A Nice, entre transition écologique et business, le syndicat des grossistes alimentaires monte au créneau

Professionnels de l’ombre mais acteurs essentiels dans l’approvisionnement des filières de la restauration notamment, les grossistes alimentaires font face à de nombreux enjeux, autant de transition écologique, de transition alimentaire que de développement entreprenarial. D’où la création d’une organisation représentative pour défendre une activité au carrefour de plusieurs métiers.
(Crédits : DR)

Toute à la fois maraîcher, professionnel de l'alimentaire et transporteur, le grossiste c'est un métier en addition d'autres métiers. Multifonction en quelque sorte. Mais du coup, confronté aussi à plusieurs enjeux. Et non des moindres, telles la transition énergétique et la transition alimentaire. « On achète, on vend et on est transporteurs », résume Christophe Tripodi. Et le dirigeant de Cash Alimentaire du Sud-Est, PME de 49 salariés réalisant 16,5 millions d'euros de chiffre d'affaires de créer et prendre la tête du syndicat des grossistes alimentaires des Alpes-Maritimes. Une initiative portée également avec Laurent Balicco, le dirigeant de Balicco installée à Cannes et de Gilles Deloye, PDG du groupe Deloye Marée (CA 28 millions d'euros - 60 salariés) basé à Saint-Jeannet.

Devenir un interlocuteur écouté... et entendu

Un syndicat bien utile pour défendre mais surtout pour être reconnu comme interlocuteur des acteurs publics, qui impulsent des stratégies d'aménagement des villes et font appliquer des décisions politiques.

« Nous sommes transporteurs sauf que nous ne bénéficions pas des avantages dévolus aux transporteurs », souligne Christophe Tripodi, soucieux de montrer les situations ubuesques à laquelle sa profession est souvent confrontée.

Une profession pas davantage consultée lors de la pris de décision d'horaires de livraison autorisés, pas mieux interrogée ou même prévenue lors de travaux d'aménagement de routes ou de zones. Sans parler de la mise en place des Zones à faibles émissions (ZFE).

« En nous structurant, il sera plus facile de nous consulter », explique Christophe Tripodi. « Nous ne sommes pas dans la polémique ni dans la contestation. Nous sommes d'accord pour que les villes se réaménagent, car cela fait partie de l'attractivité du territoire et tous les acteurs économiques en bénéficient », précise celui qui s'est également investi dans l'association regroupant les commerces de la zone piétonne à Nice, expliquant justement combien le dialogue est nécessaire et sert les collectivités à dessiner et décider du bon aménagement. A Nice, c'est le dialogue qui va permettre l'installation de bornes de recharge électriques sur le cours Jacques Chirac pour permettre l'approvisionnement des établissements du Vieux-Nice, par exemple.

« Ce ne sont pas de quelques prises dont nous avons besoin mais d'un hub de prises. Il nous apparaît tout à fait normal que le tourisme soit pris en considération, mais pas au détriment de ceux qui contribuent à le faire, pas au détriment de la logistique d'approvisionnement. Et pas au détriment des entreprises qui consentent à des investissements », estime Gilles Deloye.

La mise en place des Zones à faibles émissions (ZFE) est un autre sujet qui peut inquiéter la profession. « Nous avons besoin de véhicules disposant d'une certaine puissance et qui n'a pas son équivalent en électrique », fait remarquer Christophe Tripodi.

Du challenge des transitions, souhaitées mais pas accompagnées

Des grossistes qui veulent participer à la transition énergétique mais qui se disent peu soutenus et accompagnés sur le sujet. Et il en va, par exemple, ainsi pour ce qui est des déchets. « Pourquoi ne pas convenir d'un service de collecte des déchets commun plutôt que chacun l'organise, tant bien que mal de son côté », rajoute le patron de Cash alimentaire du Sud-est qui a investi dans un compacteur à plastique pour répondre aux exigences environnementales. « Nous devons réfléchir ensemble à ce que nous pouvons faire en commun ».

Surtout que se pose un autre sujet de transition, celui de la transition alimentaire. Car les clients des clients des grossistes - autrement dit, les consommateurs finaux - ont de nouvelles exigences et de nouvelles habitudes de consommation, qui doivent être prises en compte à tous les niveaux. D'autant qu'il en va des entreprises de gros comme de nombreuses entreprises du secteur agricole et alimentaire : difficile de conserver le caractère familial et d'assurer la continuité des sociétés. « De nombreuses entreprises ne sont pas reprises par la nouvelle génération. Ainsi, 5% des producteurs de lait cessent leur activité chaque année ». Des disparitions qui reportent la charge sur les autres entreprises, tendant la capacité à répondre à la demande.

Un problème, une solution

On y ajoutera la question du foncier, plus que jamais point noir de la région, où il est difficile pour les entreprises de gros de trouver terrain pour s'étendre. Freinant, de fait, aussi leur développement et par voie de conséquence, la capacité, également, à répondre à la demande. Laquelle pourrait trouver une solution à ses besoins auprès d'entreprises étrangères, notamment italiennes. Une situation ubuesque pour le syndicat des grossistes alimentaires. Qui pose, aussi, le sujet de la formation. Estimant que leur métier n'est pas davantage considéré de ce point. Christophe Tripodi de rappeler que le nouveau Campus des Métiers, porté par la Chambre de commerce et d'industrie, pourrait apporter une offre... pensée avec les professionnels.

« A nous de faire remonter des idées, d'apporter des solutions », insistent Christophe Tripodi et Gilles Deloye, rappelant que la chaîne de valeur vaut pour l'alimentaire de gros comme pour l'économie. L'histoire d'un cercle appelé vertueux.

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