingénieurs et de techniciens doit donc avoir des compétences techniques sur le milieu maritime mais aussi des compétences en matière de concertation pour que les projets avancent."

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